190… la santé en rose !

Publié par Renaud Persiaux le 15.08.2011
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centre de santé sexuelle
Santé sexuelle… tout le monde s’y met ou presque. Ce n’est pas une question de mode… plutôt une nécessité. Quelle approche a-t-on en France ? En voici un exemple avec le 190 à Paris, structure atypique et innovante.
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Une belle croix rose sur un fond blanc. Avec son logo, le 190 annonce fièrement sa couleur… et la joue décalée. Installé à Paris, le premier centre de santé sexuelle français, qui a soufflé sa première bougie en février, a été ouvert pour répondre aux besoins de trois publics : les gays, les séropositifs et…"tous ceux dont la sexualité serait considérée ailleurs comme déviante ou scandaleuse", selon la plaisanterie rituelle du directeur, le Dr Michel Ohayon. Plus de 500 personnes le fréquentent : 89% d’hommes - essentiellement gays -, 10% de femmes et 1% de personnes trans. Sur certains flyers, l’équipe du 190 s’affiche torse nu sous des salopettes blanches. Un registre revendiqué : "On n’a pas l’habitude de voir les médecins comme çà, mais, en fait, ça met les gens à l’aise, on descend de notre piédestal !"
Autour d’une tasse à café, rose elle aussi, Michel Ohayon explique : "Le projet trottait dans ma tête depuis quinze ans. Je voulais répondre à deux objectifs complémentaires : améliorer la qualité de vie sexuelle des personnes vivant avec le VIH et de leurs partenaires… et aider les personnes très exposées aux risques à rester séronégatives". La méthode, c’est "la prévention par le soin", avec information, conseils, dépistage, suivi avec bilans complets. Polyvalente, l’équipe joue collectif. Franck, le secrétaire médical, oriente les personnes vers la psycho-sexologue, les deux conseillers communautaires, l’infirmier, ou l’un des cinq médecins généralistes spécialisés dans le VIH. Parmi eux une addictologue et un dermatologue connaissant sur le bout des doigts les complications des infections sexuellement transmissibles… et maitrisant la technique New Fill pour les lipoatrophies…
Le 190 réalise les prises de sang sur place. "Dans nos dépistages, nous avons 3,6% de séropositifs : ce sont des personnes exposées aux risques qui viennent nous voir". Quant aux résultats de charge virale ou de CD4, ils sont remis en moyenne en 48 heures.
Mais le plateau technique reste léger. D’abord par manque de moyens, mais aussi parce que le 190 a pour objectif de "développer ce qui ne se fait pas ailleurs". L’équipe a ainsi mis en place un carnet de santé sexuelle, proposant un "contrôle technique" très complet, qui évalue l’état des "pare chocs" avant et arrière, le "pare-brise", l’ordinateur de bord, etc.
Mais son point fort, c’est "le temps et l’écoute qu’on peut consacrer aux personnes qui viennent nous voir. La moitié des personnes vivant avec le VIH viennent nous consulter parce que parler de sexualité avec leur médecin infectiologue leur semble impossible, alors elles "sous-traitent" cette partie chez nous. L’autre moitié vient faire tout son suivi au 190, où on peut choisir son médecin traitant".
La prise en charge se veut "enveloppante", voire "coocoonante", surtout au début. "Récemment, on a reçu un après-midi un garçon qui avait eu son diagnostic le matin. Le lendemain, il  revenait pour un deuxième rendez-vous qui analysait le bilan sanguin réalisé la veille. Il faut prendre soin des gens quand ils sont fragiles, dédramatiser, pour qu’ils ne rentrent pas, dès l’annonce, dans la peau d’un malade". Les personnes viennent plus souvent qu’à l’hôpital, tous les trois mois en moyenne, mais parfois plusieurs fois par semaine, tant pour les médecins que pour les conseillers. Certains nous disent : "Enfin un lieu où on n'a pas l’impression d’être malade !" Pour son anniversaire, le 190 a demandé, par voie de presse, un… fauteuil dentaire. "Parce qu’il y en a marre d’entendre des gens qui nous disent qu’ils ne peuvent pas se faire soigner". Et plus modestement, pouvoir survivre. Car si le 190 a acquis une importante notoriété médiatique et a reçu les visites de délégations de plusieurs villes françaises, et même de Pologne, d’Ukraine ou du Cameroun, il est peu soutenu localement, avec très peu de financement public : "si ça continue comme ça, dans un an et demi, on ferme".
Le 190 - 190 boulevard de Charonne - 75020 Paris. Ouvert du lundi au vendredi de 16h à 20h, avec ou sans rendez vous. Le 190 ne pratique pas de dépassements d’honoraires et applique le tiers payant. Infos au  01 55 25 32 72 et sur www.le190.fr

