Hépatite C : et si on luttait vraiment

Publié par jfl-seronet le 02.07.2010
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hépatite C
Le 25 juin dernier, AIDES et Médecins du Monde (MdM) ont demandé que les conclusions du Rapport de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) concernant la réduction des risques chez les personnes usagères de drogues soient débattues publiquement et mises en œuvre au plus vite.

Ce qui est bien avec les interviews et les discours ministériels, c'est qu'ils permettent de conserver des traces d'une pensée politique, d'une vision… parfois d'une promesse. Ainsi, le 15 octobre 2008, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, explique dans une interview à Libération que "la lutte contre les addictions doit être humaniste, mais aussi pragmatique". Deux notions fortes dont l'une frappe l'esprit : le pragmatisme, sans doute parce qu'elle claque comme un désaveu à ce que le gouvernement fait si souvent en matière de drogues : de l'idéologie.


Le 24 juin dernier, l'Inserm a présenté aux associations investies dans la réduction des risques chez les personnes usagères de drogues, une première version de son rapport d'expertise collective justement consacré à cette question. Ce rapport doit être remis dans quelques jours à la ministre de la Santé. Dans un communiqué (25 juin), AIDES et MdM indiquent concernant ce rapport que : "Sur la base d’expertises scientifiques, ses recommandations préconisent la mise en place en urgence d’actions de prévention innovantes. Par exemple, des programmes d’éducation aux risques liés à l’injection ou des Centres d’Injection Sécurisés (CIS)". Pour les deux associations, il appartient désormais "aux acteurs politiques de les mettre rapidement en œuvre". Cet appel au pragmatisme a évidemment ses raisons et dans ce domaine le terme "urgence" est pleinement justifié. En 2008 déjà, Roselyne Bachelot reconnaissait la gravité de la situation comme l'hépatite C puisqu’elle déclarait : "Désormais, c’est le virus de l’hépatite C qui menace les usagers de drogues dans des proportions que vous connaissez tous. Je saurai prendre les mesures qui s’imposent aujourd’hui pour lutter contre le VHC." "L’épidémie d’hépatite C touche massivement les usagers de drogue. Cet usage reste le principal mode de transmission du virus dans notre pays, qui représente chaque année plus de 3 000 nouvelles contaminations. L’hépatite C, c’est aujourd’hui plus de 2 600 décès par an et plus de 220 000 personnes infectées en France, dont 43 % ignorent être porteurs du virus", précisent MdM et AIDES.
Pour ces deux associations, "la réflexion ne doit plus empêcher l’action". Depuis novembre 2006 et la création de la "Commission Addictions" par les pouvoir publics, AIDES et MdM ne cessent de dénoncer "l’ambiguïté de l’attitude gouvernementale". On pourrait même parler d'une certaine paresse et même d'un aveuglement idéologique. Ainsi des rapports et des expertises s’accumulent de façon concordante (il faut des actions innovantes) sans qu’aucune décision politique concrète ne vienne entériner les conclusions de ces études, même l'expérimentation est bridée. On doit une grande partie du blocage actuel à la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies qui bloque toute avancée et, comme le dénoncent les associations, n’a "de cesse de saper tous les efforts déployés par la société civile et les autorités de santé pour faire évoluer le débat national sur la prévention liée à l’usage de drogues."


MdM et AIDES demandent aujourd’hui que ce "rapport soit publié au plus vite et que ses recommandations soient rapidement mises en œuvre." Elles rappellent qu'elles ont su apporter des solutions pragmatiques et efficaces à la lutte contre le SIDA dans les années 80 et 90 avec, par exemple, des programmes d’échange de seringues et la création de centres de soins par la méthadone, idées reprises ensuite par les pouvoirs publics. Aujourd'hui, elles demandent "qu’il n’y ait pas d’entrave à la mise en place de projets tout aussi innovants pour lutter contre l’épidémie d’hépatite virale C." Il est temps que ça change.

Commentaires

Portrait de frabro

La XVIII ème conférence internationale contre le sida (SIDA2010) se tiendra à Vienne du 18 au 23 juillet. "La criminalisation des utilisateurs de drogues illicites alimente l’épidémie de VIH et a eu des retombées essentiellement négatives sur la santé et la société. Nous avons besoin d’une réorientation complète des politiques." est le préambule de la déclaration dont voici ci-dessous l'appel à signature : http://www.ladeclarationdevienne.com/index.html Au delà des avancées nécessaires en France soulignées dans l'article ci-dessus, c'est sur le plan mondial que doit s'organiser la lutte contre les transmissions du VIH et des hépatites virales par l'usage de drogue.
Portrait de maya

près de 30 ans après le début de l'épidémie on réagit ?..".on" est vraiment des nases...
Portrait de ecceomo

Un point sur lequel nous sommes en accord François

La guerre contre la drogue est un désastre

il est possible de faire autre chose

Mobilisons nous :

lisons

transmettons

diffusons

débattons

signons

faisons

signer

parlons

agissons

Pier

Positivement / / De passage avant compostage

Portrait de maya

mais t'y crois encore toi dans ce pays là ou nous voyons ce que nous voyons chaque jour ? j'avoue que j'ai du mal à croire encore en quoi que ce soit 

à signer au cas ou pas encore fait http://www.ladeclarationdevienne.com/

Portrait de derdeder

la, t'es dur, il leur a fallu pres de 10 ans pour lui trouver un petit non, et c'etait dur, y avait l'hepatite A, la, alors comment la nommé, durant plus de plus ils n'arrivait pas a se mettre d'accord, alors pendant ce temps, ils sont restes sur un statu quo, ca sera l'hepatite non a non B, c'est ainsi qu'ils avaient nomme le petit hote qui s'etait installé en moi, alors 30 ans pour reagir c'est cool  Moqueur

maya wrote:
près de 30 ans après le début de l'épidémie on réagit ?..".on" est vraiment des nases...

Portrait de sonia

jfl-seronet wrote:
Aujourd'hui, elles demandent "qu’il n’y ait pas d’entrave à la mise en place de projets tout aussi innovants pour lutter contre l’épidémie d’hépatite virale C." Il est temps que ça change.

Quels sont ces projets innovants? une salle d'injection publique?  

On annonce une bonne et une mauvaise nouvelle en somme, d'une part les usagers de drogues ou produits psycho actifs sont ceux qui se contaminent le moins au vih, de l'autre ils sont paradoxalement plus nombreux à attrapper l'hepatite c !

Cerise sur le gâteau :  une capote sur la seringue lol