Le labyrinthe des passions

bipolaire

Moi même bipolaire j,ai appris au fils du temps a me dompté......

 

Santé mentale : Maxime, diagnostiqué bipolaire à 22 ans, crée une asso pour les jeunes ayant un trouble psychiqueMA TÊTE ET MOIMaxime, atteint d’un trouble bipolaire, a co-fondé La Maison Perchée, un lieu d’échange et d’entraide pour les jeunes souffrant d’une maladie psychique, pour l'instant exclusivement en ligne et bientôt à Paris 
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Trouble bipolaire : «Je me suis réveillé, attaché en camisole»     Publié le 21/04/2022 à 07h05  L'essentiel

  •   «Ma tête et moi », le programme hebdomadaire de 20 Minutes consacré à la santé mentale des jeunes, revient pour une saison 2 sur Snapchat.
  •  Le but de ce rendez-vous : lever le tabou sur différentes pathologies psy grâce aux témoignages de jeunes concernés et tenter de trouver des solutions pour aller mieux.
  •  Pour ce premier numéro de la saison 2, on a rencontré Maxime Perez Zitvogel. Atteint d’un trouble bipolaire, il a co-fondé La Maison Perchée, une association pour venir en aide aux jeunes souffrant d’un trouble bipolaire, de schizophrénie ou d’un trouble borderline.

 

EDIT: Cet article est rediffusé car ce samedi 30 mars, c'est la Journée mondiale des troubles bipolaires.

Alors qu’il étudie en Chine, Maxime Perez Zitvogel ne dort quasiment plus. Il quitte son école de commerce pour créer quatre sociétés en trois mois, enchaîne les soirées, se promène dans les rues peint entièrement en bleu, rencontre une mannequin qu’il demande en mariage quelques jours après. Bref, Maxime vit à cent à l’heure. Pour lui, rien de bien grave. Mais progressivement, ses amis commencent à s’inquiéter. Et ils font bien. Le jeune homme sera diagnostiqué d’un trouble bipolaire peu de temps après.

Le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique chronique caractérisée par des variations de l’humeur disproportionnées dans leur durée et leur intensité. Les malades enchaînent les périodes de manie, avec une exaltation de l’humeur, de l’agitation, et les périodes de dépression. Entre elles : des moments de rémission, également appelés « euthymies ». Ces phases peuvent durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Dans un type de trouble bipolaire, elles peuvent être beaucoup plus courtes. La phase de manie qu’a vécue Maxime en Chine a duré près d’un an.

 Un espace en dehors de l’hôpital

Pour annoncer qu’il avait un trouble bipolaire à ses proches, Maxime a posté une vidéo sur Facebook. C’était en 2017 et il venait d’être hospitalisé pour la seconde fois. « J’ai directement dit que j’allais créer une association sur le sujet. » Dès sa sortie de l’hôpital, Maxime fonde Bipolaires et fiers et fières. Son but : déstigmatiser cette maladie psychique. « Les gens m’ont félicité, m’ont proposé leur aide et certains se sont confiés à moi en me disant qu’ils avaient un proche bipolaire. » Alors Maxime ne s’arrête pas là.

« Quand tu sors de l’hôpital, on te dit « voilà tes médicaments et ton prochain rendez-vous avec un psychiatre. On espère ne pas te revoir trop tôt. » Mais il manque un espace entre les deux. » Alors quand il rencontre Lucille Zolla et Victoria Leroy, aussi vingtenaires et atteintes de schizophrénie et de trouble bipolaire, ils décident de fonder cet espace avec Caroline Matte. C’est ainsi que La Maison Perchée voit le jour.

Un lieu d’échange pour les jeunes

« A l’hôpital, on nous apprend à survivre. Nous, on a envie d’apprendre aux gens à vivre. » La Maison perchée se veut un lieu d’échange et de partage entre malades, en dehors de l’hôpital, des rendez-vous avec les psychiatres et des médicaments. « On veut que les psychiatres disent « allez à La Maison perchée. » Cela permet de garder un bon rythme et de ne pas ressombrer, tout seul chez soi. » L’association est en train de nouer des partenariats avec des hôpitaux.

