Cameroun : Yes we can !

Publié par jfl-seronet le 13.11.2009
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Le geste n'est pas certain de connaître le succès, mais il est indéniablement courageux. Un collectif d’associations de défense des droits de l’Homme compte déposer officiellement à l’Assemblée nationale une pétition et un mémorandum en faveur de la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun.
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Demander la dépénalisation de l'homosexualité au Cameroun, c'est ce que vont faire deux associations, Prodhop et Alternatives-Cameroun, soutenues par un membre de la Commission nationale des droits de l’Homme, Jacques Do Bell. L'initiative s'appuie sur le dépôt d'un mémorandum et celui d'une pétition auprès des députés. L'idée est de mobiliser certes des personnalités politiques, mais aussi des intellectuels, des universitaires, des représentants des professions libérales et des militants des droits de l'Homme. Les associations indiquent dans un communiqué de presse (5 novembre) que des "centaines de signatures continuent d’être recueillies dans la ville de Douala". La pétition et le mémorandum visent à un objectif : l'abrogation de l’article 347 bis du Code pénal qui punit "toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe" d’une peine allant de six mois à cinq ans de prison et d’une amende de 20 000 francs CFA à 200 000 francs CFA (des montants importants). Si dans d'autres pays, des lois de ce type ne sont pas forcément appliquées, ce n'est pas le cas au Cameroun où les condamnations sont assez fréquentes : condamnation en 2007 de collégiens gay, condamnation d'homosexuels en 2008 à des peines de prison, etc.

Le collectif d’associations soutient que cette disposition est anticonstitutionnelle et qu'elle viole les traités et les conventions internationales signés par le Cameroun. Des textes qui garantissent à chaque citoyen le libre exercice de ses droits dont celui à la vie privée.

Le Cameroun n'est certes pas le seul pays du monde à pénaliser l'homosexualité, mais c'est un des rares à laisser les médias dériver vers une homophobie compulsive. Au Cameroun, les journaux n'hésitent pas à publier des listes de supposés homosexuels avec les conséquences qu'on imagine pour les personnes citées. La dérive a été si forte ces dernières années, que même le Président de la République s'en est ému, en 2006, dans un discours adressé à la jeunesse, où il avait stigmatisé la publication de noms de personnalités présumées homos dans certains titres de la presse locale. Le Collectif ne comprend pas qu'après un tel rappel "l’article 347 bis ne soit pas abrogé et que les magistrats continuent de condamner des personnes adultes [consentantes] pour pratiques homosexuelles".

"Depuis bientôt vingt ans, le Cameroun, Etat laïc, a pris l’option de la démocratie, des droits de l’Homme et des libertés individuelles, rappelle Prodhop et Alternatives Cameroun, l’article 347 bis est anachronique et ne cadre pas avec l’environnement socio-politique national et international actuel."

Photo :  AIDES