Levothyrox : nouvelle étape pénale

14 Mars 2018
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Le volet pénal du dossier du Levothyrox a franchi une nouvelle étape avec la désignation d'un juge d'instruction à Marseille pour enquêter sur les plaintes de milliers de malades de la thyroïde victimes d'effets indésirables de la nouvelle formule du médicament. Une information judiciaire contre X a été ouverte le 2 mars dernier pour tromperie aggravée, blessure involontaire et mise en danger d'autrui, a précisé (5 mars) à l'AFP le procureur de la République de Marseille, Xavier Tarabeux, soulignant que 7 000 plaintes ont été enregistrées. La plainte a été confiée à un juge du pôle de santé publique du Tribunal de grande instance de Marseille, la compétence de celui-ci s'étendant jusqu'à Lyon, siège français du laboratoire allemand Merck qui produit le médicament mis en cause. Trois millions de personnes prennent du Levothyrox en France, pour soigner l'hypothyroïdie ou après une opération de cancer de la thyroïde, rappelle l’AFP. En 2012 une nouvelle formule du médicament avait été réclamée par l'Agence du médicament (ANSM) au laboratoire Merck, afin de rendre le produit plus stable dans le temps. Arrivée sur le marché fin mars 2017, celle-ci ne portait pas sur le principe actif du médicament, mais seulement sur les excipients. Au 30 novembre, 17 000 patients, soit 0,75 % des personnes concernées, avaient signalé des effets indésirables de la nouvelle formule, selon un rapport de pharmacovigilance remis à l'ANSM le 30 janvier. Les effets indésirables ressentis par les utilisateurs du Levothyrox nouvelle formule — fatigue, maux de tête, insomnie, vertiges, douleurs articulaires et musculaires et chute de cheveux — sont identiques à ceux déjà subis par certaines personnes avec l'ancienne formule du médicament, avait précisé le rapport de pharmacovigilance. Mais "le nombre de signalements" de ces effets avec la nouvelle formule est "inédit", avait reconnu l'ANSM. Une pétition pour réclamer le retour de l'ancienne formule avait rassemblé plus de 170 000 signatures début septembre. Face à l'ampleur du mouvement, la ministre de la Santé Buzyn avait annoncé le 15 septembre que l'ancienne formule du médicament serait à nouveau disponible. Dès novembre 2017, Merck avait cependant précisé que l'ancienne formule, l'Euthyrox, ne serait plus distribuée en France au-delà de 2018. Sur le volet civil du dossier, une action collective a été engagée contre le laboratoire Merck, pour défaut d'information et préjudice d'angoisse. Le procès aura lieu le 1er octobre 2018 à Lyon. Au 15 février, date-limite fixée par le tribunal pour le dépôt des plaintes civiles, 4 115 dossiers avaient été enregistrés, indique l'AFP.