Les troubles bipolaires débutant majoritairement entre 15 et 25 ans, selon la Haute Autorité de santé, Maxime veut surtout s’adresser à ce public. « Les jeunes qui viennent d’être diagnostiqués vivent leur première histoire d’amour, ont leur premier job, leurs études. Ils se posent plein de questions. »

 Groupes de parole, ateliers et tchat

Ces questions, ils peuvent les poser sur la plateforme en ligne de l’association, en discuter avec des pairs-aidants, mais aussi participer à des ateliers et des groupes de parole depuis les quatre coins de la France, voire du monde. « On a aussi créé un discord, baptisé le "tchat perché" et La boussole, un groupe de parole destiné aux proches pour qu’ils parlent entre eux ou avec d’autres malades. » Maxime va bientôt animer un atelier rétablissement avec sa mère. Le but : confronter les histoires de chacun et se nourrir du vécu des autres.

Deux ans après sa création, 50 personnes ont rejoint l’équipe et les jeunes sont de plus en plus nombreux à participer aux activités. Il ne manque plus qu’un lieu pour abriter La Maison perchée : « On enchaîne les visites depuis notre dernier crowdfunding pour trouver un endroit dans le centre de Paris. On veut avoir signé avant l’été. » Si Maxime continue de vivre à cent à l’heure, c’est aujourd’hui avec un objectif bien précis en tête : développer La Maison Perchée. Et cela lui réussit bien. Depuis sa création, le jeune homme n’a pas été réhospitalisé.

Si vous voulez faire un don à La Maison perchée, c’est par ici.

Pour vous abonner à notre programme « Ma tête et moi » et recevoir tous les nouveaux épisodes, c'est par là.

LIRE AUSSI Troubles bipolaires: «Aujourd’hui, la bipolarité est mieux connue, mais mal diagnostiquée»

Être papa en étant Gay

Être gay dans mon pays d'origine est déjà perçu comme la malédiction suprême, alors imaginez être gay et S+. Il faut avoir un mental d'acier pour dépasser ces préjugés et parvenir à s'aimer malgré tout, et de cultiver sa confiance en soi et l'acceptation de ce qu'on est. Cela a toujours été mon combat, sans chercher à me dévoiler, à faire mon coming out dans une société très conservatrice qui ne me comprendrait pas, je me suis résolu à le garder pour moi, pour être '' accepté'' et pour '' rester en vie'' car oui, au Cameroun on assassine les homosexuels, l' état l'encourage d'ailleurs, à les assassiner. Pourtant j'ai toujours voulu avoir des enfants et une femme à mes côtés '' socialement'' mais pas sexuellement' 'absurde non ?' ' arrivé en France depuis quelques temps, j' apprends à comprendre la chance que j'ai de ne plus devoir me cacher et de vivre dans un milieu où on assume ce qu'on est sans avoir peur pour sa vie, sans avoir peur du rejet. J'ai connu des amis au pays qui ont été rejetés, honnis, bannis par leurs familles, des parents, des frères, des sœurs, c'est cette crainte d'être rejeté dans une société où on est rien si on est seul, qui a poussé certains gays à épouser malgré eux des femmes et à leur faire des enfants. Ils ont trouvé leur place dans la famille et dans la société mais au fond ils sont malheureux, ils voient des '' amants '' en cachette et s'amourachent comme si c'était leur dernière fois, avant de rentrer dans cette '' prison'' qu' est le foyer conjugal hétérosexuel.

Pourtant j'ai toujours voulu moi être père et avoir une femme à mes côtés pas comme un objet mais comme une amie, un partenaire véritable avec qui je partagerait tout, mais la phobie du sexe opposé se pose toujours.

Ai je un problème ? 

Mots clés  : dicibilitéDisance

Que dire à ses partenaires sexuels ?

Bonjour à tous,

Ça y est, j'entre dans ma troisième année avec le vih... 

Comme nous tous ici, de l´annonce à l'acceptation du statut, en passant par les grands moments de doutes, d'angoisses, de solitude...il y a un sacré équilibre mental à trouver et à solidifier pour toujours (du moins pour le moment), ce qui n'est pas simple du tout. 

Il y a aussi cette question qui revient à chaque fois : dois-je le dire avant chaque rapport non protégé avec des inconnus, qui dans 90% des cas ne cherchent même pas à savoir si je suis séropositif ou non ? Sachant qu'on me confirme, qu'on me prouve, qu'on me rabâche les oreilles en me disant que oui, avec moins de 20 copies par ml je suis bien indétectable donc intransmissible...

