"Je me sens forte, comme une femme qui se bat"

Publié par Sheliene le 02.04.2014
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En 2001, je suis allée dans une clinique à Cayenne pour faire un test VIH...

C’était un test sanguin. Je devais y retourner une semaine après pour les résultats. J'étais très inquiète car j’avais eu à de nombreuses reprises des rapports sexuels non protégés. Quand je suis revenue pour les résultats, on m'a dit : "Vous n'avez pas le sida, mais il y a un petit problème dans le sang". Je ne savais pas ce que c’était, j'avais l'impression que ce n'était rien d'alarmant. J'étais tellement contente que mon test VIH soit négatif !

Je ne pensais pas qu'il était possible que j'ai une autre "maladie sociale" : une maladie incomprise et discriminante par la société !

J'ai continué à vivre une vie normale. J'ai eu des rapports sexuels protégés avec des préservatifs, mais parfois les préservatifs peuvent éclater ! J’avais peur de contracter le VIH. Je suis donc allée faire un autre test VIH.

J’ai reçu les résultats au bout d’une semaine, à l'hôpital de Cayenne. On m'a dit que je n'avais pas le VIH, mais que j’avais une autre maladie : l’hépatite B.

J'ai été dirigée vers un département de l'hôpital. Là, j'ai rencontré un spécialiste, nous avons eu une discussion sur le VHB. Il ne m'a pas donné de traitement, je n’ai pas pensé que c’était grave. Il m'a juste conseillé de suivre un régime alimentaire sain et de faire des contrôles réguliers au laboratoire. Encore une fois, je ne me suis pas inquiétée, je n'avais pas l’impression que ma vie était en danger.

Quelques années après, je suis allée voir un médecin spécialiste. J’ai refait des analyses de sang. Les résultats disaient que mon foie commençait à aller mal. Le médecin m’a prescrit un traitement. Je commençais à être très stressée, j'avais peur pour ma vie. J’avais aussi très honte que les personnes sachent que j'avais cette maladie. J’ai mis du temps à retrouver une activité sexuelle ! J’étais touchée psychologiquement et physiquement.

Je me suis sentie très déprimée, il n'y avait plus de joie. Il était difficile pour moi d'être avec ma famille, mes enfants, petits-enfants. Je ne voulais pas les contaminer.

Maintenant, avec des connaissances sur le VHB et le traitement qui diminue le virus, je me sens mieux physiquement et psychologiquement. Je me sens forte, comme une femme qui se bat. Je me sens belle et j’ai confiance en moi. Je peux continuer à vivre une vie normale et soutenir d'autres personnes qui ont cette maladie. Je me sens libre en tant que femme.