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Le 14 décembre 2015, plusieurs associations médicales ou représentant les malades (1) ont appelé la ministre de la Santé, Marisol Touraine, à élargir...

Les nouveaux traitements contre l'hépatite C mais pas que !

Les nouveaux traitements contre l'hépatite C permettent de soigner bien d'autres pathologies 


SANTÉ - Entre 150 et 170 millions de personnes sont infectées par le virus de l'hépatite C (VHC) dans le monde selon l'OMS. En France cette maladie touche environ 300.000 personnes. Il s'agit d'un problème crucial de santé publique d'autant plus que l'état de la recherche prouve de manière irréfutable que l'hépatite C provoque une surmortalité des sujets infectés. Le suivi sur de longues périodes de groupes de patients infectés, démontre que le VHC entraîne la survenue de maladies sévères du foie comme la cirrhose  ou le cancer du foie. Nous savons aussi que les patients infectés ont deux fois plus de risques que les non infectés de décéder d'une pathologie extra hépatique comme les maladies cardiovasculaires et certains cancers. 

Jusqu'en 2012, les manifestations extra hépatiques les plus souvent décrites par les chercheurs portaient sur les pathologies auto-immunes. Depuis trois ans, les chercheurs ont démontré que le VHC avait un impact sur d'autres pathologies extra hépatiques notamment cardiovasculaires, rénales, métaboliques ou neurologiques. Il faut souligner que l'amélioration des connaissances est en partie liée à un progrès considérable des traitements et des soins. Alors que pendant une vingtaine d'années, le traitement du VHC reposait sur des cures d'Interféron, lourdes, fatigantes qui permettaient de guérir 40% des patients, la médecine recourt aujourd'hui à des combinaisons antivirales, sans Interféron, particulièrement efficaces: le taux de guérison dépasse les 90%! Ajoutons que les traitements sont courts, trois mois et très bien tolérés par les patients. Il est plus que probable que ces nouveaux traitements ont des effets bénéfiques sur les atteintes extra hépatiques liées au VHC. Il apparait d'ores et déjà que de nombreuses pathologies pourront être résolues après la guérison virologique de l'hépatite C. 

Le virus de l'hépatite C comme un nouveau facteur de risque cardiovasculaire 

Selon une très récente étude, le sur-risque de mortalité par maladie cardiovasculaire s'élève à 65% chez les patients atteints du VHC. Cette étude complète une série d'autres recherches qui démontrent le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) par l'augmentation des plaques carotides qui restreignent l'irrigation du cerveau chez les patients atteints du VHC, en particulier les fumeurs, ainsi que les risques d'infarctus du myocarde. Si ces personnes infectées souffrent d'hypertension ou de diabète , les risques de mortalité cardiovasculaire augmentent encore, respectivement de 35% et de 71%. D'autres recherches ont démontré une réduction considérable des risques d'AVC chez les patients infectés qui profitent d'un traitement antiviral à base d'interféron: entre 38% et 61% par rapport à des malades non traités. Idem pour chez les diabétiques. Le suivi de patients pendant une dizaine d'années a prouvé qu'un traitement antiviral divise littéralement par deux les risques de décès cardiovasculaires, 13% contre 23,6%. Les analyses par scintigraphie, qui cernent les zones de circulation sanguine au niveau du cœur, montrent une amélioration sensible de la perfusion sanguine des patients guéris grâce à un traitement antiviral, contrairement à d'autres malades toujours infectés par le VHC. 

Le VHC pèse sur l'insuffisance rénale 

Nous savons aujourd'hui que le VHC est directement responsable de plusieurs types de complications rénales. Par exemple la séropositivité VHC s'accompagne fréquemment d'une dégradation de la fonction rénale et de présence de protéines dans les urines, indépendamment de facteurs métaboliques plus habituels comme le diabète, l'hypertension artérielle, l'obésité ou le cholestérol. Le suivi d'un groupe de patients diabétiques et infectés par le VHC sur une période de huit années a révélé que l'incidence cumulée d'insuffisance rénale terminale était trois fois plus faible chez les patients virologiquement guéris que chez ceux qui n'avaient pas bénéficié d'un traitement. 

Résistance à l'insuline et diabète 

Nous savons que les liens entre une infection VHC et un diabète de type 2 résultent d'interactions complexes comme l'insulino-résistance, la stéatose hépatique (accumulation de graisse dans le foie) et d'autres processus inflammatoires. L'infection chronique par le virus C est accompagnée d'une augmentation des anomalies du métabolisme glucidique, comme l'insulino-résistance et le diabète de type 2. Nous constatons en effet une fréquence accentuée des marqueurs d'infection VHC chez les patients insulino-résistants ou diabétiques. Inversement, il existe une fréquence anormalement élevée des anomalies glucidiques chez les patients infectés par le VHC. Les chercheurs ont constaté que ces données sont constantes quelles que soient les groupes de comparaison, volontaires sains ou porteurs chroniques du virus de l'hépatite B. La présence de ces anomalies glucidiques chez les patients VHC accentue l'impact négatif de celui-ci sur les principales complications hépatiques comme certaines lésions sévères du foie, l'échec des traitements à base d'interféron et les cancers du foie. 

