Travail du sexe : le HCE fait la leçon

27 Janvier 2019
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Au fil des jours, il semble que les pressions (plus ou moins amicales) sur le Conseil constitutionnel qui doit rendre un avis (1er février) sur certaines dispositions de la loi d’avril 2016 sur la prostitution se fassent plus fortes… et plus nombreuses. Ces dernières semaines, plusieurs tribunes ont fait le forcing pour imposer leur vue abolitionniste. C’est la logique du débat contradictoire. Elles sont signées par des professionnels-les de santé, des personnalités politiques, des mouvements abolitionnistes, mais jamais par les personnes concernées elles-mêmes : les travailleurs et travailleuses du sexe. Le dernier coup de pression en date, on le doit au Haut conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE), instance officielle indépendante, qui, dans un communiqué de presse (23 janvier) « en appelle à la sagesse du Conseil Constitutionnel pour pérenniser l’interdiction de l’achat d’acte sexuel ». On peut juger que c’est une curieuse méthode de la part d’une instance, réputée indépendante, que de faire ainsi la leçon au Conseil constitutionnel. Bien entendu, il n’était pas possible à cette instance d’être partie prenante de la procédure, alors reste cette tactique de rabâchage de sa position… Dans son communiqué , le HCE présente la loi comme un « véritable cliquet civilisationnel » ; loi qui serait largement soutenue par l’opinion publique française selon les résultats d’un récent sondage. C’est peut-être vrai… mais peu importe ! Le Conseil constitutionnel se prononce sur le droit, rien que le droit. Du coup, elle est dérangeante cette façon de faire pression… surtout quand celle qui dirige cette instance nationale consultative indépendante qu’est le HCE, est une des figures de l’abolitionnisme en France.