Handicap : Sarkozy est content de lui !

Publié par jfl-seronet le 15.06.2011
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Le 8 juin dernier, s’est tenue la deuxième Conférence nationale du handicap à Paris. Une grand-messe en présence de ministres et secrétaires d’Etat dont Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités, Xavier Bertrand, ministre du Travail, de l’emploi et de la santé, François Baroin, ministre du budget, etc. Un rassemblement tellement calibré qu’aucune personne dans la salle n’a pu poser de questions, ni intervenir. Voici quelques points clés de cette journée.
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Etrange moment que cette deuxième Conférence nationale du handicap. Etrange parce qu’on n’y cite pas la maladie chronique invalidante parmi les situations de handicap. Etrange parce qu’on y entend le terme "maladie" seulement prononcé trois fois dans la journée... Et cela, bien que le rapport du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), ait enfin pris en considération les situations et problématiques liées à une maladie chronique.
Cette nouvelle Conférence n’a pas été le théâtre de grandes annonces, mais plutôt un empilement de constats. Ce n’est, sans doute, une surprise pour personne, mais les difficultés d’accessibilité ont été pointées du doigt. Côté emploi, une donnée marquante a également retenu l’attention : un taux de chômage deux fois plus élevé pour les personnes en situation de handicap (taux qui avoisine les 20%) que dans la population générale. Ce n’est d’ailleurs pas le seul problème.

"De l'aveu de la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, et de sa secrétaire d'Etat, Marie-Anne Montchamp, il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de la loi handicap", indique "Le Monde" (8 juin). Un avis que partage largement Arnaud de Broca, secrétaire général de la FNATH, association des accidentés de la vie, dans une tribune publiée par "Le Monde" (7 juin). "Les handicapés sont-ils des citoyens de seconde zone ?", s’interroge le militant. Ce dernier pointe le fait que "les discours de satisfaction des pouvoirs publics et les attentes fortes exprimées par les personnes handicapées, dont les conditions d'existence restent discriminantes, [risquent] de présenter un décalage important et être source d'une forte déception". Devant la faiblesse des avancées, Arnaud de Broca affirme qu’il ne faut pas s’étonner "que les relations entre les associations de personnes handicapées et les pouvoirs publics se soient tendues ces derniers mois au gré de l'adoption de textes régressifs : remise en cause de l'obligation d'accessibilité, vision purement comptable de l'attribution de l'allocation aux adultes handicapés, désengagement de l'Etat de la politique d'emploi des travailleurs handicapés…"
"Trois ans après la première conférence nationale, on ne peut que dresser un triste bilan de l'application des annonces et des promesses qui avaient été faites. La politique nationale du handicap ne parvient pas à sortir la majorité des personnes handicapées de leur statut de "citoyens de seconde zone". Si le handicap fait peut-être moins "peur" aujourd'hui, il n'en reste pas moins que le quotidien des personnes handicapées ne s'est globalement pas amélioré, dénonce le responsable associatif. Au-delà des discours, les éventuelles annonces devront surtout être mises rapidement en œuvre et reposées sur des engagements financiers inscrits dans les prochaines lois de finances (…) Donnons aux personnes handicapées la possibilité de devenir des citoyens à part entière. En cette période pré-électorale, l'enjeu pour le gouvernement n'est pas mince, les personnes handicapées et leurs familles représentant plusieurs millions de personnes".

Evidemment, comme on pouvait s’y attendre, Nicolas Sarkozy s'est livré, en clôture de la deuxième Conférence nationale du handicap, à un "exercice d'autosatisfaction assumée sur l'action du gouvernement, tout en reconnaissant le chemin qui reste à parcourir en matière d'accessibilité ou de qualité de l'accompagnement des enfants handicapés scolarisés. Mais au final, il s'est montré peu disert sur les moyens effectivement mis sur la table pour y parvenir", notent les "Actualités sociales hebdomadaires". Il a annoncé avoir demandé à Roselyne Bachelot et à Marie-Anne Montchamp de "surseoir à la publication" du projet de décret très controversé réformant les modalités d'attribution de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), pour se donner le temps de "clarifier le rôle de chacun" et la possibilité de "valoriser le rôle de chacun des acteurs de terrain". Nicolas Sarkozy s'est, par ailleurs, félicité d'avoir tenu sa promesse d'augmenter l'AAH de 25% en cinq ans, cette revalorisation représentant un "effort total" pour l'Etat de plus de 1,4 milliards d'euros depuis 2007 ; mais l'échéance de 2012 est bien maintenue, a-t-il confirmé. Il a qualifié la mobilisation des pouvoirs publics de "considérable". Il a aussi assuré que cette mobilisation avait "permis que chaque type de handicap soit pris en compte", dans "un projet de société qui offre aux personnes handicapées un projet de vie digne", avec "des moyens de vivre décents". Il a concédé, dans un accès de clairvoyance, que "même avec 25% de plus, l'AAH, c'est pas le confort". On ne peut pas mieux dire !