Mes amis me disent que l'autre sait très bien à quoi il s'expose et que c'est moi qui suis le plus responsable des deux ; "tu es indétectable, tu fais tes bilans regulierement, tu sais si oui ou non tu as d'autres d'IST...donc finalement c'est lui qui te met en danger, et non l'inverse". 

Effectivement ça se défend. Seulement comment je réagirais si, séronégatif, un séropositif couchait avec moi sans me le dire, même sous traitement ? 

Je ne sais pas trop...

Toutes ces questions qui se bousculent dans ma tête en ce moment. Et quand la fameuse question "tu es clean?" arrive, je réponds que je suis sous Prep... 

Merci à ceux qui prendront le temps de répondre à mes questions et ceux qui auront la patience de me rassurer sur tout cela :) et je comprendrai l'agacement de ceux qui trouveront cela irrespectueux... 

Bonne semaine et courage à tous ! R.

Mots clés  : vie sexuelle

Peut-on retrouver une sexualité normale ?

Peut-on retrouver une sexualité normale ?

je suis séropositif depuis que j'ai 22 ans du moins j'ai appris ma séropositivité à 22 ans. J'ai été contaminé à la suite d'une transfusion sanguine a mis 10 ans lors d'une intervention chirurgicale de mes amygdales. N'étant pas au courant j'ai transmis la maladie à mon ami. Aujourd'hui je me pose beaucoup de questions. Par exemple depuis 10 ans je n'ai quasi plus de relations sexuelles avec mon partenaire et je me demande si cela vient de moi ou si ça vient de mon ami. J'ai l'impression qu'il ne ressens plus aucune attirance envers moi et la question se pose est-ce dû à la maladie . Je suis avec mon ami depuis l'âge de mes 16 ans. Je n'ai connu que lui dans ma vie sentimentale amoureuse et sexuelle. Si vous aussi vous rencontrez le même problème que moi ou si vous avez des conseils à me donner je vous remercie par avance de vos réponses . Amicalement

Mots clés  : vie amoureuse

Envie de parler d’Amour

Bonjour à tous, 

je suis un jeune homme de 24 ans qui a appris sa seropositivité le 21 janvier 2021 dans le cadre de mon embauche suite à la fin de mes études. j'ai commencé mon traitement et je suis à ce jour indetectabl. je connais très bien le virus je l'ai beaucoup étudié et j'ai beaucoup appris au cours de mes études (je suis professionnel de santé). Mais pourtant il y'a une chose que je crains c´est de finir seul et de ne jamais rencontrer l'amour. 

Pour tout vous dire, je n'ai jamais eu de chance à ce niveau là. Ça fait quelques années que je suis célibataire pour X raisons et que j'enchaîne les relations ephémères. J'ai perdu toute confiance en moi par rapport à mon potentiel de trouver une personne avec qui partager ma vie. et le VIH a été le coup de grâce à mes yeux malgré tout le recul que j'ai dessus. 

je décide sur un coup de tête d'exprimer des émotions que vous avez sans doutes ressenties peut-être ou du moins que vous comprenez. 

 

Haaa j'oubliez tout mes proches sont au clair avec ma santé c'est quelques choses que je n'ai pas eu à caché et ils sont d'un soutien infaillible. Mais concernant ma vie amoureuse disons que j'ai arrêter d'y croire depuis bien longtemps même avant le VIH et pourtant c'est une chose que je rêve malgré tout.

Bonne soirée à tous. 

Mots clés  : spermeindétectabilitéGPA

VIH indétectable dans le sperme : en combien de temps ?

Alors bonjour tout le monde suite à un projet de bébé avec une amie j’ai du faire un check-up complet et ça ce moment-là que j’ai appris ma séropositivité Cela fait maintenant un mois que je suis sous traitement et c’est pour savoir si au bout de six mois de traitement en étant bien indétectable depuis un bon moment Mon ami et moi pour nous lancer Dans ce fameux projet que nous attendons tous car nous savons déjà par quelle méthode nous allons passer c’est-à-dire méthode artisanale mais je ne veux vraiment pas risquer de la contaminer j’aimerais bien faire un spermogramme mais je ne sais pas si c’est possible et pour la GPA il faut être en couple ou bien ce sont pour les couples qui ont des difficultés à avoir des enfants nous sommes très jeune j’en ai 23 Et elle 21 donc je ne sais pas.

