Patricia, victime de violences policières

12 Février 2014
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Militante de AIDES, placée en centre de rétention, Patricia a été victime (10 février) de violences policières lors de sa procédure d'expulsion à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry. C’est ce que dénonce AIDES dans un communiqué de presse. "Ce lundi 10 février, notre indignation vire à la colère. La tentative d'expulsion vers le Cameroun de Patricia, militante de AIDES placée en centre de rétention depuis le 20 janvier, s'est transformée, ce matin, en réponse musclée et violente des agents de police en charge de son transfert. Nous demandons la libération immédiate de Patricia et appelons Manuel Valls à mettre un terme à des pratiques indignes d'un Etat de droit. Comme cela lui avait été annoncé la veille au soir, Patricia a été présentée à l'avion ce matin 10 février. C'est vers 5 heures qu'elle a été emmenée en cellule de transit avant d'être embarquée dans un avion pour Douala (Cameroun). Une fois dans l'avion et en état de choc, Patricia a manifesté sa détresse au commandant de bord qui a entendu sa demande et a refusé son embarquement", raconte l’association. "Les policiers sans doute agacés par ce refus ont fait payer cet "affront" à Patricia : en redescendant de la passerelle, elle a reçu un violent coup de pied et a chuté à terre. Alors qu'elle criait et pleurait, l'un des policiers lui a ensuite écrasé le genou avec sa chaussure à crampons. Toujours à terre, ils l'ont menottée sans ménagement entraînant des marques traumatisantes à ses poignets, et l'ont menacée de la placer en garde à vue. De retour au centre, les services de police ont refusé d'enregistrer sa plainte faisant état des violences subies". Les militants de AIDES, qui manifestaient devant le centre de rétention, ont pu lui rendre visite deux heures après les faits. Ils ont trouvé Patricia traumatisée, blessée et apeurée. Elle attendait de pouvoir voir un médecin pour faire constater les marques présentes sur son corps. "Alors que le gouvernement s'apprête à annoncer des mesures "facilitant l'intégration des personnes étrangères sur notre territoire" (sic), AIDES fait part de sa colère face à ces violences quasi-ordinaires, toujours perpétrées à l'abri des regards des associations et de la société civile. Nous demandons au ministre de l'Intérieur de prendre les mesures nécessaires pour que Patricia soit libérée et pour qu'une enquête soit diligentée sur ces pratiques inacceptables", conclut l’association. Une pétition (plus de 650 signatures) a été lancée en soutien à Patricia. L’affaire prend une tournure particulière puisque le préfet du du Rhône Jean-François Carenco a saisi (11 février) le procureur de la République à Lyon après les accusations de AIDES sur ces "violences policières". "Compte tenu de la gravité des allégations de l'association AIDES, je vous saisis au titre de l'article 40 du code de procédure pénale afin de déterminer la réalité des faits ou leur caractère mensonger", écrit le préfet dans une lettre au procureur. "Placée au sein du centre de rétention administrative (CRA) de Lyon après ce refus de transfert, l'intéressée n'a pas attiré l'attention des fonctionnaires de police et ne présente pas de lésions manifestes et apparentes de violences récentes", écrit le préfet au procureur, précisant que la jeune femme a "été vue par un médecin au sein du CRA", indique l’AFP. Le préfet précise encore qu'"à cette heure, aucune plainte n'a été déposée" par la jeune femme, ressortissante camerounaise. Selon lui, "des visiteurs se réclamant de l'association AIDES ont pu la visiter durant la journée de lundi" et "ni ceux-ci ni l'intéressée ne se sont ouverts d'un quelconque problème auprès des personnels du CRA", ajoute le préfet. A suivre.