Pharmacie, ville ou hôpital ?

11 Octobre 2016
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Aujourd’hui, deux systèmes de dispensation des médicaments existent : les pharmacies de ville et les pharmacies hospitalières. Les pouvoirs publics ont lancé une réflexion sur une possible évolution de la délivrance hospitalière des médicaments VIH, VHB et VHC. C’est le ministère de la Santé qui a lancé ces discussions qui entrent dans le cadre d'une réforme globale de la rétrocession. La rétrocession, c’est lorsqu'une pharmacie à usage interne à l'hôpital délivre, selon certaines règles, des médicaments à des patients ambulatoires, c'est-à-dire non hospitalisés. Un groupe de travail, comprenant notamment des représentants d’associations de lutte contre le VIH et les hépatites virales, se penche sur le sujet. Aujourd’hui, certains médicaments ne sont distribués que par les pharmacies hospitalières comme les antiviraux à action directe (AAD) contre le VHC, par exemple. Une éventuelle remise en cause de la double dispensation actuelle fait débat. Sont notamment à prendre en compte différents paramètres comme la distance géographique, la confidentialité, la mise à disposition d’un programme d’ETP (éducation thérapeutique du patient), la question des PASS (permanences d'accès aux soins de santé), les risques de ruptures d’approvisionnement, etc. Et vous, où prenez-vous vos médicaments ? Préférez-vous la pharmacie de l’hôpital ou celle de votre quartier ? Si les ARV n’étaient plus délivrés que dans les pharmacies de ville, est-ce que cela vous poserait problème ? Venez en parler pendant le chat thématique, mardi 11 octobre de 21h à 22h, en compagnie d'Ernesto.

Commentaires

Portrait de ernesto-seronet

Une dizaine de personnes pour ce chat posant la question du choix entre pharmacie hospitalière et pharmacie de ville. Les pratiques et les préférences s'équilibrent (à la différence du sondage qui donne un net avantage à la pharmacie de ville). C'est l'argument de la discrétion qui est le premier mis en avant, plutôt en faveur de l'hôpital. Etre reçu individuellement, dans une cabine en toute confidentialité (et pouvoir pour certains patients se débarrasser sur place d'emballages trop visibles et interprétatifs dans la poubelle de son immeuble). Une officine dans une petite ville ne permettra pas forcément cette confidentialité, même si on reconnait que les pharmaciens sont tenus au secret professionnel, une crainte persiste, et la possibilité  de voir ses traitements étalés sur le comptoir représente un risque de rupture de confidentialité. Cependant certains pharmaciens, malgré le récent bannissement des sacs, prennent la précaution de les délivrer dans des sachets. Par aillleurs, même si pour beaucoup, partisans de l'hôpital, en vérifiant le reste de traitements et en anticipant son renouvellement l'argument des heures d'ouverture ne saurait intervenir, le critère de la disponibilité va pour d'autres orienter le plus souvent vers la pharmacie de ville : les plages horaires et les jours étendus dans la semaine (la dispensation hospitalière un samedi s'avérant impossible), la proximité, et la possibilité de se faire livrer, ou de procéder à un système de commande automatique, sont décisifs dans le choix, là où l'hôpital, dans le cas de traitement VHC par exemple impose un dispositif jugé trop lourd et contraignant. Avec la crainte d'une rupture d'approvisionnement, comme elle a pu se produire dans le passé pour les ARV ou les traitements VHC, c'est l'hôpital qui présente la meilleure garantie. Lorsque le handicap, le vieillissement et la mobilité entrent en ligne de compte, c'est vers la pharmacie de ville, et le portage à domicile, que l'on va s'orienter. En dernier lieu l'argument du coût pour la collectivité va s'ajouter à tous les autres en faveur de l'hôpital : même si l'arrivée récente des génériques offre des molécules à moindre prix, et fait souvent par contrecoup baisser ceux des "princeps", le tarif pratiqué par l'hôpital reste inférieur et réduit la charge pour la Sécurité Sociale. Et  certains dénoncent la pression du lobby des pharmaciens qui a déjà obtenu des honoraires de dispensation de traitement en plus de leur marge commerciale, et rend inadmissible la perspective de voir transférer la dispensation des traitements ARV aux seules pharmacies de ville.

Vous êtes invité-e-s comme d'habitude à poster sur ce thème vos commentaires et réactions à la suite de celui-ci , et à exprimer ici vos suggestions de thèmes que vous souhaiterez aborder dans les mois à venir, ou d'évolution du "format" de ces chats thématiques.

La semaine prochaine, hésitant entre Galien et Gallienne, nous déambulerons avec Herb Ritts dans le petit Caire, et entrerons en compagnie d'un Narbonnais absent "dans les pharmacies".