8 mars, les femmes contre le sida : Rachel Constantin

Publié par Sophie Baillon et Camille Sarret le 08.03.2016
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A l’occasion du 8 mars, journée internationale des droits des femmes, Coalition PLUS (dont AIDES est membre fondateur) a souhaité mettre à l’honneur des militantes de la lutte contre le sida et les hépatites virales dans le monde. Ces femmes, originaires de pays différents, sont des activistes. Voici l'interview de Rachel Constantin, Secrétaire du conseil d’administration de Pils, association de lutte contre le sida créée en 1996 à l’Ile Maurice.

Quel est votre parcours et comment est né votre engagement dans la lutte contre le sida ?

De formation communication, j’ai travaillé dans le secteur privé avant de devenir bénévole chez Pils. Je suis tombée dans la lutte contre le sida un peu par hasard. En 1994, les premiers cas de sida commençaient à apparaître sur l’île. Je n’étais pas du tout sensibilisée. J’ai croisé en 1996 Nicolas Ritter (directeur fondateur de Pils, association de lutte contre le Sida à Maurice) et j'ai commencé à m’intéresser à la question pour intégrer en 1997 la première équipe d’écoutants de Sida Info Maurice. Je n’ai jamais arrêté depuis. J'ai été présidente de Pils jusqu'en 2015 et suis actuellement secrétaire du conseil d’administration. Je me sens aujourd’hui fondamentalement partie prenante de la lutte. Pils fait partie de ma vie depuis vingt ans.

Quel avenir envisagez-vous à ce combat ?

On sait aujourd’hui, preuves scientifiques à l’appui, qu’une personne dépistée, traitée et maintenue dans le continuum de soins ne transmet plus le virus. Partant de là, on sait que l’épidémie peut être stoppée, au moins freinée de manière considérable. Ce qu'il manque : les moyens. Parce qu’il faut encore beaucoup d’argent pour arriver à dépister, traiter et maintenir dans le soin les populations habitant les zones les plus reculées du monde. Mais au-delà des fonds, il manque également LA VOLONTE des gouvernements ! A Maurice, la collaboration entre l’Etat et la société civile est en régression. La lutte aux niveaux régional et national reste encore engluée dans la discrimination, la stigmatisation et les tabous.

Quelle est la place des femmes dans la lutte aujourd’hui à Maurice ?

Le monde de la lutte contre le sida à Maurice n’est définitivement pas masculin. Même Si les figures de proue sont des hommes, le rôle des femmes est prépondérant, mais paradoxalement, très en retrait. Il y a pourtant beaucoup de femmes dans la lutte à Maurice qui font bouger beaucoup de choses, à tous les niveaux. L’implication des femmes dans la cause est extrêmement importante. Elles restent en revanche beaucoup dans l’ombre quand il s’agit de parler en tant que personnes vivant avec le VIH. Nous sommes dans une île et le poids de la stigmatisation et des préjugés est encore énorme.

L’épidémie en chiffres à Maurice
En 2014, on dénombre 6 090 personnes vivant avec le VIH
4 716 sont des hommes, 1374 sont des femmes
115 décès liés au VIH ont été notifiés
322 nouvelles infections ont été dénombrées en 2014 : 190 concernent des hommes et 132 des femmes

Dans le monde
En 2014, 36,4 millions de personnes étaient atteintes du VIH et 2 millions nouvellement infectées
Le sida reste la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans
7 000 filles de 10 à 24 ans sont infectées chaque semaine par le VIH.

Sources : Onusida et Fonds mondial