Prep et IST font-elles bon ménage ?

11 Décembre 2018
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La Prep (prophylaxie pré-exposition) a longtemps été accusée de favoriser la prolifération des autres infections sexuellement transmissibles (IST), puisqu’elle serait utilisée à la place du préservatif efficace sur un plus grand nombre d’IST. Elle l’est d’ailleurs encore par les opposants-es à la Prep, bien contents-es d’avoir trouvé une limite à cet outil de prévention. Du côté des défenseurs-euses de la Prep, on rappelle que le suivi médical instauré avec la mise sous Prep permet un dépistage régulier des IST que peu de personnes mettent en œuvre habituellement ou mettaient en œuvre avant d'en prendre. Dépistées plus régulièrement, elles sont traitées plus rapidement. Cette théorie était confirmée en 2017. Une modélisation sur l’impact de la Prep dans la détection et le traitement des IST montrait, qu’à terme, elle permettrait tout autant de réduire les nouvelles contaminations au VIH que le nombre de nouveaux cas des autres IST. D’après les résultats des chercheurs-euses ayant travaillé sur cette modélisation, [dans un scénario d’une couverture de Prep de 40 % et d’une faible augmentation des pratiques à risques pour les autres IST, comme l’arrêt total du préservatif (40 %)], 42 % des gonorrhées et 40 % des cas de chlamydiae pourraient être évitées dans la prochaine décennie. Bien sûr, ce bénéfice, lié au suivi renforcé dans le cadre d’une Prep, n’est valable que si les recommandations de suivi sont effectivement appliquées. Pensez-vous que la Prep joue un rôle dans l’augmentation des cas d’IST ? Et si oui, de quelle façon ? Pensez-vous que le suivi médical proposé dans la mise en place d’une Prep permet de lutter efficacement contre les IST ? Faudrait-il associer des antibiotiques en préventif à la Prep ? C’est autour de ces questions qu’on vous propose d’échanger pendant le chat thématique, mardi 11 décembre, dès 21 heures en compagnie de Diane-Seronet.

Commentaires

Portrait de Tom Sawyer

Diane-seronet
Chat thématique consacré à la PREP. Actuellement il y a plus de 10 000 personnes sous PREP en France. La finalité de la PREP c'est d'éviter de contracter le VIH, en effet en soi la PREP ne protège que du VIH pas des autres IST. Cependant elle s'accompagne d'un suivi (dépistage tous les 3 mois) qui permet aux personnes d'être efficacement et rapidement traitées. La prep s'adresse aux séronétaifs en effet. Mais il y a des essais similaires avec d'autres molécules, pour viser d'autres IST : par exemple des antibiotiques préventifs pour la syphylis il me semble.
On peut d'ailleurs consulter les premiers résultats de prophylaxie à la doxycycline, contre la syphilis, le gonocoque et les Chlamydia ici:http://vih.org/20170217/spin-dipergay-apres-prep-vih-pep-dautres-ist/139029
Pensezvous que le fait que des personnes prennent la PREP, augmente les constaminations aux autres IST?
La PREP s'adresse aux personnes séronégatives qui n'utilisent pas (toujours) de préservatifs par exemple, et à toutes les personnes qui sont fortement exposées au risque VIH.
Et le fait que la PREP s'accompagne d'un dépistage régulier des autres IST, est-ce que cela a des effets positifs à votre avis?
Plein de personnes n'utilisent pas toujours les préservatifs, et le préservatif n'est pas efficace à 100% contre la transmission des IST (le pappillomavirus par exemple, le préservatif diminue les risques de contamination mais ne l'élimine pas). Les situations sont diverses et variées : des personnes qui se protègent pour les pénétrations mais pas forcément pour les fellations, des personnes qui prennent la PREP et utilisent le préservatif, des personnes qui ne peuvent pas imposer le préservatif à leurs clients, maris, copain ... mais qui savent qu'elles font partie des populations fortement exposées au VIH. Plein de situations peuvent pousser à prendre la PREP en fait.

