IAS 2017 : on vous dit tout !

Publié par Sophie-seronet le 16.08.2017
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La 9e conférence scientifique sur le VIH a pris ses quartiers parisiens au Palais des congrès du 23 au 26 juillet 2017. L'occasion pour les militants, chercheurs et politiques de se rencontrer pour échanger sur les nouvelles découvertes et réfléchir ensemble aux solutions pour aller rapidement vers une fin de l'épidémie. Compilation des moments forts...

L’ANRS expose les enjeux

La 9e conférence "IAS 2017" se tiendra au Palais des congrès, Porte Maillot. Par ailleurs, en amont et en marge de la conférence officielle, plusieurs événements ont été organisés. Pour cette édition parisienne, l'IAS (l’organisateur des conférences mondiales et scientifiques) s'est associée à l'Agence nationale de recherche sur le VIH/sida et les hépatites virales (ANRS). L'ANRS en assure ainsi la co-présidence. La conférence ne s’est pas tenue en France depuis 2003. La précédente édition avait marqué les esprits et tenu une place particulière dans l'histoire de la lutte contre le VIH/sida. Comme le souligne l’ANRS dans un communiqué : "Elle a été, en effet, la tribune de plaidoyers remarqués en faveur de l'accès aux traitements pour les pays du Sud, lancés en particulier par les présidents Jacques Chirac et Nelson Mandela. A Paris, fin juillet, environ 7 000 délégués sont attendus (chercheurs, médecins cliniciens, activistes, responsables d’organismes de recherches et d’organisations internationales, industriels du médicament, etc.).
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(brève) "President Macron, don’t make the HIV epidemic great again"
Des milliers de chercheurs et d’activistes venus de toute la planète qui se réunissent à Paris jusqu’au 26 juillet pour la conférence scientifique mondiale sur le VIH/sida, et le "Président français qui a choisi de déserter". C’est par ces mots que trois organisations non gouvernementales (Coalition PLUS, Act Up-Paris et AIDES) ont choisi d’interpeller l’exécutif. Pour ces associations, cette "absence remarquée" alimente les "craintes sur l’engagement de la France pour mettre fin à la pandémie du VIH/sida". Et les associations de rappeler, par effet de contraste, l’attitude d’un de ses prédécesseurs. "Le 17 juillet 2003, le Président Jacques Chirac montait à la tribune de la conférence de l’IAS (International aids society), à Paris, devant 5 000 conférenciers du monde entier, dont Nelson Mandela, pour y lancer un "appel solennel aux gouvernements des pays donateurs du monde entier pour qu'ils fassent preuve, malgré les difficultés budgétaires, de plus de générosité". Le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme venait d’être créé, et la France en était la locomotive", explique un communiqué commun. "Quatorze ans plus tard, la même conférence est de retour à Paris. Et les efforts en faveur du  Fonds mondial, mais aussi d’Unitaid, commencent à porter leurs fruits. La barre symbolique des 50 % de personnes ayant accès à un traitement a été franchie cette année, et le taux de décès a été divisé par deux depuis le pic de 2005. Une avancée qui reste fragile : 17 millions de personnes n’ont toujours pas accès à un traitement, et une personne décède du sida toutes les trente secondes dans le monde. Cette moitié de chemin parcourue, nous la devons à la mobilisation des populations-clés, aux innovations thérapeutiques, et aux programmes de prévention. Mais pour les rendre accessibles à toutes et tous, il faut des moyens financiers. Or cette année, les contributions des pays les plus riches à la lutte mondiale contre le VIH/sida ont atteint leur niveau le plus bas depuis 2010. La France, qui pouvait s’enorgueillir d’avoir porté haut cette lutte, se désengage ces dernières années à coups de petits calculs comptables : retards de paiement de sa contribution au Fonds mondial, réduction de sa contribution à Unitaid, et aujourd’hui une coupe de 158 millions d’euros dans l’aide publique au développement pour 2017, en contradiction avec les promesses du candidat Emmanuel Macron", détaillent les associations. "L’absence du nouveau Président français à cette conférence majeure sonne comme une marque de mépris pour la lutte menée depuis 30 ans par notre pays contre une pandémie qui a déjà tué plus de 35 millions de personnes. Une lutte qui avait vu l’implication personnelle de Présidents de la République et leaders politiques français de droite comme de  gauche. Ce désengagement de la France, engagé par François Hollande et poursuivi par Emmanuel Macron, est aujourd’hui comparable à celui de Donald Trump", concluent les associations.

