La pauvreté… quel sale truc !

Publié par jfl-seronet le 25.09.2018
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La pauvreté rend à cran ! Celles et ceux qui en souffrent comme celles et ceux qui en parlent.

Le 13 septembre dernier, le président de la République, Émmanuel Macron et Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé, présentent leur plan de lutte contre la pauvreté. Disons qu’il s’agit plutôt d’une « stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté ». Le plan comporte moult mesures et fait le pari de renverser la tendance… d’une pauvreté bien ancrée chez nous et qui affecte des millions de personnes. Des millions ! Évidemment, côté gouvernement, on explique faire le maximum et on peine à rester humble (pas trop le genre de la maison). Côté opposition, on explique que ce n’est pas à la hauteur ; que cela ne va rien changer et on peine à se départir du registre des Cassandre (le filon est bon !). Chacun est dans son rôle.

Le 18 septembre, c’est jour des questions au gouvernement. Le député France insoumise Jean-Hugues Ratenon interpelle Agnès Buzyn. Je vous propose l’échange façon dialogue :
- « Le compte n’y est pas et la pauvreté n’est pas prêt de disparaître ».
- « Vous n’avez pas lu ce plan, qui vise à donner à chacun la dignité, les chances de s’en sortir… ».
- « Le président de la République devient l’artisan principal de l’apartheid social qui fait et fera des ravages dans la société ! »
- « Vous ne pouvez pas transmettre de fausses informations à nos concitoyens. C’est un plan ambitieux et nouveau, qui donne la chance à chacun de s’en sortir ».
Et puis à un moment, le ton est monté et Agnès Buzyn qui peut avoir la dent dure a succombé à son extrême agacement de voir son joli plan critiqué… Elle lance alors au député de la France insoumise : « Vous n’avez aucun intérêt à ce que nous arrivions à résoudre la pauvreté dans ce pays car vous en vivez, vous vous en nourrissez ! ».

Hurlements sur les bancs des parlementaires Insoumis. Évidemment, la ministre avait oublié que Jean-Hugues Ratenon n’a pas toujours été député… et que, par le passé, il a perçu le RSA. Soyons beau joueur, elle devait sans doute l’ignorer. Du coup, excuses en bonne et due forme de la ministre, d’autant que son contradicteur a pu souligner avec un malin plaisir que la ministre n’est pas pauvre, elle ! Un article du Dauphiné nous rappelle que la ministre de la Santé possède environ deux millions d’euros de biens immobiliers et de comptes divers. Normalement, il est prévu que le député et la ministre s’entretiennent ensemble du projet… et des moyens de sortir des millions de personnes de la pauvreté. Des millions !

Cet échange — un grand classique de notre vie politique — est entré en collision avec la publication d’une étude. Elle explique que « Perdre son travail et avoir du mal à en retrouver nuit gravement à la santé ». L’enquête n’est pas récente… On la doit à un chercheur de l’Inserm qui expliquait en 2015 que « vous avez trois fois plus de risques de décéder si vous êtes chômeur ». Pas de boulot, ni la santé ! Ça commence à faire beaucoup. Certains spécialistes vont même jusqu’à avancer que cette « double peine » occasionnerait le décès de 1 000 à 15 000 personnes par an. On nous explique que si on parle de nouveau de ça, c’est que les chercheurs-ses approfondissent la question… Et entendent découvrir le fin mot de cette dramatique perspective du chômage et d’une vie écourtée.

On espère que le député Ratenon et la ministre Buzyn vont se parler et contribuer, eux aussi, à trouver enfin LA solution à ce problème !