Drogues : réduire les risques

La mise en place de la réduction des risques a considérablement réduit la transmission du VIH et des hépatites parmi les usagers-es de drogues. Voici quelques conseils pratiques.

Que dit la loi ?

En matière de drogues, la France est l’un des pays les plus répressifs d’Europe.

L’usage des produits psychoactifs classés au tableau des stupéfiants (drogues illégales) est punissable d’un an d’emprisonnement et de 3 750 € d’amende. Pour tout ce qui est considéré comme du trafic (détention, production, transport, importation, etc.), les peines peuvent atteindre 10 ou 20 ans d’emprisonnement et une amende de 7 500 000 €. Les « petits dealers » qui vendent des stupéfiants aux usagers- es encourent cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

La culture du cannabis est interdite et assimilable à du trafic. En pratique, lorsque la culture est limitée et destinée à un usage personnel, les peines prononcées sont souvent comparables à celles encourues pour usage.

La présentation des drogues « sous un jour favorable » est punie de cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende.

Ces lois sont difficilement applicables car on ne peut pas incarcérer l’ensemble des usagers-es de produits illicites (près de 4 millions de personnes selon l’OFDT – Observatoire français des drogues et des toxicomanies). Toutefois, le nombre d’interpellations pour usage simple augmente constamment (54 000 en 1995 versus 160 000 en 2016, sa- chant que 9 cas sur 10 concernent des usagers-es de cannabis).

Ces lois sont appliquées et contribuent à la stigmatisation des usagers-es de produits psychoactifs, aux inégalités d’accès au soin, à la multiplication des pratiques à risque et entretiennent l’épidémie de VIH et d’hépatite C.

Les traitements de substitution aux opiacés (tso)

Méthadone (sirop ou gélule), Subutex (buprénorphine) ou Suboxone sont largement prescrits en France (151 000 personnes en 2016). Ils permettent de réduire le sentiment de manque engendré par la consommation des opiacés (comme l’héroïne, la morphine, la codéine, le « rabla », etc.) et de réduire la consommation de drogues illicites. Il n’y a pas de traitement de substitution pour les autres produits comme la cocaïne, le crack, le cannabis.

La RDR, c’est quoi ?

Contrairement à la répression, la réduction des risques (RDR) implique que l’on mette à disposition des consommateurs-rices de produits psychoactifs les moyens de diminuer les risques de transmission à VIH et hépatites et les dommages sur le réseau veineux ou même la réduction des surdoses. Cela implique :

• la mobilisation des personnes consommatrices elles-mêmes (pour s’entraider, partager des connaissances sur les produits et leurs risques, identifier et formuler ses besoins, participer à l’élaboration et à la mise en place des actions de RDR, etc.) ;

• la mise à disposition de matériel de consommation stérile afin d’éviter la transmission du VIH et des hépatites ainsi que les dommages veineux et les abcès (seringues, coupelles, pipes à crack, pailles de sniff à usage unique, feuille d’aluminium, etc.) ;

• l’apprentissage des méthodes permettant de réduire les risques auxquels on s’expose, dont les pratiques d’injection réduisant au maximum les dommages veineux.

5 conseils de RDR
1 - Si tu ne connais pas le produit, teste un échantillon, de préférence par snif.
2 - N’hésite pas à appeler les secours au moindre souci. Ne pas consommer seul-e.
3 - Évite de mélanger des produits. Attention aux surdoses (overdoses). 
4 - Si tu consommes un nouveau produit, fais-le par petite quantité et avec des personnes de confiance.
5 - N’oublie pas de boire de l’eau, en petite quantité, mais régulièrement.
Pour trouver des informations sur la RDR, aller dans un Caarud (centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques auprès des usagers-es de drogues) ou sur le site d’une association de prévention et de RDR.

AIDES milite pour la révision de la loi 70 qui pénalise et stigmatise les consommateurs-rices de drogues. Objectif : sortir de la répression et de la pénalisation de l’usage pour faciliter l’accès à la prévention et aux soins. En 2012, quand 1 euro est mis sur la prévention, 9 euros financent la répression... avec le résultat et le coût social qu’on connaît. En 2015, 64 000 condamnations pour infraction à la législation sur les stupéfiants ont été prononcées. AIDES milite pour la mise en place de programmes d’échanges de seringues en prison comme il en existe en dehors, en application de la loi de 2004 qui pose comme principe que la prison est un lieu de privation de liberté, mais ne doit pas empêcher l’accès au droit à la santé. AIDES plaide pour que l’utilisation thérapeutique du cannabis soit pleinement autorisée en France.