Migrants : l’État et Paris s'opposent

27 Mai 2018
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Le ministre de l'Intérieur a annoncé le 23 mai l'évacuation, "à bref délai", de près de 2 300 personnes migrantes vivant sur des campements à Paris, en rappelant sèchement la ville à ses responsabilités sur ce dossier qui oppose le gouvernement à la maire (PS) Anne Hidalgo, rapporte l’AFP. Face aux enjeux humanitaires "qui ne sont plus supportables pour les Parisiens", Gérard Collomb indique dans un communiqué avoir demandé au préfet de Paris et au préfet de région de préparer "une opération d'évacuation", qui concilierait "les exigences de mise à l'abri et de l'application du droit des étrangers". Autrement dit, un contrôle du droit au séjour pouvant déboucher sur une procédure d'éloignement. Il n’a pas donné de dates, ni de précisions sur les campements concernés par cette annonce. Du côté de la Ville, "on se réjouit que l'Etat assume enfin ses responsabilités en menant une opération de mise à l'abri" et qu'une "solution soit apportée aux migrants qui permettra de restaurer l'ordre public dans ce quartier". Cela fait des semaines que le gouvernement et la mairie de Paris s’échangent des remarques acides via des communiqués de presse ou des déclarations aux médias, sont en désaccord sur les procédures administratives à lancer, ce qui a conduit à un bras de fer entre les deux. Plusieurs campements grossissent depuis des mois dans le nord-est de Paris, notamment près du canal de Saint-Denis où près de 1 600 personnes vivent dans des conditions alarmantes, dénoncées par les organisations non gouvernementales, des responsables religieux et le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HRC). Du côté de la Ville de Paris, on avance que des campements se reconstitueront tant qu'une prise en charge satisfaisante ne sera pas proposée aux personnes "dublinées". Un autre point de discorde entre l’Etat et Paris concerne l'effort en matière d'hébergement de la ville, qui ne compterait, selon l'Intérieur, "que 2 % des places d'hébergement pour demandeurs d'asile" pour "40 % de la demande d'asile" en France. La Ville se défend, en rappelant que la capitale compte 34 % des places d'hébergement d'urgence de l'Île-de-France et "en fait beaucoup, comme la Seine-Saint-Denis, pour les mineurs isolés étrangers". Dans l'optique d'une opération de mise à l'abri, la maire a "proposé six sites permettant de créer mille places" d'hébergement pour personnes migrantes, notamment une aire viabilisée dans le bois de Boulogne, mais elle n'a pour le moment reçu "aucune réponse de l'Etat", selon la Ville.