(brève) Monsieur le Président, marchons ensemble vers un monde sans sida !
Le 22 juillet dernier, Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de médecine, et une vingtaine de chercheurs, parmi lesquels les Pr Christine Rouzioux, Jean-Daniel Lelièvre, Vincent Le Moing, Victor Appay, les docteurs Renaud Becquet, Nathalie Mielcarek, Karine Lacombe, Constance Delaugerre, etc. ont adressé un appel au président de la République : "Monsieur le Président, marchons ensemble vers un monde sans sida !" Les signataires rappellent que "si l'engagement politique et financier en santé mondiale n'augmente pas, nous ne pourrons jamais voir de notre vivant la fin de l'épidémie. Si les pays les plus touchés par l'épidémie participent à hauteur de 57 % au financement global de la lutte, les pays les plus riches ne doivent pas ralentir leurs efforts au risque de mettre en péril tous les progrès réalisés ces dernières décennies", précisent-ils. D’autant que le contexte est mauvais et que "la lutte contre le VIH/sida, mais aussi contre la tuberculose, l'une des premières causes de mortalité chez les personnes vivant avec le VIH, font face à une double contrainte : la croissance des résistances aux médicaments, et la baisse ou l'arrêt des financements internationaux", constatent les chercheurs. Ces derniers demandent au président Emmanuel Macron d’être "à l'initiative d'un renouveau de la lutte" contre le sida. Leur texte est à découvrir sur le site du "Point".

Paris fait sa "Déclaration"… communautaire

Il est des conférences internationales sur le sida qui frappent les esprits et marquent un tournant dans le combat contre le VIH. C’est parfois une annonce scientifique (l’arrivée des trithérapies en 1996) ou un cap franchi sur le terrain militant. Ce fut le cas à Denver en 1983, puis en 1994 avec le principe Gipa. Cette année, à l’occasion de la "HIV science conférence" qui se tient à Paris du 23 au 26 juillet, la société civile a pour ambition de marquer un de ses tournants. Depuis plusieurs mois, des activistes du monde entier travaillent à la "Déclaration communautaire de Paris" qui sera lancée le 23 juillet.
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Moments critiques !

La 9e conférence mondiale HIV Science s’est ouverte (23 juillet) à Paris. En conférence de presse comme durant la cérémonie d’ouverture, chercheurs et activistes ont demandé que les États ne relâchent pas leurs efforts afin de parvenir à atteindre la fin de l’épidémie. Alors que des résultats importants sont attendus, les menaces sur la solidarité mondiale et les financements nécessaires à la réponse inquiètent, pourtant pierre angulaire de la réussite. Récit de la soirée.
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(brève) L’OMS appelle à la mobilisation contre les résistances au VIH
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a profité de la 9e Conférence HIV Science qui se tient à Paris jusqu’au 26 juillet pour alerter sur le développement inquiétant des virus résistants aux traitements antirétroviraux. Dans son communiqué de presse publié le 20 juillet, l'organisation onusienne estime que d’ici à 2030, un décès de malades du sida sur six pourrait être attribué à des résistances médicamenteuses aux traitements du VIH. Si elle salue la hausse considérable de l’accès aux antirétroviraux dans le monde, elle souligne que ces résistances "pourraient compromettre les progrès mondiaux en matière de traitement et de prévention du VIH si des mesures efficaces ne sont pas prises rapidement". Les ruptures de traitement liées aux difficultés d’approvisionnement dans certains pays ont des conséquences désastreuses sur les résistances qui se développent lorsque l’observance fait défaut, obligeant des milliers de patient-e-s à changer pour d’autres traitements dont le coût élevé rend son accès parfois impossible dans certains pays. L’OMS rappelle la nécessité de travailler sur l’amélioration des systèmes de santé pour soutenir la rétention dans le soin, éviter les ruptures de traitement et surveiller le développement des résistances afin d'adapter aux mieux les antirétroviraux prescrits.

