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Il m'est arrivé le 18 janvier une mésaventure dont je ne me suis encore pas remis - ça ne fait même qu'empirer… Ce soir là il y a eu une rupture de préservatif avec un partenaire d'un soir (relation anale pénétrante pour le partenaire). Pour le rassurer nous sommes allés aussitôt aux urgences de l'hôpital, où il a reçu le traitement de 72 heures, en attendant de voir le médecin qui dirige le service des maladies infectieuses à Laval. J'étais confiant car j'avais peu de temps avant soumis cette situation, comme un "cas d'école", à ce même médecin qui me suit pour mon infection par le VIH, et il m'avait dit que dans cette situation (rupture de préservatif lors d'une relation avec une personne séropositive ayant une CV indetectable, ce qui est mon cas depuis 4 ans), la mise sous TPE n'était pas "au protocole", et le médecin des urgences, sans pouvoir être catégorique puis qu'elle n'était pas spécialiste de la question, jugeait "peu probable" que mon partenaire soit mis sous TPE. Or, 2 jours plus tard, m'enquerrant auprès de mon partenaire, il m'apprend qu'il a été mis sous TPE.

Pour moi, cela signifiait que j'étais toujours contaminant - alors qu'on avait tout fait pour m'assurer que le risque était quasiment "nul" (c'est le mot qui avait été employé), et le fait que j'aie pu contaminer une personne a été pour moi comme une deuxième annonce de séropositivité.

J'ai tenté de parler au médecin qui avait mis mon partenaire sous TPE, pas pour contester sa décision, mais pour savoir ce que cela disait de mon réel potentiel de contamination, et elle a refusé de me parler. 

J'ai très mal vécu cette situation qui me hante, et j'ai fini par demander un rendez-vous avec mon médecin - le chef du service. Alors là, double discours et rétropédalage ! De "nul en ce qui vous concerne", mon potentiel de contamination est devenu "infinitésimal". Il m'a dit que si c'était lui qui avait reçu mon partenaire, il ne l'aurait sans doute pas mis sous TPE mais je l'ai senti mal à l'aise, invoquant "le manque de données concernant les gays", et je suis reparti avec mes interrogations, mes doutes et mes angoisses. 

Je lui ai demandé une recherche approfondie pour connaître mon nombre de copies (dans mon labo le seuil de détection est de 20 copies et j'ai une CV indétectable depuis 4 ans). Mais il m'a dit que le labo ne faisait pas ce type de recherche et que ça ne servait à rien. Evidemment ça ne changerait rien fondamentalement et une analyse n'est qu'une photo à un instant T, mais ça m'aurait quand même rassuré si je n'avais que quelques copies… 

Je l'ai revu en mars dans le cadre du suivi habituel de mon infection, mais je n'ai pas trouvé les mots ni l'occasion de parler de ce que je ressentais.

Depuis, je fais des cauchemars, je me sens à nouveau un "empoisonneur", et je je n'ai plus de relations sexuelles. J'ai même été tenté - réaction puérile je vous l'accorde - d'arrêter mon traitement ARV puisqu'au final ça ne changeait rien - je ne prenais pas mon traitement que pour moi, c'était aussi parce que c'était aussi un moyen de réduire les risques d'exposition dans ce cas de figure par exemple. J'ai bien conscience qu'il y a quelque chose d'irrationnel dans cette représentation que fais de mon état, mais je me sens très seul et désemparé face à cette situation.

Je ne conteste pas la décision d'avoir mis sous TPE mon partenaire, ne serait-ce que pour le rassurer. Mais quid de mon ressenti ? J'ai l'impression d'avoir été traité avec le plus grand mépris et laissé tombé comme une m…

Est-ce que quelqu'un a déjà -vécu ce genre de situation et comment l'a-t-il gérée ? Moi plus ça va et plus j'ai des idées noires… En plus, en tant que militant de AIDES, je me sens en porte-à-faux quand je fais la promotion du TASP.

Commentaires

Portrait de Totodu92

En mars (avec rupture de préservatif et éjaculation). On a proposé à ma partenaire le TPE avec arrêt dès confirmation du maintien de mon indétectabilité (confirmée deux jours après, ouf...). Elle a refusé le TPE par crainte des effets secondaires et fera un test ce lundi, un mois après le rapport. Même si je dois avoir confiance, objectivement, pour ce qui concerne sa non-contamination, j'ai moi aussi des états d'âme et le rapport Hirschel ne m'aide pas...

Portrait de jean-rene

Vos partenaires ont été mis sous TPE avant même que des anticorps aient été détectés chez eux. C'est une précaution qui a été prise à leur égard mais rien ne prouve que vous les avez contaminés.

Portrait de Parisien75

Que veux tu. J'ai eu la meme expérience ! On ne peut pas prendre le risque. Il n'y a pas sufisemment de recul ! Imagine que ton partenaire se retrouve HIV+ et se retourne contre l'hôpital .. Le risque est gros. Les medecins sont prudents..

Le discours alternatif concerne les couples stables ! Chez eux, oui, on peut àvec de grandes pincettes tolérer. Mais un plan occasionnel c'est non. Le gars peut avoir une IST qui démultiplie le risque d'infection. 

Portrait de Yomi

"Rappelons tout de même que dans la première étude, celle menée à Rakai en Ouganda et publiée en 1999, avec les tout premiers traitements ARV disponibles, les chercheurs n’avaient pas pu observer de transmission en dessous de 1500 copies. Cela ne veut pas dire qu’il s’agit d’un seuil absolu, mais cela indique qu’il y a une marge de manœuvre au-delà des 50 copies. D’ailleurs, avec les progrès techniques, les mesures de charges virales sont de plus en plus sensibles et permettent de détecter quelques copies seulement, et qui alors sera indétectable. Au milieu des années 2000, c'était en-dessous de 400 copies qu'on était considéré comme indétectable."

