L'annoncer à mon amour

30 Janvier 2018
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En 2013, à l’occasion d’une interview pour un 1er décembre, la psychologue Amina Ayouch Boda expliquait que "Le dire aux autres, c'est un peu se le dire à soi-même. C'est pour cette raison qu'on considère souvent l'annonce à l'entourage comme un bon indicateur de la manière dont la personne le vit intérieurement". Reste que l’annonce à l’entourage n’a pas toujours les mêmes enjeux que celle qu'on fait à son amour. Dans un contexte amoureux, parler de son statut sérologique quelques temps après la rencontre peut se révéler délicat. Il est alors recommandé de bien réfléchir aux raisons qui poussent à révéler son statut sérologique, à ce qu'on attend de l'autre, à la manière de présenter les choses et aussi choisir un moment propice. On peut s'inspirer de témoignages au dénouement heureux ou en discuter avec d'autres personnes vivant avec le VIH qui sont déjà passées par là. Et vous, où en êtes-vous dans l'annonce à l'être aimé ? Bonne ou mauvaise idée ? Quelles sont les raisons objectives de le dire ou de le taire ? La Disance amoureuse sera au cœur du chat thématique, mardi 30 janvier à partir de 21 heures en compagnie de Diane-Seronet.

Commentaires

Portrait de Tom Sawyer

Annoncer ou pas sa séropositivité ? A qui ? A quel moment? Comment ? Pourquoi et avec quelles conséquences ?
Nous nous sommes tous posé ces questions à un moment ou à un autre. La question du partage de la séropositivité dans sa globalité est complexe (pourtant souvent traitée de façon binaire : oui il faut le dire, non il ne faut pas le dire), car plusieurs facteurs sont à prendre en considération :la perception (voire la stigmatisation) de la séropositivité dans la culture, le pays ou le milieu dans lequel nous évoluons d'une part, des facteurs liés à l'histoire, au parcours, à l'acceptation de chaque individu par rapport au vih d'autre part.
Dans ce chat thématique nous avons abordé le sujet sous un angle très intimiste : l'annoncer à son amoureux-se.

Le débat s'est articulé autour des points suivants :
a) Comment on se positionne par rapport à cette question ?
b) Quelles sont les raisons de le dire ou pas ?
c) A quel moment et comment le dire ?
d) Quels facteurs pourraient faire évoluer les mentalités sur cette question et faciliter l'annonce? L'indétectabilité ? La non contamination ? Prendre le temps d'expliquer les progrès thérapeutiques, ce qu'est la vie avec le VIH aujourd'hui ?
 
Jetons un œil au profil des participants : des homosexuels et des hétérosexuels, marié-e-s ou en couple depuis longtemps au moment du diagnostic de leur séropositivité, ceux (celles) qui ont entamé une relation stable après avoir appris leur statut, et enfin des séropositifs récents célibataires en plein questionnement sur l'annonce.
 
Seben
A quel moment le dire ?
Il n'y a pas de bon moment ni de bonne méthode c'est propre à chacun, mais faut le dire dès le début de la relation.
Vaut mieux être fixer tout de suite.Mon conjoint connaissait déjà mon statut quand on a commencé à se fréquenter, je n'ai pas eu à lui annoncer grand chose. Bizarrement, même si il était au courant je l'ai repoussé, j'avais pas envie de lui imposer ma séropositivité. J'ai posé la question à mon conjoint, de son ressenti à l'époque, à priori il n'a jamais vu mon statut comme un obstacle.
Quelles sont les raisons de le dire ou pas ?
Pas le choix, si on envisage du long terme. On ne peut pas commencer une relation en cachant sa séropositivité. Ca fait partie de nous.
Quels sont les facteurs qui facilitent ou pas l'annonce ?
Son ouverture d'esprit et sa connaissance du sujet.
 
bob02
A quel moment le dire ?
J'ai connu ma femme en 1976, nous nous sommes mariés en 1980, je lui annoncé ma séropositivité dès que je l'ai su en 1998. Dur dur. Quand la personne lui dira "tu peux tout me dire".
Quelles sont les raisons de le dire ou pas ?
La franchise. Tu vois tout de suite si il est au courant. Facile si tu le dis, pas facile si tu le dis pas.
Quels sont les facteurs qui facilitent ou pas l'annonce ?
Le manque de connaissance sur le VIH aujourd'hui (même dans le milieu médical).
 
