Trump interdit l'armée aux trans

29 Juillet 2017
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La Maison Blanche semblait à la peine (26 juillet) pour justifier l'application de l'interdiction aux personnes transgenres de servir dans l'armée américaine, annoncée par le président américain Donald Trump sur Twitter. Manifestement, le Pentagone ne s’attendait pas à cette annonce. Une annonce qui suscite de très vives réactions, jusque dans les rangs républicains.  La militante trans Caitlyn Jenner a ainsi critiqué la décision de Donald Trump, rappelant que de nombreux militaires transgenres servent actuellement dans l'armée américaine. "15 000 patriotiques américains transgenres se battent pour nous tous dans l'armée américaine, qu'est-il advenu de votre promesse de les défendre ?", s’est indignée Caitlyn Jenner. "On dirait bien de la lâcheté", a lâché Chelsea Manning, ancienne militaire. "Donc, la plus grande et la plus chère armée de la planète se lamente à propos de quelques personnes trans, mais finance les F-35 ? On dirait bien de la lâcheté", a commenté sur Twitter l'ancienne analyste militaire. "Les personnes transgenres ne pourront plus servir dans une quelconque capacité de l'armée américaine. Ogre odieux", a écrit la chanteuse St. Vincent. "J'ai grandi dans l'armée avec des personnes LGBT servant dans l'ombre. Nous ne pouvons pas laisser Donald Trump revenir en arrière à propos de nos braves soldats trans", souligne le réalisateur Dustin Lance Black, cité par le Huffington Post. "C'était une décision militaire. C'est une question de préparation militaire, de cohésion des troupes (...) et de financement au sein de l'armée et rien de plus", a tenté d’expliquer piteusement le porte-parole de la Maison Sarah Huckabee Sanders.  Bombardée de questions sur le sort des militaires transgenres actuellement sous les drapeaux, y compris en Irak et en Afghanistan, Sarah Huckabee Sanders a refusé de s'avancer sur leur démobilisation éventuelle, indique l’AFP. Selon une étude du ministère de la Défense,  l’armée comptait en 2016 entre 1 320 et 6 630 personnes trans dans ses effectifs — il y a environ 1,3 million de militaires en activité. "Après consultation de mes généraux et des experts militaires, soyez avisés que le gouvernement des Etats-Unis n'acceptera pas ou ne permettra pas aux personnes transgenres de servir dans aucune capacité dans l'armée américaine", a donc tweeté (26 juillet) Donald Trump. Il a surtout mis en avant "le fardeau des coûts médicaux énormes" et "les perturbations que des personnes transgenres dans l'armée entraîneraient" pour justifier sa décision. Cette même étude du ministère de la Défense concluait également que l'ouverture du recrutement aux Américains transgenres ne représenterait qu'un "coût minime" pour l'administration. CNN a mentionné cette étude qui indique que les opérations de changement de sexe se limitent à 25 à 130 cas annuels et que les programmes de traitements hormonaux ne concerneraient que 30 à 140 personnes. Comme le rappelle la chaîne américaine, le coût pourrait donc aller de 2,4 millions de dollars à 8,4 millions de dollars, pour un budget total du Pentagone de plus de 500 milliards en 2016. Bref, l’argument financier de Trump ne tient pas. Jusqu'ici, les militaires qui dévoilaient leur orientation alors qu'ils étaient déjà sous l'uniforme ne pouvaient pas être expulsés de l'armée. Le sénateur républicain John McCain a vivement critiqué Donald Trump pour avoir annoncé ce stupéfiant renversement de politique de l'armée américaine sur Twitter. "Tout Américain qui répond aux standards en vigueur sur le plan médical et de la préparation doit pouvoir continuer à servir", a-t-il tonné. Cette décision n’est pas la première attaque transphobe de l’administration Trump. En février, le gouvernement avait déjà mis fin à un dispositif de protection des droits des personnes trans dans le système public de l'éducation.