Le VHC altère aussi la qualité de vie 

Le VHC provoque de nombreux troubles neurocognitifs qui affectent lourdement la qualité de vie des malades. Ces troubles peuvent être des fatigues anormales, des dépressions nerveuses et des troubles de la concentration. La recherche a d'ailleurs découvert des fragments du génome du VHC sur des biopsies post-mortem de tissu cérébral. Les études par IRM cérébrale prouvent que ces anomalies disparaissent chez les patients guéris. Les résultats de l'imagerie cérébrale sont d'ailleurs corroborés par les tests neuropsychologiques sur l'apprentissage verbal ou la mémoire visio-spatiale. Ainsi, il semble bien que le virus de l'hépatite C attaque le système nerveux central. Nous constatons aussi des anomalies des voies de transmission entre les neurones du système nerveux central. Cette altération explique largement certains troubles neurocognitifs et des phénomènes dépressifs: 25 à 30% des patients souffrent de dépression avant tout traitement antiviral. Ces troubles cognitifs pénalisent le tiers des patients qui souffrent de lésions fibrosantes hépatiques sévères. L'éradication virale  a permis de résoudre très sensiblement les troubles cognitifs. 

Près de la moitié des personnes atteintes par le virus C (avant tout soin) souffrent de fatigue contre à peine 1% du reste de la population. Cette fatigue affecte grandement leur qualité de vie. Elle n'est pas liée à la charge, au génotype , à la consommation d'alcool, ou aux anomalies thyroïdiennes. Chez les personnes infectées, tous les scores de mesure de la qualité de vie sont mauvais. La guérison après un traitement antiviral à base d'interféron réduit de manière significative cette fatigue et améliore la productivité des sujets. Mais surtout, les nouveaux traitements agissent encore plus positivement sur la qualité de la vie des patients. Il est plus que probable que ces résultats soient dus à la rapidité d'action et la grande efficacité des nouveaux traitements, et au retrait de l'interféron dans ces récentes combinaisons. 

La vascularite cryoglobulinémique 

Cette maladie, liée à la production en excès d'une protéine -la cryoglobuline- entraîne une inflamation de la paroi des petits vaisseaux sanguins. Elle provoque des troubles plus ou moins importants comme des douleurs articulaires ou musculaires, des fatigues ou des taches rouges sur les jambes. Plus rarement elle peut entrainer des atteintes autrement plus sévères engageant le pronostic vital: atteinte rénale, digestive, cardiaque ou cérébrale. L'infection par le VHC est la cause reconnue de plus de 80% de ces vascularites cryoglobulinémiques. La survenue d'une vascularite cryoglobulinémique est plus fréquente chez les personnes âgées et chez celles qui sont infectées par le VHC sur une longue période. Malgré les progrès thérapeutiques, les formes sévères touchent encore 10 à 20% des patients, avec une mortalité de 10% des patients. La guérison virale, après des traitements antiviraux, s'accompagne d'une rémission de la vascularite cryoglobulinémique. En cas de rechute virologique, nous constatons aussi une rechute de la vascularite dans les semaines qui suivent la réapparition du virus C dans le sang. Heureusement, les progrès thérapeutiques spectaculaires réalisés dans le traitement des vascularites liées au VHC permettent actuellement de guérir plus de 75% des patients. 

Le VHC augmente les risques de lymphome 

Les lymphomes sont des maladies du sang. De nombreuses études ont prouvé les liens très étroits entre le virus de l'hépatite C et le lymphome B non-Hodgkinien (B-LNH). Les sujets infectés par le VHC ont un risque 2,5 fois plus important de développer un lymphome que les sujets non infectés! La médecine arrive aujourd'hui à des rémissions complètes de certains B-LNH liés au VHC avec des traitements excluant les chimiothérapies! Par contre, une rechute virologique est suivie d'une rechute du lymphome. La guérison virologique est donc étroitement corrélée à la réponse hématologique. 

L'éradication du VHC permet de traiter d'autres pathologies critiques 

Les recherches ont montré que la disparition prolongée et définitive du VHC s'accompagne d'une diminution de la mortalité toutes causes. Cette véritable guérison virologique a aussi montré de nombreux bénéfices sur les atteintes extra hépatiques: diminution de la stéatose hépatique, diminution du risque de diabète de type 2 et d'insulino-résistance, diminution de l'incidence des accidents vasculaires cérébraux, diminution des évènements cardiovasculaires et rénaux chez les diabétiques, réduction de la fatigue, amélioration de la qualité de vie, amélioration des performances cognitives, régression/rémission des lymphomes B associés au VHC, et rémission des vascularites associées au VHC. 