  • Est-ce qu’après six mois de traitement le virus est indétectable aussi dans le sperme ? 
  • Vous savez si il y a possibilité de faire un spermogramme pour savoir si le virus est encore dans le sperme
  • Voilà si vous avez quelques réponses à mes questions je suis preneur merci à vous 
Mots clés  : préservatifplaisir

Préservatif et plaisir

Je suis nouvelle Vih+ sous biktarvy depuis 1 mois et nouvelle sur le forum.

je reconnaît avoir toujours eu du mal à exiger que mon partenaire mette un préservatif car pour moi les sensations sont vraiment pas au top, ce qui m'a valu malheureusement ma contamination.

je m'interroge vraiment sur la suite car je ne me vois pas vivre ma vie sexuelle avec des capotes...

je me sens vraiment perdu !

Risque entre conjoint s+ recent

Bonjour à tous,

Je me posais la question suivante, mon conjoint m'a contaminé immediatement aprés sa contamination.

Nous sommes tous les deux sous traiment depuis peu, et dans ma logique il s'agit de la même souche.

Si nous decidions de nous remettre ensemble, le port du preservatif serait il d'usage?

Personnellement je pense que oui, mais je me pose la question et ne revois mon infectiologue que dans quelques semaines.

Le risque serait une "surcontamination"? risque me semble t il avoir lu, assez rare.

D'avance merci de vos avis et connaissances

Mots clés  : sexualité

La misère sexuelle, un argument si pratique

LE SEXE SELON MAÏA

Avez-vous remarqué ? Que l’on parle de prostitution, de pornographie, de pédophilie, de culture du viol ou d’abstinence, quelqu’un finit toujours par mentionner le tragique destin des martyrs de la misère sexuelle. Pourvu que ces derniers soient des hommes, bien entendu. Côté femmes, le manque est rigolo (ah, les « nymphos »), dédramatisé (« les femmes n’ont pas de pulsions »), décrédibilisé (« il suffit aux femmes de traverser la rue pour trouver un partenaire »).

 

Pour les hommes, en revanche, misère sexuelle partout ! Un argument pratique, compassionnel, véritable « petite robe noire » des débats sociétaux. C’est que la misère sexuelle se porte avec tout. Vous pouvez vous en servir pour caler des tables ou pour monter des œufs en neige.

Ce « succès » est étrange : sauf handicap lourd, rien n’empêche les personnes délaissées de se masturber. En matière de « soulagement des pulsions », une masturbation vaut autant qu’un missionnaire.

Précisons donc : si la présence de l’autre est requise pour se réchauffer les pieds, c’est de la détresse affective. Si l’on s’en tient à la reproduction de l’espèce, il faudrait inventer la détresse reproductive. Mais comment parler de misère sexuelle, quand le soulagement sexuel est une ressource dont toutes les personnes valides disposent en quantité infinie ?

Objectivement, cette misère-là est un fantasme. Un concept. Une histoire qu’on aime se raconter. Et pourtant. Non seulement elle est omniprésente dans nos conversations, mais elle est prise au sérieux. On ne plaisante pas avec les forces telluriques du désir (y compris quand ces forces pourraient se balayer d’un revers de main) ! Notre compassion révèle de curieuses élasticités : le risque de mourir de faim ou de froid ne justifie ni le vol ni le squat ; en revanche, la grosse envie de sexe justifie d’outrepasser les règles les plus élémentaires du consentement ou de la vie en société.

Fatalisme sexuel

Pire encore, notre acharnement à faire exister la misère sexuelle en produit. On crée un faux besoin, qui physiologiquement n’existe pas. Son assouvissement génère des troubles, au mieux, et des victimes, au pire. Au moment de payer la facture, nous nous désolons – autant pour les coupables que pour celles et ceux qui ont croisé leur route. Comme s’il y avait là une forme d’équivalence.

Nous prétendons qu’il n’y a pas de solution (« c’est la biologie », « c’est des pauvres types », « les hommes sont des bêtes ») : non seulement nous créons ainsi le problème de toutes pièces, mais nous nous condamnons d’avance à ne jamais le résoudre.

Nous voici donc face à un énième avatar de notre indéboulonnable fatalisme sexuel, qui voudrait que dans le monde profane on puisse déplacer des montagnes, mais que dans la chambre à coucher on n’arrive même pas à soulever le drap.