(brève) VIH : les associations "rassurées" par Macron
Violemment pris à partie lors de la session d’ouverture de la conférence HIV Science de Paris, dimanche dernier, le président de la République Emmanuel Macron avait décidé de changer son agenda et de recevoir (lundi 24 juillet) plusieurs responsables d’associations et d’institutions de lutte contre le sida. Ils sont sortis "rassurés" de leur entretien avec le président de la République et attendent qu'après "les paroles" les "actes" suivent. A l'issue de la rencontre qui a duré plus d'une heure, Aurélien Beaucamp, président AIDES, a expliqué que le chef de l'Etat devrait faire "des annonces dans les jours à venir sur les populations les plus fragilisées vis-à-vis du VIH, notamment les populations migrantes". L'entretien "nous a rassurés, mais maintenant paroles égalent actes", a-t-il ajouté. Dans un communiqué diffusé par l'Elysée, "le président de la République s'est engagé à garantir la digne prise en charge des personnes les plus fragiles et les plus exposées au virus". Les associations avaient vivement critiqué dimanche l'absence d’Emmanuel Macron lors de l'ouverture de la conférence mondiale de recherche mondiale sur le sida organisée à Paris. "Nous aurions aimé qu'il soit là, mais en même temps nous avons apprécié son honnêteté sur le fait de dire qu'il souhaitait travailler en amont le dossier et discuter avec nous pour bien comprendre les enjeux", a déclaré la directrice générale de Sidaction, Florence Thune. "Cela nous a rassurés d'avoir cet échange direct avec lui, qui nous a permis de re-soulever et de l'alerter sur la question de discriminations vis-à-vis des personnes atteintes", a-t-elle ajouté. Florence Thune a apprécié que "la question de la prévention en prison" et "de manière générale des personnes les plus exposées au risque du VIH en France" ait pu être abordée. Concernant les actions à mener auprès des jeunes, le président de AIDES a salué l'engagement de la ministre de la Santé Agnès Buzyn à restaurer "une prévention beaucoup plus élaborée auprès des collégiens et lycéens comme cela avait pu être le cas dans les années 90". Dans son communiqué, l’Elysée explique également qu’Emmanuel Macron a "tenu à rappeler l’engagement tant scientifique que financier de la France dans la recherche, l’innovation, l’accès aux traitements et la coopération internationale, pour contribuer aux objectifs d’éradication du VIH-sida d’ici à 2030, et compte tenu des défis qui restent à relever". Reste qu’aucune annonce financière n’a été faite… Cela reste bien loin des demandes exprimées par les associations de lutte contre le sida dans leurs récents communiqués.

(brève) L'AP-HP et Vers Paris sans sida signent pour la PrEP
Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) et Michel Bourrelly, président de l’association Vers Paris sans sida ont signé lundi 24 juillet 2017, à l’occasion de la 9ème conférence scientifique sur le VIH/sida, une convention pour renforcer les consultations PrEP à l’AP-HP, tout particulièrement dans ses Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD). Aujourd’hui, il existe à l’AP-HP des consultations dédiées à la PrEP dans quatorze hôpitaux. Elles se déploient également dans les CeGIDD qui sont autorisés à la prescrire depuis juin 2016. En 2016 plus de 2 000 personnes ont débuté la PrEP en Ile-de-France, dont près de 80 % à l’AP-HP, toutes structures confondues, indique l’AP-HP. Compte tenu du nombre important à Paris de personnes susceptibles de bénéficier de la PrEP et des caractéristiques propres aux consultations préalables à l’administration du traitement (longues et nécessitant un accompagnement spécifique), la Ville de Paris, à travers l’association Vers Paris sans sida a souhaité apporter une aide financière à l’AP-HP pour lui permettre de renforcer ses moyens humains (vacations non médicales pour l’accueil des patients, counseling, etc.) dans les lieux de prescription de la PrEP, notamment dans ses CeGIDD. Vers Paris sans sida accordera un financement de 15 000 euros pour 2017 à chaque CeGIDD parisien de l’AP-HP : Bichat, Saint-Louis Lariboisière, Pitié-Salpêtrière, Saint-Antoine, et Hôtel-Dieu. Le soutien financier a également été étendu au service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Louis, où a été ouverte la première consultation PrEP en France et qui suit actuellement plus de 1 000 personnes, ainsi qu’au CeGIDD d’Ambroise-Paré, compte-tenu de ses activités dans le Bois de Boulogne. La subvention de Vers Paris sans sida permettra aussi à l’association Aremedia, en lien avec le groupe hospitalier Saint-Louis-Lariboisière de l’AP-HP, de réaliser une action spécifique de PrEP "hors les murs".

