Venezuela : les chiffres de la crise sanitaire

27 Novembre 2018
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Le Human Rights Watch (HRW) a publié (15 novembre) un point de situation sur le Venezuela avec les chiffres clés de la crise sanitaire que connaît le pays. Très alarmiste, le HRW estime que désormais les épidémies menacent la vie de nombreuses personnes. Le « pays fait face à une crise sanitaire dévastatrice dont le gouvernement continue à nier l’ampleur », indique Human Rights Watch qui vient de consacrer à un rapport à ce sujet. Les chercheurs-seuses se sont déplacés avec une équipe de professionnels-les du Centre pour la santé humanitaire de l’université John Hopkins. « Le système de santé publique du Venezuela s’est effondré, ce qui met en danger la vie d’innombrables Vénézuéliens », a rappelé Shannon Doocy, professeure associée à l’École de santé publique Johns Hopkins, qui a travaillé au rapport. « La combinaison d’un système de santé en échec et de pénuries alimentaires généralisées a généré une catastrophe humanitaire, qui ne fera que s’aggraver si une solution n’est pas trouvée rapidement. » En 2015, le ministère de la Santé vénézuélien a soudainement cessé de publier ses actualisations hebdomadaires d’indicateurs de santé révélateurs, qui constituaient une source d’information cruciale sur la santé publique, rappelle le HRW dans son communiqué (16 novembre). Les données existantes dressent un tableau inquiétant, fait d’épidémies telles que la rougeole et la diphtérie, de flambées du nombre de cas de paludisme et de tuberculose, ainsi que de la quasi-impossibilité, pour les personnes vivant avec le VIH, de se procurer un traitement antirétroviral. Le nombre de cas de paludisme suspectés et confirmés au Venezuela n’a cessé d’augmenter ces dernières années – passant de près de 36 000 cas en 2009 à plus de  406 000 cas en 2017, d’après l’Organisation mondiale de la santé. Le paludisme constitue actuellement une épidémie persistante dans neuf États du pays, selon un document officiel émis par l’Organisation panaméricaine de la santé, UNAIDS et le ministère de la Santé vénézuélien. Les experts-es attribuent cette recrudescence aux réductions des mesures de contrôle des moustiques, aux pénuries de médicaments antipaludiques et aux activités minières illégales qui favorisent la reproduction des moustiques en créant des plans d’eau stagnante. Le nombre de cas de tuberculose rapportés au Venezuela a augmenté, passant de 6 000 cas en 2014 à 7 800 cas en 2016, et les rapports préliminaires indiquent qu’il y en a eu plus de 10 000 cas en 2017. La prévalence de la tuberculose en 2017 (32,4 cas pour 100 000 personnes) était la plus élevée que le Venezuela ait connue en 40 ans. Le Venezuela est le seul pays de revenu intermédiaire au monde où de très nombreux patients porteurs du VIH ont été forcés d’interrompre leur traitement en raison de la pénurie généralisée de médicaments antirétroviraux. Sur plus de 79 000 personnes vivant avec le VIH, 87 % se sont enregistrées auprès de l’État vénézuélien pour obtenir un traitement antirétroviral, sans rien recevoir. Le nombre de nouveaux cas de contamination par le VIH identifiés au Venezuela a augmenté de 24 % entre 2010 et 2016, avec 6 500 nouveaux diagnostics en  2016. Mais le nombre réel de nouvelles contaminations est certainement plus élevé, surtout vu que de nombreux centres de santé ne sont plus en mesure, notamment pour des raisons financières, de réaliser le dépistage du VIH.