Ligera
La PREP, je ne savais même pas ce que c'était. J'ai galéré pour trouver sur internet, c'est bien beau de parler par acronymes, mais ce n'est pas parlant pour tout le monde. Le mot PREP n'est pas parlant pour tout le monde. J'ai du mal à comprendre la finalité de la PREP : je croyais que le mot d'ordre c'était "mettez al capote", que fait-on des autres IST (Gonnorhé, herpès)? On les met de côté? Quel est l'intérêt de la PREP pour les séropositifs? Au fond ca invite à se passer du préservatif.
Je comprends la finalité des traitements post exposition : professionnels-elles de santé, rupture du préservatif, etc ....
Vu que je découvre le sujet, je dirai de prime abord que la PREP me semble être une connerie. Après, je pense qu'elle s'adresse à une partie très ciblée de la population.
Pour les pays comme l'Afrique par exemple, la PREP doit être plus chère que le préservatif. Pour les profesionnels du sexe aussi : mieux vaut la capote que la PREP pour se protéger des autres IST. Je rejoins Sonia, il faut que l'on commence d'abord à s'occuper des malades en priorité avant des s'occuper des personnes qui prennent des risques. Je pense que la PREP ne lance pas un bon message.
Je pense que c'est incohérent d'aller voir le médecin pour demander une PREP et le comportement et les risques que l'on prend ou pas. Je ne juge personne, mais j'essaie d'imaginer dans quels cas la PREP se justifie, mais je ne trouve pas.
Je suis séropositive depuis l'âge de 18 ans, donc je n'ai pas fait voeux de chasteté non plus, mais je n'ai contaminé personne et ce, malgré que la PREP n'existait pas. J'ai découvert ma séropositivité en 1991, car j'avais un petit ami, et qu'on voulait arrêter la capote, du coup j'ai fait des tests avant. Maintenant à l'hopital ils font systématiquement le test, même pour les séropositifs : bonjour le trou de la sécu.
Le préservatif évite les grossesses, les contaminations buccales restent marginales.
Au lieu de prendre la PREP, on pourrait utiliser aussi les tests salivaires, comme pour l'éthylotest par exemple. Ca a l'avantage d'être moins contraignant en plus. Si il n'y a pas assez de virus dans la salive pour faire réagir le teste, je ne sais pas du coup si il y en a assez dans le sang pour contaminer.
Pour moi la PREP est destinée aux personnes qui s'exposent volontairement au VIH : avoir un rapport non protégé avec une personne que l'on ne connaît pas, c'est s'exposer délibérément. Une personne qui ne s'expose pas délibérement prendra un un traitement post exposition, si il y a une prise de risque ou un incident ponctuel lors d'un rapport.

sonia
La PREP ne protège que du VIH, mais pourtant c'est le pire rétrovirus mortel. On peut penser que la PREP est super puissante. Bien sûr elle va combattre la syphilis mais pas la guérir. J'ai parcouru l'étude du professeur  Molina :  donner un antibiotique 24 à 72 heures après la PREP diminue les infections de 40%, le préservatif 100%.
Sur le plan de l’efficacité, l’antibiotique permet de diviser par plus de 3 l’incidence des infections à Chlamydia (28,6 contre 8,7/100 des sujets) et par presque 4 l’incidence des syphilis (12,9 contre 3,7/100 sujets). L’infection à gonocoque n’est pas modifiée (34,5 contre 28,7/100 sujets).
Fausse sécurité de la PREP, complexification des messages et du discours de prévention.
À l'origine la PREP pour couples serodiscordants, éviter de laver le sperme : économie pour les hôpitaux, désir d'enfant, ensuite PREP pour les gays, truvada pour couples homos enfin suis perdue ...Soit on opte pour un discours clair soit on trouve le deux en un "VIH+IST". La PREP c'est faire un cachet politique de contrôle de l'épidémie. C'est du n'importe quoi commencez à soigner les malades qui en ont besoin, c'est pas anodin pour un séronégatif de croire que c'est le lit des nouveaux contaminés. C'est très américain, en vrai les français voudraient les éblouir par une solution intégrée aux IST. Jeux dangereux quid des résistances aux antibiotiques?

En conclusion
Faible participation à ce chat thématique (2 participantes). Une participante, pourtant bien informée sur d'autres informations et volets consacrés au VIH, ignorait l'existence de la PREP : manque d'information/sensibilisation sur le PREP? Les deux participantes ne voient pas l'intérêt de la PREP, et pensent même, que cela va l'encontre des discours prônant l'usage du préservatif pour se protéger, car elles estiment que le préservatif est  plus effiace que la PREP pour protéger contre le VIH et les autres IST en général. Comme quoi, la PREP ne fait pas encore l'unanimité chez les séropositifs.

Ligera, Sonia, merci pour votre participation et vos échanges sur le sujet.
Cordialement Diane et Tom.