Pluie de nouvelles sur Paris !

Sous le ciel capricieux parisien, à l’abri du palais des congrès parisien, une autre pluie s’abat : celles des résultats d’essais. Durant cette première journée, les annonces ont été abondantes. PrEP, rémission fonctionnelle, traitement du VIH et du VHC, les nouvelles tombent sans discontinuer, malgré le contexte mondial orageux quant à l’implication des États.
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(brève) La "marche arrière de la France" critiquée
Plusieurs associations (Action santé mondiale - GHA, le Planning familial, Sidaction et Solthis) ont profité de l’ouverture de la conférence HIV Science pour dénoncer la "marche arrière de la France en santé mondiale et en recherche" et s’interroger sur la responsabilité du président Emmanuel Macron dans ce recul. "Nos associations déplorent l’absence d’engagement du président de la République dans la lutte contre le VIH-sida et condamnent la véritable marche arrière amorcée par le nouveau gouvernement en matière de santé mondiale et de recherche", écrivent-elles dans un communiqué (23 juillet). "Si la France s’est bien dotée d’une stratégie française globale et transversale en santé mondiale, sa mise en œuvre, à ressources financières actuelles et constantes, reste illusoire, critiquent les associations. Pire encore, faisant fi de son engagement international d’allouer 0,7 % de son RNB [revenu national brut, ndlr] à l’aide publique au développement, le nouveau gouvernement décide de lui soustraire 140 millions d’euros et diminue par ailleurs de 331 millions d’euros le budget du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. En amputant une partie des financements dédiés à la santé mondiale et supprimant une partie des financements de la recherche, pourtant indispensables aux innovations en santé, le gouvernement porte un coup fatal à la santé mondiale et met fin au rôle historique et capital de la France, en la matière". A cela, s’ajoute "le report des négociations sur la taxe sur les transactions financières européenne" et la "suppression de la taxe sur les transactions intra-journalières", le gouvernement tourne ainsi "le dos à près de deux milliards d’euros". "Incohérentes et injustifiées, ces annonces sont d’autant plus inquiétantes qu’elles révèlent une stratégie politique, aux conséquences dramatiques sur la vie de centaines de millions de personnes, dont les 17 millions de personnes n’ayant toujours pas accès aux traitements antirétroviraux. Le gouvernement français doit donc réaffirmer l’engagement financier et politique de la France envers la santé mondiale et la recherche. Il doit (…) honorer les engagements financiers pris par ses prédécesseurs en décaissant les 55 millions d’euros manquant au Fonds mondial pour l’année 2017 et relevant à 110 millions d’euros sa contribution annuelle à Unitaid", concluent les associations.

Giovanna Rincon : "La santé, c’est avant tout des droits !"

