Guyane : des femmes de parole !

Publié par Sophie-seronet le 03.04.2014
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A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, des militants de AIDES ont proposé, à Saint-Laurent du Maroni en Guyane, une "action flash" qui a pris la forme du recueil de trois témoignages écrits de femmes accueillies à l’association, de la traduction de phrases extraites de ces trois textes et de l’affichage de ces messages sur un stand sur le marché et à proximité d’un bus où il était possible de faire un test de dépistage rapide d’orientation diagnostic. Seronet vous propose de les découvrir.

"A siki sida, dem é taki soomaar sani na stratie, na a sani dati é moro meki frédé kon na dati meki den souma moro frédé" ("Le sida, ils disent n'importe quoi dans la rue. C'est ça qui fait de plus en plus peur, de plus en plus mal"), a écrit Anna. Anna est Bushinengue, c’est une enfant du Maroni. Elle a 28 ans. Elle a tenu, avec son témoignage à faire passer ses impressions, mais des messages aussi… dont celui-ci : "Aujourd'hui, je peux avoir des enfants ; je peux vivre comme tout le monde ! C'est comme ça !"

"Y’a un petit virus dans moi, je le sens pas, il est là et je me sens bien"

Quand j’ai entendu que j’étais séropositive, je n’y croyais pas. Je suis rentrée à la maison, j’ai commencé à pleurer, je n’arrivais pas à m’arrêter... Je voulais rester chez moi, je voulais mourir. Je n’arrivais plus à regarder les gens droit dans les yeux, j’avais peur, peur des gens, peur d’être rejetée, peur de me faire insulter dans la rue. Je n’arrivais pas à vivre normalement, je devenais discrète ; le soir, je ne sortais plus. Ce qui m’a encouragé à être comme celle que j’étais avant, c’est ma copine. Je lui ai raconté dès que j’ai fait le test, elle m’a tout le temps encouragée. C’est elle qui m’a donné la force de rester en vie.
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Bebe, 39 ans, est aussi de Georgetown. "Au début, je voulais me tuer ! Et puis, j’ai eu des infos sur le virus. Aujourd’hui, je prends mon traitement, j’ai une vie normale, je ne me plains pas".

"Quand je leur ai annoncé ma séropositivité, ça n’a pas changé leur amour"

Je suis une femme vivant avec le VIH. Ce n'est pas grave, ma principale préoccupation est que je sois aimée de mes amis et de ma famille. Quand j'ai appris que j’étais infectée, il était très difficile pour moi de savoir quels allaient être mes problèmes. Je commençais à voir des choses venir sur ma peau et de nombreux autres symptômes. Avec les circonstances de ma vie précédente, je vis avec le VIH et le VHB et je dois vivre avec un traitement pour le reste de ma vie. Je ne suis pas capable de dire où et comment j'ai été infectée. J'étais une prostituée travaillant dans la rue et j’avais aussi un petit ami qui fréquentait d’autres femmes. Etre prostituée, dans la rue, c'est pas facile. Quand vous devez vous occuper de vos enfants la vie ne laisse pas le choix. Je sais que ce n'est pas une bonne chose ni facile d'être une prostituée. Ce n'est pas un travail et c'est dangereux, les personnes peuvent être infectées, tuées aussi car on peut rencontrer des hommes cruels.
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C’est aussi de Georgetown que vient Sheliene, 57 ans. Sheliene explique : "Je me sens belle et j’ai confiance en moi. Je peux continuer à vivre une vie normale et soutenir d’autres personnes qui ont cette maladie. Je me sens libre en tant que femme".

"Je me sens forte, comme une femme qui se bat"

En 2001, je suis allée dans une clinique à Cayenne pour faire un test VIH. C’était un test sanguin. Je devais y retourner une semaine après pour les résultats. J'étais très inquiète car j’avais eu à de nombreuses reprises des rapports sexuels non protégés. Quand je suis revenue pour les résultats, on m'a dit : "Vous n'avez pas le sida, mais il y a un petit problème dans le sang". Je ne savais pas ce que c’était, j'avais l'impression que ce n'était rien d'alarmant. J'étais tellement contente que mon test VIH soit négatif !
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Ces phrases, les personnes qui fréquentent le marché de Saint-Laurent, ont pu les voir, les entendre et en discuter. D’autant que de nombreux vendeurs (hmong, bushinengués, créoles, amérindiens) avaient joué le jeu en acceptant de les afficher sur leur stand.

Commentaires

Portrait de carachoco

Bonjour,Je me rapproche de vous en espérant avoir quelques informations sur la prise en charge des personnes séropositives en Guyane.Je vais peut être partir en Guyane, et je m'inquiète un peu sur mon suivi : y'a t'il des médecins de villes et des dentistes identifiés pour la prise en charge des personnes séropositives svp ?Et la question toute bête que je me permets de vous poser...est-il possible de vivre en Guyane et conserver une certaine discrétion sur sa pathologie ?Je veux dire est ce que les conditions d'accueil, les structures, permettent de se faire suivre sans craindre d'être stigmatisée ?Je vous remercie beaucoup pour les réponses que vous voudrez bien m'apporter.Bien courtoisement