Croi 2015 : la synthèse

Publié par Sophie-seronet le 02.03.2015
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La conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) s'est tenue à Seattle du 23 au 26 février. Bruno Spire et Emmanuel Trenado ont compilé un compte-rendu des infos clés au jour le jour.

Seattle : Day 1

Cette 22e édition de la conférence, qui a vu l’annonce en 1995 des premiers résultats très encourageants sur l'arrivée des trithérapies, discutera cette année des résultats récents des essais de prévention biomédicale (PrEP orale, gel vaginal à base de ténofovir), de l’accès au traitement au Sud et des maigres avancées sur la mise au point de stratégies de guérison ou de rémission de l’infection à VIH/sida. Cette conférence confirmera aussi que la mise au point de nouveaux traitements anti-VIH n’avance plus guère. Il faudra certainement utiliser au mieux les quelques trente ARV aujourd’hui disponibles pendant la prochaine décennie. Le VHC et le virus Ebola seront aussi des sujets importants de la conférence. Il est possible de suivre la conférence sur Internet. Les sessions sont enregistrées et diffusées 24 heures après.
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Seattle : Day 2

La deuxième journée de la conférence aura été marquée par les présentations des essais de prévention biomédicale (PrEP et gel vaginal). En particulier les essais PROUD et ANRS-IPERGAY qui ont montré des niveaux de protection jamais atteints dans les précédents essais de PrEP.
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81 associations VIH et LGBTI lancent un manifeste pour la PrEP

(Brève) Profitant de la bonne nouvelle que constituent les résultats de l’essai ANRS-IPERGAY, l’European AIDS Treatment Group (EATG) et AIDES ont rappelé, lors de la CROI qui se déroule à Seattle, l’initiative prise avec le lancement d’un Manifeste visant à demander l’accès à la prophylaxie pré-exposition contre le VIH (PrEP) en Europe. Cet appel a été soutenu par 81 organisations VIH et LGBT européennes de la société civile. "Nous demandons que tout soit mis en œuvre pour que la PrEP soit mise à disposition dès que possible au sein de l'Union Européenne pour les publics les plus exposés au risque VIH. Nous appelons également Gilead, la société qui fabrique le Truvada, traitement utilisé dans la PrEP, à présenter une demande à l'Agence européenne des médicaments (EMA) pour un changement d'indication thérapeutique, afin que son utilisation pour prévenir le VIH soit approuvée. Dans leur communiqué (24 février), l’EATG et AIDES rappellent que des résultats d’études ont été présentés à Seattle, des résultats qui "montrent des niveaux d'efficacité sans précédent de ce traitement préventif. Ces deux études ont montré une diminution de 86 % du risque d'infection parmi les participants ayant eu accès au Truvada en traitement préventif", a ainsi expliqué Brian West, président de l’EATG. "Elles ont également démontré que le taux d'infection à VIH dans les populations-clés ciblées par les études était plus élevé que ce que on pensait". "Dans ce contexte, permettre un accès à la PrEP pour les publics les plus exposés devient un impératif éthique et politique. Il faut sensibiliser les communautés les plus vulnérables sur toutes les méthodes de prévention du VIH, y compris la PrEP" a déclaré, de son côté, Bruno Spire président de AIDES.

Seattle : Day 3

En ce troisième jour de Croi... La première plénière était consacrée à la prévention et la prise en charge du VIH chez les enfants. Diana Gibb rappelle qu’en 2013, 240 000 enfants ont été infectés par le VIH/sida, soit environ 660 nouvelles contaminations par jour et qu’environ 3,2 millions d’enfants vivent avec le virus dont 91 % sont en Afrique sub-saharienne. Elle rappelle les avantages de l’option B+ émise par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre des recommandations de la prévention de la transmission du VIH pendant la grossesse en 2013 : prescrire une trithérapie à la mère pendant la grossesse réduit de manière considérable le risque de transmission pendant la grossesse, au moment de l’accouchement et pendant la période d’allaitement. La principale difficulté rencontrée dans la mise en place des programmes B+ a été le maintien dans le soin des femmes tout au long de ce processus. On rappelle à quel point les interventions communautaires sont importantes pour accompagner les femmes vivant avec le VIH et que l’implication de leur partenaire est essentielle. Cette plénière a été aussi l’occasion de rappeler deux résultats importants présentés à la CROI. Il s’agit de l’essai PROMISE qui confirme l’intérêt de l’option B+ et de l’étude BREATHER qui a montré que l’on pouvait proposer des week-ends sans antirétroviraux aux adolescents sous traitement depuis des années.
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Seattle : Day 4

Séance plénière : Le risque cardiovasculaire des personnes vivant avec le VIHLes maladies cardiovasculaires sont une des causes majeures de décès chez les personnes vivant avec le VIH sous traitement. Les mécanismes sont mal connus. Les études suggèrent que l’infection par le VIH augmente par elle-même le risque indépendamment des facteurs de risque classiques comme le tabagisme, l’hypertension et l’hypercholestérolémie (taux de cholestérol élevé) ou la sédentarité. Les antirétroviraux peuvent jouer un rôle négatif en augmentant le LDL cholestérol pour certains, mais aussi un rôle positif en réduisant l’inflammation créée par la prolifération virale. Certaines protéines virales comme Nef, pourraient être athérogènes (qui favorisent le dépôt de plaques d’athérome dans les artères…). La durée d’immunosuppression et un nadir (le plus bas taux de CD4 qu’une personne ait connu) bas de CD4 sont également associés à un risque d’infarctus plus élevé. L’inflammation chronique due à l’activation immunitaire pourrait être une des raisons. Les plaques d’athérome des personnes vivant avec le VIH subissent une inflammation ; plus grosses, plus segmentées et non calcifiées, avec un risque plus important de se décrocher et plus de risque d’événements cliniques graves (obstruction des vaisseaux et artères). Il faut diagnostiquer ces plaques à haut risque de façon plus adaptée. La prévention n’est pas adaptée car les scores qui permettent de décider de prescrire des statines ne seraient pas adaptés aux personnes vivant avec le VIH. Il faut agir sur les facteurs de risque classiques et jouer aussi sur l’immuno-modulation. Chez les séronégatifs, les médicaments de la famille des statines réduisent le risque cardiaque en faisant diminuer le cholestérol  LDL. Chez les personnes vivant avec le VIH, cela joue de la même façon et aussi en diminuant l’inflammation. Les nouvelles générations de statines n’augmenteraient pas la glycémie (taux de sucre dans le sang) et seraient sans interaction avec les anti-protéases. Des données observationnelles montrent une baisse de la morbidité chez les personnes vivant avec le VIH sous statine. On a pu observer une diminution des plaques d’athérome à haut risque. Cependant un grand essai randomisé sera nécessaire pour tester l’intérêt de ces statines chez les personnes séropositives asymptomatiques.
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