La "Déclaration communautaire de Paris" est un des temps forts de la conférence IAS 2017 de Paris. Cette initiative a été présentée lors d’une conférence de presse spécifique et lors de la séance d’ouverture officielle de la conférence. C’est Giovanna Rincon, activiste trans et présidente de l’association Acceptess-T, qui vient en aide aux femmes trans migrantes, qui a prononcé le discours de lancement de cette "Déclaration". L’activiste a puisé dans son parcours personnel et son engagement militant pour montrer comment on était passé, pour la communauté trans, de la reconnaissance à la participation, l’implication. Voici son intervention.
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(brève) ARV par intramusculaire : résultats prometteurs
Les nouvelles modalités de prises des traitements antirétroviraux font actuellement l’objet de nombreuses recherches, comme la possibilité de les administrer par patch, implant ou injection à libération prolongée. L’enjeu : améliorer l’observance et soulager les personnes d’une prise quotidienne et orale d'un ou plusieurs comprimés. C’est à l’occasion d’une session consacrée aux posters sélectionnés par les co-présidents de la 9e Conférence sur les sciences du VIH à Paris qu’ont été présentés par Joseph Eron de l’Université de Caroline du Nord les résultats très attendus à 96 semaines de l’essai Latte-2. Cet essai de phase 2b visait à comparer auprès de 309 personnes l’efficacité sur le contrôle de la charge virale d’une administration d’un traitement antirétroviral à base de cabotégravir (un anti-intégrase) et rilpivirine (Edurant) par injection intramusculaire toutes les quatre ou huit semaines, par rapport à une prise orale sous forme de comprimés de ce même traitement. Egalement publiés aujourd’hui dans la célèbre revue médicale "The Lancet", les résultats de cet essai montrent qu’il n’y a pas de différence d’efficacité, que ce soit en prise orale ou par injection. Les réactions au niveau du site d’injections (douleurs, bleus) étaient négligeables et aucun effet indésirable sérieux lié au traitement n’a été constaté. Si ces nouvelles modalités d’administrations semblent prometteuses et sont très appréciées par les participants des essais concernés, elles ne sont pas sans poser un certain nombre de questions, en particulier à l’initiation qui demande de passer préalablement par une prise orale pendant quelques semaines pour vérifier la tolérance et sur l’arrêt en cas d’effets indésirables qui surviendraient par la suite, sans possibilité alors d’arrêter la diffusion du produit dans l’organisme qui aura déjà été injecté. On peut se demander aussi ce qui se passerait si une personne venait à manquer son rendez-vous, retardant alors sa nouvelle injection d’antirétroviraux. On sait, en effet, qu’à concentration insuffisante du traitement dans l'organisme, le virus peut alors muter et devenir résistant aux molécules du traitement antirétroviral. Le développement des traitements à libération prolongée nécessitera probablement la mise en place d’un accompagnement spécifique des personnes en éducation thérapeutique et la possibilité d’avoir une solution de secours en cas de rendez-vous manqué, comme le fait de disposer de comprimés permettant de repasser temporairement à une prise orale. A l’heure de l’espacement des rendez-vous du suivi VIH, si cette modalité de prise toutes les quatre à huit semaines venait à se développer, il faudra probablement revoir au contraire à la hausse leur nombre, au moins en consultation infirmière pour réaliser les injections. Il faudra encore quelques années, la fin des essais cliniques et des étapes indispensables d’autorisation de mise sur le marché, avant une commercialisation effective des traitements à libération prolongée.

Cent réponses, sans répit !

