Tuberculose : L’OMS lance un appel à agir d’urgence

30 Septembre 2018
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L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a décidé (18 septembre) de tirer la sonnette d’alarme concernant la lutte contre la tuberculose. Si le nombre de nouveaux cas de tuberculose et celui de décès ont baissé en 2017, les pays ne se mobilisent pas suffisamment pour mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030, estime l’institution.  Les données actuelles indiquent que les efforts mondiaux ont permis de sauver 54 millions de vies depuis 2000, toutefois la tuberculose reste la maladie infectieuse qui entraîne le plus de décès dans le monde. Mi septembre, l’OMS a publié son  Rapport sur la lutte contre la tuberculose dans le monde 2018. Il a été présenté à New York et appelle à une mobilisation nationale et internationale sans précédent. Il invite instamment les dirigeants-es politiques à prendre des mesures décisives dans ce domaine. « C’est la première fois que nous sommes témoins d’un intérêt politique à un si haut niveau et d’une prise de conscience de ce qu’il faut faire à l’échelle mondiale pour mettre fin à la tuberculose et à la tuberculose pharmacorésistante », a expliqué Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. Pour mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030, conformément à l’objectif fixé au niveau mondial, les pays doivent d’urgence agir plus vite – notamment en augmentant les financements nationaux et internationaux destinés à combattre la maladie. Le rapport de l’OMS donne une vue d’ensemble de la situation concernant l’épidémie : le nombre de décès dus à la tuberculose a globalement baissé au cours de l’année 2017 ; en 2017, on a compté 1,6 million de décès (dont 300 000 parmi des personnes vivant avec le VIH). Depuis 2000, le nombre de décès dus à la tuberculose chez les personnes vivant avec le VIH a baissé de 44 % tandis qu’il a baissé de 29 % chez les personnes séronégatives ; au niveau mondial, on estime que dix millions de personnes ont contracté la tuberculose en 2017. Le nombre de nouveaux cas recule de 2 % par an. Entre 2013 et 2017, on a toutefois constaté des baisses plus rapides en Europe (5 % par an) et en Afrique (4 % par an) ; certains pays progressent plus vite que d’autres. Ainsi, en Afrique australe, le rythme de baisse du nombre de nouveaux cas est compris entre 4 % et 8 % dans des pays tels que l’Afrique du Sud, le Lesotho, l’Eswatini (nouveau nom du Swaziland), la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe grâce à une meilleure prévention et à une meilleure prise en charge de la tuberculose et de l’infection à VIH. En Fédération de Russie, un engagement politique de haut niveau et une intensification des efforts de lutte contre la tuberculose ont entraîné une baisse plus rapide du nombre de cas (5 % par an) et de décès (13 % par an) ; la tuberculose pharmacorésistante reste un grave problème de santé publique à l’échelle mondiale : on estime qu’en 2017, 558 000 personnes ont contracté une forme de tuberculose résistante au moins à la rifampicine – l’antituberculeux de première intention le plus efficace. L’immense majorité de ces personnes étaient atteintes d’une tuberculose multirésistante (MR), c’est-à-dire résistante à la fois à la rifampicine et à l’isoniazide (un autre antituberculeux de première intention essentiel). L’OMS estime qu’un quart de la population mondiale est porteuse d’une infection tuberculeuse. Le rapport dresse ensuite la liste des actions qui peuvent être conduites en matière de dépistage, prévention et accès aux traitements.  L'OMS prévoit qu’au moins 30 millions de personnes devraient pouvoir bénéficier du traitement préventif entre 2018 et 2022, selon ses nouvelles recommandations. Le traitement préventif de l’infection tuberculeuse latente se généralise, mais la plupart de ceux qui en ont besoin n’ont pas encore accès aux soins. L’OMS recommande vivement le traitement préventif pour les personnes vivant avec le VIH et pour les enfants de moins de cinq ans dont la famille est touchée par la tuberculose. L’OMS a publié de nouvelles recommandations sur ce point en 2018 pour contribuer à rendre les services de prévention plus largement accessibles à ceux qui en ont besoin. « Il est inacceptable que des millions de personnes meurent et qu’un plus grand nombre encore souffrent quotidiennement de cette maladie que l’on peut éviter et guérir », s’est indignée la Dre Tereza Kasaeva, directrice du programme mondial de l’OMS de lutte contre la tuberculose. « Nous devons unir nos forces pour venir à bout de cette maladie qui a des conséquences sociales et économiques dévastatrices pour les « laissés-ées pour compte », dont les droits fondamentaux et la dignité sont limités et qui accèdent difficilement aux soins. Le moment d’agir est venu. »