De la gelée royale dans l'espace ?

Publié par Ferdy le 30.11.2011
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En me rasant ce matin, je me demandais de quoi j'allais bien pouvoir parler aujourd'hui.
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J'hésitais entre la chute de l'euro, l'effondrement des marchés, le délabrement d'une zone qui s'étend désormais de la Grèce à l'Italie, du Portugal à l'Espagne, et de la France à l'Allemagne. Une Syrie à feu et à sang. Une Égypte engagée dans un douloureux processus démocratique. Et un Maroc en pleine mutation constitutionnelle apparente...

D'un naturel plutôt optimiste mais prudent, je ne me voyais pas débuter la journée par des élucubrations aussi complexes.

La seule alternative offerte à ma distraction, c'était soit la conquête de l'Espace, soit la cour d'Angleterre. Je dois reconnaître cependant qu'en termes de conquête spatiale, après l'exploit de ces américains titubant comme deux ivrognes sur la Lune (1969), tout ce qui s'est passé depuis m'indiffère totalement.

J'ai bien eu connaissance qu'il existait au-dessus de nos têtes un bidule international, placé en orbite géostationnaire, où des hommes et parfois peut-être aussi quelques femmes se relaient. Mais quant à savoir ce qu'ils sont partis foutre là-haut, ne comptez pas sur moi. J'éprouve déjà le vertige sur la troisième marche d'un escabeau, alors à cette altitude...

Expérimenter durablement la vie en apesanteur ? Tester de nouveaux produits hyper-vitaminés à base de gelée royale ? Prendre des photos ? Etudier le comportement d'individus condamnés à vivre confinés plusieurs mois ensemble dans un habitacle hostile, ravitaillés de temps à autres par une navette qui leur livre un peu d'eau et des fruits frais, je n'appelle pas ça une aventure spatiale mais du sadomasochisme high-tech. Une énième rediffusion d'un épisode mille fois exploité par la télé-réalité où chacune des victimes est consentante et salue péniblement sa famille derrière un hublot.

Si la seule issue pour l'humanité consiste à s'exiler un jour sur une autre planète, quand celle-ci sera devenue trop pourrie, ou à poursuivre ce fantasme d'une vie extra-terrestre qui aurait en commun avec la nôtre d'avaler un bol de corn-flakes au petit-déjeuner, et de regarder le soir venu une espèce de Claire Chazal à six bras, avec deux grands yeux coulissants et une mandibule qui s'anime pour lancer un reportage, franchement, ce défi ne me paraît pas des plus bandants. Comme vous, il m'a déjà été donné d'observer la surface ténébreuse et rougeoyante de la planète Mars. Si c'est ça la plus proche banlieue terrestre, on comprend que personne n'ait jamais eu envie de s'y installer.

Il ne faut pas non plus se moquer de l'exploration spatiale. Comme dirait Sarkozy à propos du nucléaire, c'est peut-être potentiellement toxique mais ça produit des emplois, ça fait tourner nos industries et ça attire les investisseurs. Et puis ce qu'il y a de beau dans la recherche spatiale, c'est qu'avec le quart du tiers du budget qui lui est alloué, il serait possible de forer des puits, irriguer les terres les plus arides de la planète, alimenter et soigner convenablement les populations déshéritées, tout en leur permettant de sortir progressivement d'un asservissement féodal à l'aide humanitaire internationale. Mais se faire réélire en Europe comme aux Etats-Unis, au prétexte que l'on aurait sauvé le Soudan de la famine ne paraît guère envisageable actuellement. Paradoxalement, l'espace, c'est plus porteur.

Aussi, me restait-il ce parachute doré de la famille royale d'Angleterre. Ce n'est pas parce que nous n'en entendons plus parler ici sur le continent, depuis le mariage du jeune prince Harry avec la belle Kate Middleton, élevée au rang de duchesse de Cambridge, que Buckingham ne fomente pas, derrière ses hautes grilles dorées, de nouvelles et folles espérances. Si ma mémoire est bonne, Elisabeth II devrait fêter l'année prochaine ses 86 ans, dont soixante et un passés à régner sur un empire vacillant (le Commonwealth), et une famille particulièrement déglinguée (les Windsor.)