Source: http://aides.org/actu/les-ist-n-augmentent-pas-la-charge-virale-dans-le-...

La trithérapie rend les S+ non contaminant

"Bernard Hirschel disait qu’il n’y avait guère de raisons pour que la méthode ne puisse s’appliquer aux gays. Soulignant, avec une pointe d’humour, que certains oubliaient un peu vite que des hétérosexuels pratiquent aussi la sodomie. Mais cela ne convainquait alors pas tout le monde. Et depuis ?"

Et depuis... >> Bernard Hirschel avait raison à l'époque pour les gays, la preuve avec l'étude Partner.

Portrait de hugox

je comprends et respecte ton histoire.

le point est de te définir comme empoisoneur parce que finalement le discours du médecin était double.

Beaucoup de médecins (la majorité) ne sont pas au top du hiv et n'appliquent que bêtement les consignes et surtout ne prennent aucun risque.

J'ai un ami actif (indétectable) à qui s'est arrivé. La capote a explosé et le sperme est resté dans le cul de son partenaire. Il a appelé son médecin et lui a été catégorique..pas de risque.

Alors?

le problème vient du fait que le discours officiel reste flou....on se demande bien pourquoi héhé

Ce qui est important est que tu arrêtes cette posture d'empoisoneur. Faut arrêter de mettre des problèmes partout.

Continue la capote et pi cé tout

Portrait de Yomi

La trithérapie rend les S+ non contaminant, et cela ce sait depuis les resultats de l'étude Rakai de 1999.

Pourquoi inciter un S+ indetectable à mettre des capotes?

Ce serai pas plutot mieux de lui expliquer que CV indetecrable jusqu'a 1000 = Non contaminant?

Portrait de Majorleague

Est ce que quelqu'un à des preuves documentées de cas de transmissions entre partenaires sérodiscordant quand le partenaire S+ est indetectable?

Je n'ai jamais lu de rapports d'études affirmant clairement: monsieur X est seropositif et indectable, monsieur Y est seronégatif. Lors de rapports sexuels non protégés, monsieur X a transmis le VIH à monsieur Y. Jamais.

Si un cas est apparu un jour, il y a fort à parier que c'était un truc du style: monsieur X prend son traitement très aléatoirement, n'a pas été dépisté pour les IST depuis longtemps et a une siphillis installé sous forme de chancre sur le gland. Monsieur Y est un adepte de la prise de cocaine par voie rectale et passe ses après midi à se faire enfiler dans des back rooms du marais, sans jamais se protéger. Monsieur X y rencontre monsieur Y et le contamine. Les résultats d'analyse montreront que monsieur X avait eu une remontée de charge virale à cause d'une résistance du à une très mauvaise observance du traitement.

Et encore, c'est vraiment pas de chance parce que la probabilité était de 1/100 000 (je grossis un peu)

...

Portrait de Philippe53

Je vous remercie de vos commentaires, de toutes vos précisions sourcées.

A Jean-Rene et Hogox : merci de votre contribution. Oui, je comprends tout à fait que l'on mette le partenaire sous TPE, ce que je déplore, c'est le traitement (là je ne parle pas de médicament mais de la façon de se comporter) réservé à la personne séropositive, l'absence de prise en compte des interrogations légitimes...

Quant à continuer avec la capote, oui, bien sûr, mais ça ne me met pas à l'abri d'un autre accident du même genre, et je ne veux absolument pas revivre ça !!! Et arrêter de voir des problèmes partout, je veux bien, mais c'est plus facile  dire qu'à faire quand on a été considéré comme je l'ai été

Merci de vos apports. J'avais pris connaissance de l'étude Partner (enfin je crois qu'il y en a eu plusieurs, dont une incluait des couple homo sérodiscordants - corrigez-moi si je me trompe) mais je ne connaissais pas l'étude Rakai (merci Yomi). J'avais vu aussi ce rapport de AIDES qui stipule que les IST n'auhementent pas forcément la CV dans le sang (cf la remarque de Parisien 75 sur le fait que la personne S+ peut être porteuse d'une IST).

Moi aussi, évidemment, je me suis jeté sur les moteurs de recherche pour essayer de trouver des cas de transmission par une personne indétectable, et je n'en n'ai pas trouvé non plus (merci Majorleague).

A Parisien 75 : je comprends ton point de vue, mais quand on parle de "couples stables" on reste sur du déclaratif ! Et quand tu parles de "risque", il faut aussi penser "bénféfice/risque" : le traitement d'urgence n'est pas anodin ! Ensuite, c'est le médecin spécialiste qui établit en fonction des données qu'il a s'il y a lieu ou pas de délivrer le TPE. Je vois mal un patient se retourner contre l'hôpital... Il doit bien y avoir un protocole...

Enfin, d'une façon générale, je vous suis à tous très reconnaissants de vous être saisi de cette problématique et d'avoir été aussi réactifs : je me sens beaucoup moins seul ! Merci !

Portrait de hugox

Philippe53 wrote:

Et arrêter de voir des problèmes partout, je veux bien, mais c'est plus facile  dire qu'à faire quand on a été considéré comme je l'ai été

oui je respecte ce que tu as ressenti

mais des andouilles de médecins il y en a aussi partout.

Portrait de Philippe53

Petite correction... le rapport de AIDES sur les IST dit qu'il n'y a pas d'augmentation de la CV dans le sperme, pas dans le sang...

Portrait de jl06

Phillipe53 : une note légère...prend la taille au dessus plus de probléme  sa résiste mieux ...mon exp !