Mayotte : Halde là !

Des enfants qui ne peuvent pas être soignés à Mayotte alors qu'ils le seraient à Paris. Des adultes qui ont des droits en France métropolitaine, mais qui sont "légalement" discriminés à Mayotte. Cela ne choque pas l'administration qui laisse faire depuis des lustres. C'est une inégalité de traitement manifeste pour le pays dont la devise s'enorgueillit pourtant du mot "Egalité". Cette atteinte à la santé publique et au droit à la santé est dénoncée depuis longtemps par les associations, mais les autorités s'en foutent allègrement. Devant cette inertie, les associations (AIDES, Anafé, la Cimade, le Comede, Gisti, la Ligue des droits de l’homme, Médecins du Monde, Mrap, Secours Catholique/Caritas France, etc.) ont décidé de changer de braquet et d'interpeller, il y a maintenant deux ans, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (la Halde). Après deux ans de procédure, la Halde a finalement rendu une délibération… sans ambiguïté. L'organisme officiel valide tous les arguments des associations et recommande la "mise en place au plus vite" d'une Aide médicale d'Etat (AME) équivalente à celle qui existe en France métropolitaine.
Dans sa délibération (1er mars 2010), la Halde dénonce les discriminations et les atteintes graves au droit à la santé à Mayotte, territoire où la législation et les pratiques sont très différentes de celles existant en métropole et dans les départements d'Outre-Mer. La Halde "conclut au bien-fondé des affirmations de discrimination dans l’accès aux soins des étrangers en situation irrégulière et de leurs enfants ainsi que des mineurs étrangers en situation irrégulière ainsi que des mineurs étrangers isolés résidant à Mayotte". En conséquence, elle demande aux autorités "de mettre en place l’AME [aide médicale d'État] ou une couverture médicale équivalente à Mayotte (…) sans attendre la départementalisation" et, étant donnée "la violation manifeste des stipulations de la Convention internationale des droits de l’enfant (…) à ce que les enfants dont les parents se trouvent en situation irrégulière ainsi que les mineurs isolés bénéficient d’une affiliation directe à la sécurité sociale". Bref, c'est le désaveu complet de l'Etat… par lui-même.
Dans l’attente de ces mesures, la Halde demande en urgence "une circulaire à destination du Centre hospitalier de Mayotte et de l’ensemble des structures de soins" permettant un accès effectif aux soins, en particulier pour tous les enfants mineurs et les femmes ayant besoin de soins avant et après la naissance et la grossesse. La situation à Mayotte est particulièrement dramatique alors même que des maladies infectieuses et transmissibles ou liées à la pauvreté y sont présentes. Près d’un tiers de la population est privé de toute protection maladie et, à l’exception de certaines situations d’urgence, de tout accès aux soins. Nombreux sont en outre ceux que les incessantes interpellations dissuadent de se rendre vers un centre de soin.
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Crédit photo : Mwanasimba