Au-delà de la caricature qui a pu en être faite, j'ai toujours admiré cette femme élégante et discrète, indémodable, éternellement souriante, mais qui sait être grave aussi lorsque les circonstances l'exigent, laquelle a toujours su maintenir des traditions anachroniques dans un monde en pleine débandade.

Jamais je ne manquerai les vœux télévisés adressés par Sa Gracieuse Majesté à ses sujets en fin d'année. Pour cela, au début de son règne, il lui fallut prendre des cours de prononciation, afin de tenter de gommer les traits les plus saillants de son éducation aristocratique, dont certains accents pouvaient la rendre incompréhensible au quidam moyen.

Lorsque je vivais encore à Londres, je me réjouissais des faits relayés quotidiennement dans le très sérieux journal progressiste, The Guardian, à propos des mœurs et coutumes des stratosphériques royals. Il ne se passait pas une semaine sans qu'un mini scandale n'éclatât.

On y apprenait, notamment, sur quels critères le personnel dédié aux services rapprochés de la famille royale était recruté, jusque dans les années 90 environ. Ainsi, les hommes, tous de belle apparence et impeccablement formés, auraient trouvé un certain avantage à être homosexuels. Évitant ainsi de possibles fornications avec les femmes de chambre, dont les grossesses à répétition auraient fini par perturber le rythme paisible et ordinaire du Palais. Mais bien sûr, venaient s'ajouter à cela d'autres inconvénients, comme ces tentatives de viols, parfois réussies, perpétrés par des maîtres d'hôtel ou des chauffeurs sur de jeunes palefreniers dont le physique, quoique ingrat, ne rebutaient pas tant leurs agresseurs. Chaque résidence dévolue à la famille royale se trouvait ainsi régulièrement prise dans une espèce de tourmente médiatique peu enviable.

Pour une lignée aussi improductive que la maison de Mountbatten-Windsor (dont le patronyme originel de Saxe-Cobourg-Gotha fut modifié à l'initiative de George V, en 1917, lorsque les sentiments germanophobes étaient devenus si perceptibles au sein du Royaume-Uni), la famille royale est parvenue à entrer subrepticement dans le XXIe s., comme si de rien n'était.

Une sorte de fusée partie vers aucune destination précise, venant d'assez loin pour aller nulle part, parcourue de tressaillements et de doutes, de tragédies, de complots et d'ivresse, mais confortée par l'expérience d'une apiculture millénaire où les princes et les princesses royales continueraient leur œuvre de pollinisation de la société britannique par leurs existences parasitaires, charitables, protocolaires et décadentes dont on redoute cependant la disparition car, dans ce tourbillon d'infortunes disgracieuses et dorées, elle annoncerait comme la queue d'une comète, l'inexorable destin d'un univers crépusculaire.

PS : Je tiens d'ores et déjà à préciser que je ne m'asperge jamais d'after-shave. J'aurai peut-être l'occasion de vous dire pourquoi lors d'une prochaine chronique consacrée aux produits de soin et d'hygiène spécifiquement masculins.

Commentaires

Portrait de frabro

My God ! Voila que notre reporter et chroniqueur préféré confond les deux princes, le sage héritier et le cadet à la vie dissolue !

Cher Ferdy, il faut lire plus souvent Point de Vue Images du Monde, pour ne plus confondre le prince William, Duc de Cambridge et époux de la belle Kate (née Middleton) avec le prince Harry, pas encore Duc et toujours officiellement célibataire et noctambule assumé.

Oups ! 

Portrait de Ferdy

si je me suis pris dans les pieds dans le tapis rouge, merci Frabro d'avoir rectifié, et mes plates excuses à nos ami-e-s lecteurs-trices...

Portrait de joris

trés agréable de te lire ferdy!
Portrait de alsaco

Portrait de MICK04

C'est toujours aussi agréable de te lire mon cher Ferdy et ce grâce à Sophie ! 

Quand je pense que j'étais à Londres en 77 pour assister au jubilé d'argent.... que le temps passe vite !

Bises à toi Ferdy (attention à Fabro quand même, c'est l'oeil de Moscou !...) 

Pascal 

Portrait de pascal94370

oui tres sympa à lire.

cette idée de l'humain en avant, ça fait rever

Pascal