Nous en payons le prix : plus nous légitimons ce faux besoin, plus les « miséreux » se sentent autorisés à le faire peser sur l’ensemble de la société (femmes, enfants, gays, hommes perçus comme faibles).

Ma position n’est pas celle d’une femme sans cœur (je le prendrai rosé, avec une sauce à l’orange). Au contraire. Je répugne à retourner les couteaux dans des plaies. Or c’est précisément à cette torture qu’on renvoie nos « miséreux », quand on les plaint, ou quand on décrit leur situation comme intolérable. Bien sûr qu’être assailli de désir est embêtant. Mais en reporter la responsabilité sur le monde entier l’est encore plus. Et franchement, être assailli/e du désir des autres est non seulement embêtant mais potentiellement dangereux.

Mépris de la masturbation

Ce qui pose la question du pourquoi. Pourquoi ces faux débats, quand nous pourrions affirmer une bonne fois pour toutes que la masturbation est suffisante ? (Et que, même si elle était insuffisante, on n’en mourrait pas ?)

Pour répondre à cette question, allons exhumer notre histoire collective avec la philosophe Olivia Gazalé qui, dans son remarquable Mythe de la virilité (Robert Laffont, 2017), évoque « l’immense mérite civilisationnel » de la masturbation : « Non seulement la médecine a eu tort d’affirmer que l’onanisme était nuisible à la santé (…), mais les penseurs des Lumières se sont totalement égarés en y voyant un fléau social : il y aurait eu infiniment moins de viols et de prostitution dans l’histoire de l’humanité si la masturbation n’avait pas fait l’objet d’un tel anathème, si le soulagement autarcique des pulsions n’avait pas été diabolisé, si le fait de “ne pas entrer” n’avait pas été criminalisé. »

Ce mépris de la masturbation n’est pas confiné au rayon des antiquités. Il a toujours cours, quoique sous d’autres formes : nous tournons l’autoérotisme en ridicule, nous refusons de le considérer comme du « vrai sexe ». Quand nous moquons les « branleurs », nous créons un repoussoir. Evidemment que les miséreux chercheront à s’en écarter.

Pour autant, ce dénigrement de la masturbation ne suffit pas. Il faut aussi valoriser la pénétration. Olivia Gazalé rappelle cet impératif : « Pour être viril, il faut entrer, c’est-à-dire ne pas se satisfaire tout seul. » Symboliquement, cette « entrée » manifeste un rapport de domination : on s’avance en conquérant, éventuellement en imprégnant (même s’il serait facile de retourner cette symbolique).

La misère sexuelle n’est pas un souci de sexe, d’orgasme, de libido, mais un souci d’identité, de rapport au monde, de hiérarchie des corps. Pour le résoudre, il faut commencer par l’appeler par son nom : non pas « misère sexuelle », mais « crise d’une certaine masculinité ». Or, en 2019, nous ne pouvons plus accepter cette identité virile là, non autonome, n’existant qu’à travers la coopération ou la coercition des femmes. Si les valeurs viriles valorisent l’indépendance, alors cette indépendance doit s’appliquer aussi à la vie sexuelle.

Cache-sexe

La question, ensuite, est de savoir si on a réellement envie de se retrousser les manches. Vu le succès du concept de misère sexuelle, on peut en douter. Pour les hommes, y compris ceux qui ne souffrent d’aucun manque, cet épouvantail est pratique : l’existence de la misère sexuelle permet de transformer le désir masculin en cause nationale de santé publique (en attendant le Téléthon). Elle garantit aussi, à grands coups de misérabilisme, la possibilité de se victimiser au moment de rendre des comptes.

Et ça marche ! Les damoiseaux en détresse suscitent une belle solidarité. Y compris du côté des femmes, qui démontrent leur adaptabilité et leur empathie, quitte à faire passer les souffrances imaginaires des « miséreux » avant leur propre bien-être (« je suis importunée, mais le pauvre, il ne va quand même pas se masturber »).

Alors personnellement, je propose d’arrêter les frais. Je suis fatiguée qu’on fasse passer la frustration pour un danger susceptible d’ébranler la société tout entière (et pourquoi pas la peste bubonique ?). Je suis épuisée qu’on nous menace de « conséquences » à tout bout de champ. Je suis exaspérée de voir les femmes se dévouer, ou être désignées d’office, pour prodiguer du réconfort ; soit de manière préventive (il faut « donner » des rapports sexuels, avant que l’homme ne souffre), soit de manière curative (il faut se mettre à disposition des hommes qui souffrent, avant qu’ils n’explosent comme des Cocotte-Minute et qu’ils se « lâchent » sur la première personne venue).

