La PrEP, j'en pense quoi ?

22 Décembre 2015
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La prophylaxie pré-exposition (PrEP) a eu le feu vert de la ministre de la Santé en France en novembre dernier. Elle sera remboursée par la Sécurité sociale, début 2016. D’ores et déjà plusieurs consultations de PrEP ont ouvert dans des hôpitaux, d’autres suivront dans les futurs centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Cette décision française, une révolution en matière de prévention bio-médicale, pourrait faire école ailleurs en Europe. Pourtant elle intervient plusieurs années après la décision américaine d’autorisation de la PrEP. Outil complémentaire qui s’ajoute à la panoplie des moyens de prévention plus classiques, la prophylaxie pré-exposition suscite beaucoup d’intérêt. Ce n’est pas un hasard si l’organisation mondiale de la santé (OMS) ou l’Onusida ont rendu publiques leurs recommandations sur cette question, pas un hasard non plus que les experts du groupe Morlat aient publié les leurs. La PrEP fait débattre depuis des années, créant des tensions assez proches de celles qui s’étaient manifestées avec les premières annonces sur le Tasp. Ce nouvel outil de prévention sera très encadré et concerne prioritairement les personnes les plus exposées au risque d’acquisition du VIH, un cadre défini très précisément dans les recommandations françaises. Pour nombre d’experts, activistes, personnes concernées, cette décision est une très bonne nouvelle. De nombreuses personnes attendaient depuis longtemps un nouvel outil de prévention adapté à leur mode de vie. Et vous, qu’en pensez-vous ? Venez en discuter pendant le chat thématique, mardi 22 décembre à partir de 21 heures, en compagnie d’Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

En petit comité, un peu avant de fourrer la dinde pour le réveillon, le chat thématique exploré la PrEP (prophylaxie pré-exposition) : certains viennent pour s'en informer, d'autres le voient comme un sujet grave, ou qui secoue les neurones. Mis d'emblée en perspective avec l'utilisation du préservatif, pour les personnes séronégatives qui, temporairement ou de manière plus permanente, ne veulent ou ne peuvent utiliser le préservatif, (dont pour certains le nombre annuellement constaté de contaminations en montre les limites), et quand elles ont un doute, un rapport à risque, la prise du Truvada va apporter une protection par rapport à une exposition au VIH. On le distingue du Traitement Post-Exposition (ou Traitement d'Urgence), même si l'hôpital pourra comme pour le TPE en assurer le dispensation, et toujours dans le cas d'une prescription médicale. Bien que les visites, les analyses, les dépistages réguliers soient perçus comme nécéssaires dans le dispositif, la crainte d'effets secondaires attribués à la prise du traitement restent présents dans les esprits et l'impact à long terme sur l'organisme demeurer une inconnue, même quand on sait que les molécules récentes et prescrites aujourd'hui n'affectent plus l'organisme comme dans les années 1990 par exemple. On anticipe l'arrivée très prochaine de la PrEP, et sa prise en charge par la Sécurité Sociale, mais loin d'être une proposition généralisée à tous publics, on la voit plutôt s'adresser à des groupes à risque, au premier rang desquels les HSH, les Hommes qui ont des relations Sexuelles avec des Hommes, ou pour certains être destinée aux couples séro-différents (pour donner une  protection suppléméntaire au partenaire séronégatif, et particulièrement pour un couple voulant un enfant). Les autres IST (Infections Sexuellement Transmissibles) et l'hépatite ne doivent pas à l'occasion être occultées par l'arrivée de la PrEP dans le champ de la prévention : elle doit être vue comme un moyen, elle ne règlera pas tout, elle nécessitera un travail éducatif, un accompagnement, et les contraintes liées à son utilisation peuvent la rendre plus complexe que le recours au préservatif et la réserver de fait à une population en capacité de se l'approprier et la maîtriser, au-delà de l'aspect de son coût : la France a fait le choix dans un calcul "coût/bénéfice" de privilégier la prévention et rendre la PrEP accessible et gratuite. Certains déplorent à cette occasion que les pouvoirs publics n'investissent plus dans l'information et la communication, en direction des jeunes en particulier chez qui le risque lié au VIH est inconnu ou largement minimisé. Beaucoup gardent l'espoir que la PrEP devienne aussi accessible dans les pays moins "nantis" que les nôtres. Et ainsi, dans un cadre plus large des objectifs de l'ONUSIDA d'éradication de l'épidémie, la PrEP est considérée comme un moyen, un des moyens de la lutte.

Vous êtes invité-e-s à poster vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci, faire part de vos suggestions de thèmes que vous souhaiteriez aborder pour les chats de l'année prochaine.

Lors du prochain chat thématique, sur la prévention routière, un couple mythique, Bourvil et Louis de Funès, nous emmenera, à bord d'une Cadillac DeVille, sur les rives de la Méditerranée à la recherche du Youkounkoun, et de tout ce que recèle le concept de décapotable ...