VIH : Michel Kazatchkine au front de l’Est

8 Décembre 2015
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Inlassablement, d’interviews en conférences, d’allocutions en tribunes, Michel Kazatchkine, envoyé spécial de l'Onusida en Europe de l'Est et en Asie Centrale, ne cesse de pointer les lacunes de la lutte contre le VIH/sida dans cette région. Fin novembre, il accordait une interview à l’AFP dénonçant un accès aux traitements anti-VIH "défaillant en Europe de l'Est et en Asie Centrale". Interrogé sur la situation régionale, le spécialiste du VIH et expert de l’Onusida explique : "L'épidémie continue de progresser rapidement dans la région, très largement parmi les usagers de drogues injectables (UDI), qui comptent encore pour 45 % environ des nouveaux cas. Et il y a maintenant une transmission hétérosexuelle croissante. Les homosexuels masculins sont certainement sous représentés dans ces statistiques en raison des tabous qui les frappent, comme c'est le cas pour les prostitué-e-s". Et Michel Kazatchkine d’expliquer : "Dans cette région du monde, on estime qu'il y a environ 1,4 million de personnes infectées par le virus du sida. 85 à 90 % d'entre-elles se trouvent en Russie et en Ukraine où la proportion de gens infectés avoisine 1 %. Mais ces chiffres sont incomplets. Des pays comme l'Ouzbékistan ne fournissent pas de statistiques tandis que le Turkménistan annonce avoir zéro cas de sida. Revenant sur la question de l’accès aux traitements, Michel Kazatchkine explique : "L'accès au traitement antirétroviral reste bas. On estime qu'un quart des personnes vivant avec le VIH est traité pour l'ensemble de la région, soit grosso modo 350 000, alors que cette proportion est pratiquement de 60 % dans l'ensemble des pays en développement à travers le monde". L’accès est "particulièrement bas pour les usagers de drogues injectables (UDI), les homosexuels masculins, les prostitué-e-s qui hésitent à aller dans le système de santé public en raison de la discrimination et de la stigmatisation dont ils et elles sont victimes. En Russie, près de la moitié des séropositifs ignorent leur statut et parmi ceux qui sont dépistés, seulement 20 % ont accès à un traitement. En Ukraine, 260 000 des 360 000 usagers de drogues injectables bénéficient de programmes de réduction de risque via des organisations non gouvernementales avec échange de seringues".