Enfin, je suis dérangée qu’on utilise le vocabulaire de l’indignation morale (la misère et ses misérables) à des fins immorales (excuser des comportements antisociaux ou dégradants). La misère sexuelle n’est qu’un cache-sexe. Pour résoudre le vrai problème, il va falloir mettre les mains.

 

Mots clés  : bisexualité

Petit arrangement entre amis (biphobie)

La bisexualité, c’est compliqué !

Maïa Mazaurette

Très minoritaire, cette orientation sexuelle, qui suscite souvent suspicion, déni voire mépris, reste difficile à appréhender, souligne Maïa Mazaurette, la chroniqueuse de « La Matinale ».

Ah, le désir polymorphe ! L’élan indistinct vers son prochain, sans limites, sans questions dépassées ! Si nous sommes toutes et tous, comme a pu l’avancer Freud, psychiquement bisexuels, il faut alors se demander comment on peut, en 2019, n’être pas bisexuel. Imaginez l’aubaine : chacun verrait son potentiel sexuel multiplié par deux. Ce serait merveilleux. Le soleil brillerait en octobre. Et puis franchement… ce serait tellement plus simple.

Alors, comment dire ? S’il y a bien une orientation sexuelle à laquelle le qualificatif de « simple » ne s’applique pas, c’est la bisexualité.

Laissons les sociologues Mathieu Trachman et Tania Lejbowicz nous guider dans ce qu’il faut bien appeler un énorme foutoir : selon leurs derniers travaux (pour l’INED, 2018), seuls 0,9 % des femmes et 0,6 % des hommes se disent bisexuels. Déjà, en termes de prévalence, ça ne casse pas trois pattes à un canard sauvage (lequel aurait des comportements bisexuels, comme plus de 450 autres espèces, dont les lions ou les girafes).

Facile ? Attendez un instant : 2,2 % des femmes et 1,6 % des hommes ont déjà couché avec des personnes des deux sexes. Donc, moins de la moitié des bisexuels pratiquants se revendiquent comme bisexuels. Vous êtes, présentement, entourés de bi invisibles. Angoissant, hein ?

Sauf qu’une fois encore, c’est plus compliqué que ça. Par exemple, certains hommes couchent avec des hommes de manière opportuniste, tout en véhiculant l’image d’une forte hétérosexualité (donc de forte virilité). Pensez aux détenus, aux militaires et aux cow-boys. Certains homosexuels n’aiment pas le mot « homosexuel », ni le mot « gay », et revendiquent d’autres identités. Dans la pornographie, la catégorie gay-for-pay représente des performeurs hétérosexuels ayant des pratiques gays devant la caméra.

Le sexe qu’on pratique et celui qu’on revendique
Pour arranger encore nos affaires, les chercheurs de l’INED nous informent que « la majorité des individus qui se disent homosexuels (61 % des homosexuelles, 49 % des homosexuels) ont eu des partenaires des deux sexes au cours de leur vie. Et une part non négligeable d’entre eux se disent autant attirés par les deux sexes (17 % des homosexuelles et 9 % des homosexuels) ».

Etes-vous perdus ? Reprenez un bretzel, redécoupez nos sexualités en morceaux (métaphoriquement, sachant que les fantasmes de castration ont déjà eu leur chronique), et répétez après moi : le sexe anatomique, le sexe psychique, le sexe qu’on pratique et la sexualité qu’on revendique sont des choses différentes. Vous opérez des découpages similaires à longueur de temps : certains « gourmets » savent à peine cuire des pâtes, d’autres refusent cette appellation mais maîtrisent la moussaka comme des dieux grecs.

Les arrangements entre les mots et leur définition, entre les actes et les paroles, ne sont pas propres à la sexualité. Mais à cause de ces décalages, les bisexuelles en particulier suscitent une certaine incrédulité – elles ne seraient pas des « vraies » bisexuelles. On minimise : « c’est juste une phase », « elle veut titiller les garçons ». Parce qu’on réduit la sexualité à la pénétration, et qu’on n’imagine pas toujours la sexualité entre femmes comme pénétrative (bisou aux lectrices lesbiennes)… on estime que le sexe entre femmes, « ce n’est pas grave ». Résultat : une femme se revendiquera plus facilement comme bisexuelle (elle n’a pas grand-chose à perdre). Mais elle sera plus facilement disqualifiée comme bisexuelle (elle cherche à faire son intéressante).