Pas de pause en ce deuxième jour. Les sessions s’enchainent et les constats s’accumulent : solidarité politique et financière contre l’épidémie, outils de prévention de l’infection et accès aux traitements, les stratégies sont multiples et surtout complémentaires. Des zones les plus pauvres du monde, souvent délaissées par la réponse mondiale, aux villes les plus riches où certaines communautés restent très vulnérables au VIH, les enjeux sont pléthoriques. Retour sur les points saillants de cette troisième journée.
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(brève) VIH : des nouvelles prudentes sur le vaccin
Une étude à un stade encore préliminaire sur un vaccin contre le VIH a donné des résultats "encourageants" pour aller plus loin. Testé chez 393 volontaires dans cinq pays (Etats-Unis, Rwanda, Ouganda, Afrique du Sud et Thaïlande), ce candidat-vaccin a entraîné une réponse immunitaire (la production d'anticorps) chez 100 % des participants, selon l'étude présentée (24 juillet) lors de la conférence HIV Science IAS 2017. "Ces données prometteuses, combinées aux avancées d'autres chercheurs dans ce domaine, autorisent à être de nouveau optimiste quant à la possibilité de développer un vaccin contre le VIH", a estimé avec prudence le Pr Dan Barouch, membre de l'équipe de recherche, au cours d'une conférence de presse. Selon les experts, un vaccin resterait le meilleur moyen de mettre fin à l’épidémie de VIH. "A ce jour, seuls quatre projets de vaccin ont atteint le stade du test de leur efficacité clinique", a rappelé Dan Barouch, les autres ayant été abandonnés en phase préliminaire en raison de leur manque d'efficacité. Ce nouveau vaccin expérimental, "à double détente", consiste tout d'abord à mettre en éveil le système immunitaire avec un virus de rhume, avant de le doper avec une protéine se trouvant sur l'enveloppe du VIH, déclenchant une réaction plus vigoureuse de l'organisme. Cette stratégie a d’abord été étudiée sur des singes, les résultats avaient été publiés il y a deux ans. Cette stratégie avait permis d'empêcher l'infection chez les deux tiers des primates, a rappelé Dan Barouch, virologue et professeur à la faculté de médecine de l'université de Harvard. "Bien sûr, on ne sait pas encore si ce vaccin protègera les humains. Mais ces données justifient de mener une étude d'efficacité à plus grande échelle", a-t-il estimé, cité par l’AFP. Après une nouvelle évaluation, la phase suivante des tests, sur des participants présentant un risque élevé de contamination par le VIH, pourrait débuter "fin 2017 ou début 2018", dans des pays du sud de l'Afrique, a indiqué dans un communiqué le laboratoire Janssen qui développe ce vaccin expérimental. Mettre au point un vaccin sera "très difficile" convient Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), un organisme public de recherche américain, mais un succès "bouleverserait le paysage", a-t-il expliqué à l'AFP. "Même si on obtient une efficacité de 50 % à 60 %, (...) cela aurait un impact majeur sur la pandémie", a-t-il ajouté. Un autre vaccin expérimental, baptisé HVTN 702, fait actuellement l'objet d'un essai clinique à grande échelle en Afrique du Sud.

(brève) ARV et risque de fracture
Les personnes vivant avec le VIH présentent une densité minérale osseuse (DMO) plus faible que la population générale, et un risque de fracture osseuse plus élevé. Plusieurs études ont suggéré un lien entre la baisse de la densité minérale osseuse et la mise sous traitement antirétroviral, en particulier avec le ténofovir (Truvada) et les antiprotéases. Le rôle des antirétroviraux sur le risque de fractures est toutefois débattu parmi les scientifiques. Comme le rappelle Dominique Costagliola (Inserm, UPMC Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique) : "Parmi les sept études publiées explorant ce lien, une seule rapporte une hausse du risque de fracture avec le ténofovir. D’autres ne trouvent pas forcément d’association, tant pour le ténofovir, que pour les [antiprotéases]. Sans compter que l’ensemble de l’histoire thérapeutique des patients n’est pas toujours prise en compte". Dominique Costagliola et ses équipes ont donc mené une étude, dite étude cas-témoin soutenue par l’ANRS et l’Agence nationale de sécurité du médicament afin d’évaluer la répercussion des antirétroviraux sur le risque de fracture. Les chercheur-e-s se sont focalisés sur les sites de fractures ostéoporotiques (vertèbre, hanche, poignet, etc.) et n’ont considéré que les fractures de basse énergie (survenant après un traumatisme de faible intensité). Ils ont intégré l’ensemble des facteurs de risque de perte osseuse, comme l’âge, l’indice de masse corporelle (IMC) ou encore le tabagisme et la consommation d’alcool ou de thérapie par corticoïdes. Les chercheurs ont travaillé à partir de la cohorte française des patient-e-s pris en charge à l’hôpital et vivant avec le VIH qui a été constituée en 1989 : FHDH ANRS CO4. L’étude a été menée sur 861 personnes. Ces dernières n’avaient pas commencé le traitement antirétroviral au moment de leur inclusion dans la cohorte et ont présenté une fracture entre les années 2000 et 2010. Pour 261 des participants, la fracture était une fracture de basse énergie à un site ostéoporotique. Les patients avaient un âge moyen de 49 ans et ont été, en majorité, exposés au ténofovir (49 % des cas) et aux antiprotéases (82 %). Les données recueillies ont été comparées avec celles de patients au profil similaire, notamment sur la l’âge, le sexe et la période de diagnostic de l’infection à VIH, mais n’ayant pas rapporté de fracture sur la même période. L’analyse montre une absence d’association entre le risque de fracture, le type de traitement antirétroviral (qu’il soit par antiprotéases ou par ténofovir) ou la durée d’exposition au traitement. "On retrouve, en revanche, un risque de fracture accru avec les facteurs habituels, comme un faible IMC, une consommation d’alcool ou une utilisation de glucocorticoïdes", commente Dominique Costagliola. "Une baisse de densité minérale osseuse est observée avec le ténofovir, mais seulement la première année. A plus long terme, la perte osseuse devient similaire entre patients infectés par le VIH et des patients non infectés", ajoute la chercheure. "Ces résultats sur le ténofovir sont d’autant plus importants que se pose actuellement la question de l’intérêt d’un traitement par le ténofovir de nouvelle génération, le TAF (ténofovir alafenamide fumarate), que l’on suppose avoir moins d’impact sur l’os, par rapport aux génériques du ténofovir". La nouvelle combinaison de ténofovir, est actuellement proposée comme alternative, alors que les génériques du ténofovir devraient bientôt arriver sur le marché, rappelle un communiqué de l’ANRS. "Ces résultats, obtenus sur un grand nombre de patients sont encourageants pour les patients sous antirétroviraux depuis plusieurs années et qui se posent des questions sur les effets indésirables des molécules (…) Ils sont également à considérer alors que la forme générique du ténofovir devrait bientôt être disponible", estime le professeur François Dabis, directeur de l’ANRS.