Elian
A quel moment le dire ?
Je suis avec un séronégatif depuis 10 ans. Je lui ai dit à notre première rencontre. Ca passe ou ça casse.
Nous avons eu des rapports non protégés au début, puis non protégés par la suite après consultation et avis médical (je suis indétectable). Le dire ou ne pas le dire la est la question perso pour moi c'est oui.
 
Tom Sawyer
Quelles sont les raisons de le dire ou pas ?
Pour une histoire sérieuse, pas le choix. Difficile de cacher les médocs, les analyses , …
Si les rapports sont protégés au début, ben le port ou non du préservatif finira par se poser.
Plus on tarde à le dire, et plus on mettra le/la partenaire au pied du mur, devant le fait accompli.
Quels sont les facteurs qui facilitent ou pas l'annonce ?
La réaction du partenaire peut faire peur. Il faut être prêt à accepter un éventuel rejet de l'autre.
Les homosexuels sont davantage au courant que les hétérosexuels sur les avancées thérapeutiques, même si l'annonce reste difficile, cette meilleure connaissance facilite l'annonce.
Les mentalités qui n'ont pas suffisamment évoluées sur le sujet.
La peur de la contamination malgré l'indétectabilité : manque de connaissance et d'information sur le sujet.
C'est aussi à nous (d'une façon ou d'une autre, pas de méthode unique ou miracle) de tenter de faire évoluer les mentalités. Si on attend sur les autres .. on peut attendre longtemps.
Les mentalités prennent du temps pour évoluer : il faut faire un travail d'information et d'éducation sur le VIH en profondeur et sur la durée.
 
bahwouri
A quel moment le dire ?
C'est bien de le dire à la première rencontre, tu gagnes du temps et l'autre ne perd pas de temps.
Cependant je ne souhaite pas me retrouver dans cette situation, j'ai eu à le faire par le passé et c'était très désagréable.
Le moment ne changera rien je crois, cela dépend de la façon dont notre amoureux-se l'acceptera ou pas.
Quels sont les facteurs qui facilitent ou pas l'annonce ?
Ca dépend du niveau d'instruction, de la culture. Le vih a une perception différente selon l'origine.
Peur que notre séropositivité soit divulguée.
L'indétectabilité/non contamination ne me rassure pas.
La pitié des autres.
Faut faire de grosses campagnes d'information et de sensibilisation.

louplyonnais
Le moment où le dire est important. Les personnes ne sont pas informées qu'il n'y a plus de risque, toujours de la méfiance.

luso
A quel moment le dire ?
Je ne suis pas pour le dire à la première rencontre, on n'a pas a arrivé avec une étiquette sur le front, après ça dépend de chacun , du contexte si on a déjà dialoguer auparavant via un autre support. La première fois je l'ai confié au bout de trois semaines.
Aujourd'hui je suis parfaitement à l'aise si je dois le dire, je ne calcule plus à quel moment je dois ou devrais le dire, cela viendra naturellement au détour d'une conversation.
On est tous d'accord sur le principe qu'il faut le dire, moi pas le premier soir mais il ne faut pas trop tarder non plus.
Je me suis aussi retrouvé dans l'autre position . Avant de devoir moi l'annoncer, j'ai eu un amant du temps où j'étais séronégatif et il me l'a annoncé au bout de deux mois. Surpris je lui ai dit : "tu aurais pu me dire avant. Il m'a très bien répondu : "tu ne me l'as pas demandé".
Quels sont les facteurs qui facilitent ou pas l'annonce ?
Se savoir indétectable aujourd'hui change la donne et incite peut-être à l'annoncer plus rapidement.
Des choses ont changé, le fait d'être indétectable est moins perturbant psychologiquement parlant. Moi à l'époque malgré le fait qu'on mette des capotes, j'avais une peur bleue que l'une se rompe et de contaminer la personne aimée.
Difficile la première fois, lorsqu'on vient juste d'être contaminé, et que tout est très frais, les émotions sont très présentes.
Il faut souligner que nous parlons d'un sujet qui reste de l'intime, on ne va pas le dire à tout le monde, mais à la personne aimée.

cbcb
Peut-être pas à la première rencontre, mais ça prend vraiment la tête de ne pas en parler. Pour moi, c'est une évidence d'en parler. C'est difficile de trouver le bon moment. Il m'a fallu plusieurs jours pour lui annoncer. On a toujours peur de contaminer l'autre.

guhe24
A quel moment le dire ?
C'est quand je prendrai des cachets que je vais lui soumettre après mes analyses.
Quelles sont les raisons de le dire ou pas ?
En Côte d'Ivoire les gens voient le VIH SIDA comme une grosse maladie et peuvent mal te traiter si ils le savent.
Quels sont les facteurs qui facilitent ou pas l'annonce ?
Que mon amoureuse le prenne mal. A part ma mère et ma grande mère personne n'est au courant.
L'entre-aide et la compréhension de tous atténueraient les peurs.
 
