C’est quoi le fleuve ?

Publié par Anne le 16.07.2013
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Le fleuve, c’est une histoire, un lieu de vie, des habitants, une société qui bouge ! Quand je parle du fleuve. Je parle du Maroni qui est une frontière naturelle de plus de 600 km qui marque la limite entre la Guyane française et son voisin le Suriname, pays d’Amérique du Sud.

C’est une véritable autoroute en pleine forêt amazonienne dont le principal moyen de transport est la pirogue, tant pour les habitants que pour le transport de fret et de marchandises en tous genres. C’est un flux incessant de pirogues qui transitent tous les jours de l’année quelles que soient la saison et les conditions de navigation. Le fleuve est vivant avec ses sauts, ses passages dangereux que maitrisent les piroguiers qui sont nés sur ces berges et qui ont appris à le dompter. Le Maroni est une artère de vie où se côtoient Amérindiens (Wayanas), Bushinenge (Bonis, Djukas, Paramakas) qui peuplent ces rives depuis son origine. Au temps du Marronnage où des esclaves "Noirs-Marrons" fuyaient les exploitations coloniales. Les habitants vivent le long des deux rives du Maroni dans des villages appelés "kampu" qui se succèdent et qui rythment  la vie du fleuve. Le Maroni, c’est aussi l’héritage de traditions. C’est tout un système structuré avec ses propres représentants. Ce sont les autorités coutumières qui se composent de Capitains, Bashias, Gran Man dits chefs coutumiers ou les Bono Man (médecins traditionnels). Ils sont incontournables. Lorsqu’on arrive dans un village, la première démarche est d’aller se présenter à ces autorités. Elles sont les garantes de l’identité et du maintien des traditions à travers des pratiques spirituelles et autres coutumes. Avec leur accord et leur soutien, nous sommes reconnus et pouvons intervenir dans les "kampu".

AIDES Guyane est présente sur le Maroni depuis 2007, avec des actions de visibilité pendant les fêtes patronales, des missions exploratoires, etc. Mais, c’est avant tout la rencontre avec les habitants du fleuve qui prime, des moments pour écouter, échanger, partager un bout de leur vie. Au fil de nos déplacements, nous avons compris qu’il nous faut être plus présents : les habitants nous interpellent, nous expliquent qu’ils sont oubliés. Ils nous disent qu’ils souhaitent notre présence. Et puis on voit ce qui fait défaut ; Le manque d’informations, les problèmes d’accès aux droits et aux soins… tout cela est criant. En 2012, l’association va plus loin et fait des actions de prévention sur le Maroni une priorité. Les financements sont là, salariés et volontaires s’organisent pour se rendre, une fois par mois, sur le fleuve à la rencontre de ses habitants en lien avec des partenaires. Nous mettons aussi en place un appartement de passage pour les personnes qui se rendent à Saint-Laurent du Maroni, en ville donc, pour leur suivi médical à l’hôpital. Mais rien n’est simple. Les médecins estiment à plus de 50 % le nombre de personnes qui ne reviennent pas vers le parcours de soins. A notre échelle, c’est une page de l’histoire de la lutte contre l’épidémie du VIH et des hépatites et pour le respect des droits humains pour tous qui se joue ici !