Ainsi, au-delà des complications liées au foie, les patients porteurs chroniques du VHC sont exposés à de nombreuses complications systémiques, immunologiques, inflammatoires ou métaboliques qui pèsent lourdement sur la qualité de vie et augmentent les cas de mortalité non hépatique. Heureusement, les nouveaux traitements antiviraux sans interféron sont bien tolérés par les malades. Ils améliorent de façon remarquable les chances de guérison des patients et agissent de manière très efficace sur les pathologies extra hépatiques. 

Patrice Cacoub 
Chargé du Département de Médecine Interne et Immunologie Clinique de l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière 

http://www.huffingtonpost.fr/patrice-ca ... 10788.html


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La ''révolution'' des nouveaux traitements bouleverse la prise en charge de l'hépatite C

L'arrivée de traitements efficaces mais très onéreux contre l'hépatite C a bouleversé en quelques mois la prise en charge de cette maladie qui, en France, touche 230.000 personnes, selon des spécialistes réunis cette semaine à Paris.

Ces nouvelles molécules représentent "une grande révolution parce qu'on est passé de quelques pour cent de guérison (avec les anciens traitements, ndlr) à plus de 90%", explique Nathalie Boyer hépatologue de l'hôpital Beaujon de Clichy près de Paris.

Dans les dix ans qui viennent, on aura probablement une éradication du virus de l'hépatite C. C'est quelque chose qu'on n'espérait pas il y a quelques années", s'enthousiasme la spécialiste dans une vidéo diffusée au congrès Paris Hepatitis Conference

Cet optimisme n'a pas été partagé par tous les spécialistes présents à ce rendez-vous financé par les principaux laboratoires impliqués dans la mise au point des nouvelles molécules.

"Ce n'est pas la fin de l'hépatite C et ce n'est peut-être même pas le début de la fin, à cause de l'obstacle de l'accès aux nouveaux traitements", souligne le Pr Marc Bourlière de l'hôpital Saint Joseph à Marseille.

Ces "antiviraux à action directe" (AAD) bloquent la capacité de multiplication du virus de l'hépatite C et sont bien plus efficaces que les traitements conventionnels : l'interféron et la ribavirine. Ils n'ont pas les épouvantables effets secondaires de ces deux produits en particulier sur l'humeur, l'agressivité ou l'appétit des patients.

Mais ils sont extraordinairement chers: le prix d'un traitement standard de 12 semaines par sofosbuvir, le premier de ces médicaments arrivés sur le marché, a été fixé en France à 41.000 euros après un rabais consenti par le fabricant américain Gilead au gouvernement (57.000 euros prévus initialement).

D'autres de ces molécules ont été autorisées depuis, à des prix à peine moins élevés. Des combinaisons de plusieurs de ces AAD sont actuellement mises au point pour une meilleure efficacité, avec des prix avoisinant les 100.000 euros par patient.

-"Manque de bras"-

Pour les malades en échec de traitement avec les anciennes thérapies, ces nouvelles molécules sont tout simplement "formidables", note Alain, aujourd'hui définitivement débarrassé du virus.

Mais l'arrivée de cette "révolution" thérapeutique ne va pas sans heurts dans les services hospitaliers habitués à traiter cette pathologie comme une longue maladie chronique pouvant déboucher sur cirrhose et cancer du foie.

"On a une puissance phénoménale mais paradoxalement, on n'a jamais été aussi impuissant", déplore le vice-président de l'association SOS Hépatites, Dr Pascal Mélin. Il dénonce un "manque de bras" persistant dans les hôpitaux et des listes d'attentes qui s'allongent.

Un enquête réalisée par l'association montre qu'un malade nouvellement dépisté doit attendre en moyenne plus de 40 jours avant un premier rendez-vous dans un service hospitalier spécialisé.

L'arrivée des nouvelles molécules a provoqué un afflux de patients "qui n'étaient plus suivis et qui reviennent en très grand nombre, provoquant un goulot d'étranglement", souligne le Dr Boyer.

Seuls les patients les plus sévèrement atteints par le virus (ceux développant cirrhose ou fibrose du foie) ont normalement accès aux nouveaux traitements, soit environ 80.000 patients en France, selon cette hépatologue.

Mais les critères stricts et des obstacles administratifs (obligation d'évaluer les cas en réunions de concertation pluridisciplinaires) ralentissent la tâche des médecins.

"On est en train d'organiser le rationnement financier, on fait porter sur les médecins l'incapacité d'assumer des choix politiques", critique le Dr Mélin.

Ce médecin évalue à "plusieurs dizaines de milliers" les patients en France en attente de ces nouveaux traitements tandis que les hépatologues estiment qu'ils ne seront de toutes façons pas en mesure de traiter plus de 14.000 cas par an.

Le Pr Patrick Marcellin de l'hôpital Beaujon, organisateur du congrès, reste optimiste: "Tout cela va bouger, les prix très chers aujourd'hui (...) vont chuter, le nombre de patient va augmenter et les nouveaux traitements vont se banaliser"

Source : LeParisien.fr