Effets de la consommation de café et de cannabis sur le foie

Deux études réalisées dans le cadre de la cohorte ANRS CO13-Hepavih de patients co-infectés par le VIH et l’hépatite C mettent en évidence un risque moins élevé de fibrose du foie chez les personnes qui consomment au moins trois tasses de café par jour, quel que soit leur niveau de consommation d’alcool, et un risque moins élevé de stéatose hépatique (le "foie gras") chez les consommateurs quotidiens de cannabis. Explications.
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Claque de fin pour Gilead

Troisième et dernier jour de conférence à Paris, hier mercredi. Peu à peu, les participant-e-s quittent le Palais des Congrès et Paris, qui retournent à des activités plus estivales. En conclusion de cette 9e conférence HIV Science, la cérémonie de clôture balaye l’ensemble des faits marquants présentés depuis lundi, et fait le lien sur ce qui reste à faire. Plus que jamais, les données scientifiques confortent la possibilité de construire une réponse globale, mais adaptée à chaque contexte pour en finir avec le sida. Mais l’interrogation demeure sur ce qui sera fait de cette connaissance inestimable, qui n’a de valeur que si elle se traduit en actes. Dernières infos et clap de fin !
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Gilead, la cible des activistes

La clôture de la 9e conférence HIV Science a été marquée par la prise de parole, imprévue, de la société civile et activiste, sur l’enjeu primordial du prix du médicament. C’est Othoman Mellouk, militant marocain de la Coalition internationale sur l’accessibilité des traitements (ITPC), qui a sonné la charge contre un laboratoire pharmaceutique en particulier : Gilead. Dans un discours puissant, le militant a mis les pieds dans le plat.
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"Le respect de nos droits est bon pour notre santé !"

La "Déclaration communautaire de Paris" a été un des temps forts de la conférence IAS 2017. Cette initiative a été présentée lors d’une conférence de presse et dans le cadre de la séance d’ouverture officielle de la conférence. Elle met au cœur de la réponse au VIH les populations clefs, la prise en compte de leurs droits. Cet engagement communautaire, Yves Yomb le mène au sein de l’association Alternatives Cameroun qui a pour mission de défendre les droits des minorités sexuelles. Yves était un des intervenants de la séance de clôture de la conférence HIV Science de Paris. Dans son discours, il est revenu sur son parcours, son engagement et l’importance de la prise en compte des populations clefs pour en finir vraiment avec l’épidémie.
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"La Déclaration de Paris sur le VIH : pas sans la recherche"

Le monde de la recherche sur le VIH a, lui aussi, fait sa Déclaration de Paris, à l’occasion de la Conférence IAS 2017 ("HIV Science"). Cette déclaration met surtout l’accent sur la baisse des financements et les conséquences qu’elle pourrait avoir sur la lutte contre le sida. La voici.
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