Pour conclure, voyons les grandes tendances qui se dégagent de la discussion.
Faut-il le dire ? Quand ? Pourquoi ? Comment ?
Oui il faut le dire. Le plus tôt possible car pas le choix dans le cadre d'une relation stable.
Comment ? C'est au cas par cas.
La peur de la contamination, le manque d'information, la culture, la peur du rejet de l'autre sont les raisons le plus souvent évoquées pour expliquer l'appréhension de certains-es d'annoncer leur séropositivité à leur partenaire.
Dans le cas contraire c'est l'ouverture d'esprit et la connaissance du partenaire sur le vih facilitent l'annonce.
 
Je vous laisse une petite brochure pour celles et ceux qui souhaitent approfondir le sujet
http://www.coalitionplus.org/wordpress/wp-content/uploads/2013/04/PARTAG...
 
Venez nombreux au chat mardi prochain : luso offre des madeleines et Diane a des dossiers à nous remettre.
 

Portrait de libellule33

bonjour à tous ! oui çà fait quelques  années que je ne pousse plus la porte de seronet. seronet qui m'a tellement aidé et m'a fait rencontrer des personnes formidables ! bref je dis dommage car meme si j'ai souvent parlé d'une façon très claire de 2011 à 2014 du fameux sujet : faut il le dire ou pas le dire ! mon point de vue était clair ! Pour moi, il était impossible de cacher quoi que ce soit ! porter le drapeau du criminel alors que l'on a tué ma vie en 1994 ! bon aujourd'hui pour en revenir à nos moutons c'est plus compliqué que çà !

je viens de reprendre contact avec mon premier grand amour ! 20 ans après ! j'étais pas bien veille (à l'époque) bon on s'en fout je sais ! ce qui nous avait séparé  EST  surement ce qui nous séparera encore aujourd'hui ! je m'explique.*

Il faisait son école de medecine et ces fameuses études nous ont séparées ou plutot sa famille a jugé bon de le faire ! en gros la medecine ou la fille ! bref ! on avait à peine 20 piges !

aujourd'hui Monsieur est un grand toubib, d'une grande notoriété et il ne connait rien de ma santé. et il se peut, je dis bien il se peut que mon histoire lui soit incompatible.

Pfff ! il se peut qu'elle dit !!! mais évidemment ! on le sait que le corps médical est le premier à nous dire de pas perdre confiance, que tout va bien que je suis indétectable et stable depuis des années ! Et tatati et blablabla..... mais bon y en a pas un qui se voit dans mon lit ! faut pas déconner non plus !! (appelons un chat, un chat quoi !)

bon en meme temps moi non plus !!

et puis cette personne a tellement compté pour moi ! il n'a pas l'identité d'un gas que l'on rencontre au hasard du chemin. celui là, meme si on est vraiment dans le flash, le désir, l'envie et que çà rate, on s'en fout mais alors on s'en fout ! ! mais LUI, celui que j'ai tellement aimé, avec qui je devais me marier ( oups quand j'y pense çà fait bizarre car je suis anti mariage ) bref LUI  "c'est pas pareil" !

ce qui est drole c'est que c'est pour cette raison en y réfléchissant que j'ai poussé ce soir la porte de séro ! et paf , je trouve ce sujet, et j'avais besoin d'en parler.

je sais aussi que meme si encore une fois, "la medecine" doit nous séparer pour des raisons de notoriété machin c'est que je ne dois plus rien regretter dans cette histoire! vous en pensez quoi vous ? Wink

Portrait de libellule33

conclusion et réponse : pas de suite
Ainsi va la vie... parfois çà passe parfois çà casse !
et bien çà casse ! j'ai encaissé pour la xieme fois ! 

Laughing