Spectre
En parlant de disqualification : non, les bisexuels ne sont pas plantés comme la Suisse au milieu des catégories plus connues. Ils ne couchent pas avec tout le monde. D’abord parce que 7 milliards de partenaires sexuels, ça fait beaucoup de bretzels (pour l’énergie). Mais surtout parce que celles et ceux qui couchent « avec tout le monde » s’appellent les pansexuels – dont les intérêts, totalement indifférents aux questions de sexe et de genre, incluent les intersexes et les trans.

Oui, désolée, il faut rajouter encore un degré de complexité dans notre histoire « toute simple » : la bisexualité est un spectre (sexuel, pas un spectre d’Halloween). Il existe des bi-curieux comme des bi-convaincus. Mais à partir du moment où on emploie le préfixe « bi », il y a reconnaissance d’une fondation binaire de la sexualité. Or en 2019, la bipartition du monde n’est plus franchement une donnée incontestable.

En réalité, la portion des bisexuels qui sont indifférents au sexe et au genre (rappelez-vous : il faut découper) utilisent cette appellation uniquement pour vous éviter une migraine. Elles et ils sont pansexuels.

Avez-vous mangé ce bretzel ? Pas encore ? Remplacez-le par une aspirine, parce qu’aimer les hommes et les femmes ne signifie absolument pas qu’on les aime pareil. Selon Mathieu Trachman et Tania Lejbowicz, « 89 % des bisexuelles ont eu un premier rapport avec un homme, 77 % des bisexuels ont eu un premier rapport avec une femme ». La majorité d’entre eux rapportent plus de désir pour les personnes de l’autre sexe. Coup de grâce ? 12 % des hommes bisexuels se disent attirés uniquement par le sexe opposé (si vous vous demandez comment une telle chose est possible, repassez sur la planche à découper : on n’a pas besoin de désirer quelqu’un pour coucher avec).

« Biphobie »
Vous allez bien ? Non ? Eh bien, les bisexuels non plus, qui sous le motif d’aimer le rose autant que le bleu, en voient de toutes les couleurs. Le compte Instagram @payetabi (Paye ta biphobie, plus de 10 000 abonnés) recense les vexations subies : suspicion, déni, mépris, accusations d’immaturité ou de manque de fiabilité… Cette « biphobie » s’exprime de manière genrée : on a d’un côté le bisexuel incontrôlable qui sème le chaos sur son passage (comme Jules César, « mari de toutes les femmes et femme de tous les maris »), et de l’autre la bisexuelle très contrôlée, forcément soumise aux fantasmes de harem.

Dans les faits, effectivement, les deux profils divergent – tant au niveau de l’âge que de la catégorie socio-culturelle. Les bisexuelles sont plutôt plus jeunes (moins de 30 ans) et plus diplômées que les hétérosexuelles. Leur choix peut constituer une prise de pouvoir, ou au contraire, une soumission à des désirs phallocentrés. Les bisexuels mâles sont plutôt plus âgés (plus de 50 ans) et moins diplômés que les gays et hétérosexuels. Ce qui laisse à penser qu’on y trouve au moins quelques gays à demi sortis du placard. Doit-on généraliser pour autant des stéréotypes condescendants ? Certainement pas.

D’ailleurs, pourquoi cette condescendance ? Aux réflexes biphobiques se mêle une indéniable fascination : si la bisexualité existe, alors les désirs spécifiques sont possiblement mesquins, pauvres en générosité, amputés dans leur imagination. Coincés par le sexe, balisés par le genre. Et si les bi avaient fondamentalement raison ? Et si les pansexuels dominaient le monde ?

Face à cette menace pesant sur notre paradigme Mars/Vénus, on a vite fait de menacer les bisexuels eux-mêmes. Pourtant, en sexualité, personne ne nous oblige à choisir entre fromage et dessert. Dire que les bi « trichent », clamer qu’ils ne peuvent pas « tout avoir », qu’ils en veulent « trop »… ça commence à ressembler à de la jalousie. Alors d’accord : avec les bisexuels, ce n’est peut-être pas simple. Mais au moins, on ne risque pas de s’ennuyer. Un petit bretzel ?