Élodie : “J'arrive même à oublier !”

Publié par Nico-Seronet le 22.11.2010
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Élodie à 17 ans. Elle est séropositive depuis autant de temps. Elle vit à Genève avec son père. Depuis trois mois, un amoureux est entré dans sa vie et côté “projets”, elle veut travailler auprès de personnes handicapées. Elle nous confie ses pensées du haut de ses 17 printemps.

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“Mon père m’a toujours tout expliqué, vraiment tout. C’est très jeune que j’ai perdu ma mère de la même maladie. On en a toujours parlé ensemble. Je n'ai donc jamais eu de problème à en parler autour de moi, à mes amies, mes copains. Je n’ai pas de problème avec la maladie. En parler à mes amies, c’est important. Par exemple, si j’ai des amies qui viennent dormir à la maison, quand je prends mes médicaments, je leur explique. Je trouve cela mieux et si un jour elles ont des copains concernés, elles auront déjà eu une amie concernée. Elles sauront donner des conseils, gérer les risques. J’ai connu deux ou trois rejets, surtout à l’école primaire. On était  petit, on était bête, avec des propos du genre : “Ah, ton sida il pue !” J’ai plutôt eu quand même des retours positifs. Je connais aussi une autre fille qui est née comme moi avec le VIH et qui est un peu plus âgée. On parle entre nous de la maladie, ça me fait beaucoup de bien (…) C’est la seule personne avec qui je peux en parler de cette façon, elle vit les mêmes choses que moi. Elle prend des médicaments comme moi. Nous parlons des problèmes que nous avons avec. Elle est ma grande sœur et moi sa petite ! (…) Depuis quatre mois, j’ai un copain et il l’a su au bout de quatre jours que nous étions ensemble. Il est séronégatif et je ne pouvais pas attendre plus. Déjà durant les trois jours qui se sont écoulés, je me sentais mal. Il l'a bien pris et il en a même parlé à ses parents. Au début, ils ont eu peur. Il leur a dit qu’il ne pouvait pas changer ses sentiments, qu’il m’aimait comme je suis, que ce n’est pas ça qui allait casser ce qu’il y a entre nous (…) J’ai son soutien. Nous en avons juste parlé au début de notre rencontre, maintenant nous n’abordons plus le sujet. Mais il sait que s’il a des questions on peut en parler. Dans notre couple, cela ne prend pas tant de place. Au niveau de la sexualité, même si je sais que je suis indétectable, j’aurai peur pour lui. Donc même s’il ne veut pas mettre de préservatif, moi oui. Je ne veux pas prendre un risque bêtement. Je veux qu’il soit protégé. Au bout de deux semaines que nous étions ensemble, il est venu au groupe de parole du Groupe sida Genève et j’ai trouvé ça super. Il me donne aussi tellement confiance. J’arrive même à oublier.”

Illustration : Yul Studio