Commentaires

Portrait de jeanlouis

la capacité d'écoute, le fait de faire les examens sans longue file d'attente, l'atmosphère décalée, la gentillesse et la qualité de l'accueil. Effectivement un lieu pas comme les autres où on existe en tant que gay..en tant qu'humain et où le professionnel à coté de vous ( rarement derrière un bureau qui permet de distancier...). Enfin de vrais professionnels mais qui parlent comme des humains à des humains. Ce serait un immense gachis (notamment pour moi...) si cette expérience très forte ne pouvait perdurer... Bravo aux initiateurs de ce projet ....
Portrait de maya

je fréquente aussi cet endroit et n'ai que du positif à en dire au regard des structures hospitalières classiques , un accueil et une prise en charge humaine, personnalisée,attentive moins distanciée qu'a l'hp par l'absence de blouses blanches et la configuration des bureaux genre table ronde pas le grand docteur derrière sa barricade bureautique, par des pros compétents, un seul regret que la coinfection ne puisse pas être traitée sur place mais on ne peut pas tout faire sans doute.. je souhaite très fort que cet endroit perdure, l'idée devrait même faire de petits à mon sens ...
Portrait de Doume29

Je comprends mieux aujourd'hui ce que certains peuvent ressentir car dans bien des domaines mes consultations se déroulent comme décrites dans l'article. J'ai le même toubib et la même infirmière depuis 1989. Certes le service a changé aux fils des années et c'est humanisé, beaucoup plus proche des patients. Il m'arrive assez souvent de parler librement de sexe avec le médecin comme avec certaines infirmières. Il est vrais que deux d'entre elles sont très impliquées dans la lutte contre le sida depuis les toutes premières années, ceci explique peut être cela.
Portrait de communard2011

Renaud Persiaux wrote:

Car si le 190 a acquis une importante notoriété médiatique et a reçu les visites de délégations de plusieurs villes françaises, et même de Pologne, d’Ukraine ou du Cameroun, il est peu soutenu localement, avec très peu de financement public : "si ça continue comme ça, dans un an et demi, on ferme".
Le 190 - 190 boulevard de Charonne - 75020 Paris. Ouvert du lundi au vendredi de 16h à 20h, avec ou sans rendez vous. Le 190 ne pratique pas de dépassements d’honoraires et applique le tiers payant. Infos au  01 55 25 32 72 et sur www.le190.fr

 

C'est bien ce qui risque très certainement d'arriver si l'on croit les projections budgétaires pour 2012.

Comment ne pas augmenter les impôts directs sans augmenter les indirects ?

En réduisant les budgets sociaux, associatifs, de service public... Bref, en attaquant tout ce qui touche au lien social... Et ensuite comme Cameron mettre les conséquences désastreuses de tout cela sur le dos d'un "effondrement moral" qu'on a soi-même provoqué...

Cameron propose même qu'on prive de leur droit à logement social et à allocations les "émeutiers" qui n'auraient pas été condamnés par la justice... Quand l'administratif prétend ainsi se substituer à la justice, c'est indéniablement le début de la fin...

Tous les gouvernements occidentaux suintent aujourd'hui d'un populisme malsain, le nôtre y compris.