Le Fonds mondial touche t-il le fonds ?

Depuis des mois, le professeur Kazatchkine, directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, multiplie les sorties sur les tensions financières que connaît le Fonds mondial, un des acteurs majeurs de la lutte contre le sida et de l'accès aux traitements dans les pays du Sud. Depuis des mois, notamment dans le contexte actuel de crise financière, les difficultés s'accroissent. Envoyé spécial de Libération à l'IAS, le journaliste Eric Favereau a donc demandé au professeur Kazatchkine quelle était la situation actuelle. Elle n'est pas bonne. "Nous nous retrouvons dans une situation de tension extrême. Tous les programmes que nous avons lancés sont financés pour 2009. Mais il va nous manquer trois milliards de dollars pour 2010, pour simplement couvrir les engagements", indique Michel Kazatchkine. Alors comment le Fonds mondial peut-il s'en sortir ?

"En 2009, on devrait y arriver par des règles d’assouplissement de notre trésorerie. Mais c’est la suite qui est lourde d’inquiétudes (… ) Nous manquons de ressources pour répondre aux objectifs que nous nous sommes fixés. Et nous manquons de ressources par rapport aux demandes des pays. Quand nous parlons de demandes, ce ne sont pas des demandes en l’air, cela correspond à des programmes précis, chiffrés, médicalisés et évalués." "Le moment est charnière. Alors que nous avons lancé une dynamique, alors que nous avons commencé à réduire le fossé Nord-Sud - aujourd’hui nous finançons plus de 2,1 millions de traitements antisida dans le monde -, tout l’édifice est fragilisé. Il est à craindre que le fossé Nord-Sud ne s’élargisse de nouveau", indique Michel Kazatchkine qui affirme avoir été très déçu par le déroulement du dernier G8". Un G8 où il n'y a eu aucun mot sur le sida, le paludisme ou la tuberculose.
(source  http://www.liberation.fr)

Crédit photo : Jurvetson