Faut pas rêver !

Rien de mieux lorsqu’on est en mal de compliments, comme c’est le cas aujourd’hui pour le gouvernement, que de faire appel à sa majorité pour qu’elle lui décerne des lauriers. On peut en juger avec un des récents communiqués de presse de l’UMP (22 avril) qui titre à propos des quatre premières années de la législature : "Un bilan exceptionnel de réformes menées a un rythme inouï". Voilà pour la propagande. Force est de constater que les premiers discours portant sur le bilan présidentiel n’évoquent, du moins pour le moment, guère les questions sociales (sauf les retraites). Il faut dire que le gros chantier de la dépendance est en cours… C’est un peu juste pour le créditer au bilan. Du côté de la santé, pas de quoi non plus pavoiser. Certes, il y a eu la loi HPST, grand projet concernant la santé publique, mais nous n’avons qu’un an de recul. Et par ailleurs, le projet a catalysé les reproches que ce soient ceux des personnes malades et ceux des médecins. Cette loi devait permettre des avancées importantes sur le droit des malades (refus de soins), la lutte contre les déserts médicaux… tout cela est passé à la trappe. Quel sera le bilan en matière de politique de santé ? Là encore, toutes les cartes n’ont pas été posées. Selon le "Quotidien du médecin" (4 mai), Xavier Bertrand, ministre de la Santé, entend  "réformer jusqu’au bout du quinquennat. Le ministre a, effectivement, plusieurs casseroles au feu. Il entend faire aboutir en 2011 plusieurs chantiers du champ sanitaire par voie législative ou par voie réglementaire. Le gros morceau, c’est, à la suite de l’affaire du Mediator, la réforme du système du médicament qui, selon le "Quotidien du médecin" pourrait soit faire l’objet d’un texte autonome, soit s’inscrire dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2012 qui sera débattu cet automne. Des mesures réglementaires viendraient, sur ce sujet, compléter le tableau. L’autre chantier, c’est le service après vente de la loi HPST…  
Du côté de la protection sociale, ce sont les réformes partielles qui ont été privilégiées… des réformes partielles et partiales qui n’ont eu comme fondement idéologique que de faire payer les malades encore et toujours… On caricature à peine. Entre l’augmentation des forfaits hospitaliers, le déremboursement des médicaments, le refus de s’attaquer aux dépassements d’honoraires, la mise en place des franchises médicales… on peut dire que les personnes malades n’ont pas été à la fête. Bien sûr, le gouvernement peut avancer qu’il a cherché d’autres solutions de financements comme de jouer sur les tarifs des fabricants de médicaments ou de taxer les mutuelles… qui se sont empressées d’augmenter leurs tarifs.
A ce titre, ce n’est pas sans une certaine appréhension qu’on apprend comme l’affirme "Le Monde" (5 mai) que la réforme de la protection sociale fera partie des grands thèmes majeurs de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy… avec, entre autres, "l’assimilation des immigrés". Sur la question du social et de la santé indique le quotidien, c’est Sibylle Veil, ancienne conseillère à l’Elysée sur les solidarités, le logement, la ville et le travail, qui travaille sur les propositions et le programme. Sibylle Veil est aujourd’hui en poste à la direction de l’APHP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). Evidemment, il est encore trop tôt pour savoir quelles propositions seront faites concernant la "réforme de la protection sociale", mais la plus grande prudence s’impose.