Pénalisation de la transmission du VIH et préservatif

14 Février 2016
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Une étude comparative américaine s’est penchée sur l’impact en matière de prévention des lois qui criminalisent la transmission du VIH. En comparant les Etats américains où existent de telles législations et d’autres où elles sont absentes, des chercheurs ont observé un impact très faible sur l’utilisation du préservatif, voire un effet pervers. Les hommes qui pensent vivre dans un Etat où la transmission sexuelle du VIH est pénalisée ont, très légèrement, davantage tendance à avoir des rapports sexuels non protégés par un préservatif, rapportent les scientifiques dans la revue "Aids & Behavior". 68 % des répondants rapportent des relations sans préservatif dans les trois derniers mois. Et 17 % de ceux qui pensent qu’une telle législation est en cours dans leur Etat rapportaient plus de relations sexuelles sans latex que ceux qui en doutaient. Les chercheurs l’expliquent par la présomption de ces hommes, sachant ces lois en vigueur, que ces dernières découragent les séropositifs d’avoir des rapports sans capote. Et par extension d’avoir une perception biaisée et s’exposer ainsi davantage à des pratiques à risque, comme la sodomie. Ces données proviennent des 2 013 réponses d’homme gays à un questionnaire en ligne de 2010. De précédentes études avaient également montré que ce type de lois répressives n’avait pas d’impact positif sur le dévoilement du statut sérologique par les personnes. Ce qui fait dire aux chercheurs que "toutes les lois de santé publique restreignant les libertés ne se justifient seulement si elles permettent d’atteindre leurs objectifs", ce qui n’est pas le cas ici. Et ces derniers de demander "plus d’efforts pour informer le législateur et le public de l’inefficacité de ces lois dans la dissuasion des comportements à risque pour le VIH". Les Etats-Unis sont le pays qui condamne et enferme le plus les personnes vivant avec le VIH pour transmission, voire simple exposition à un risque de transmission, même quand celle-ci n’a pas lieu. Ce principe d’exposition revêt parfois un caractère absurde, quand des lois de certains Etats criminalisent le simple crachat, alors qu’il n’y a aucun risque d’infection.