Pour nos amis séronégatifs

Publié par jfl-seronet le 25.11.2008
1 122 lectures
Notez l'article : 
0
 
dépistagetest VIH
Connus et pratiqués à l'étranger, parfois, depuis longtemps, les tests de dépistage rapide du VIH sont désormais lancés en France. Plusieurs projets existent et parmi ceux-ci, il y a Com’test à l'initiative de AIDES et de l'Agence nationale de la recherche sur le sida (ANRS). Ce nouveau dispositif de dépistage communautaire du VIH à résultat rapide est d'abord une expérience pilote. Explications.
express.jpg

En France, on dépiste beaucoup, mais mal. En effet, malgré quelques cinq millions de tests réalisés par an, les estimations officielles considèrent qu'environ 36 000 personnes séropositives n'auraient pas connaissance de leur séropositivité et donc ne se feraient pas suivre médicalement. Un autre chiffre montre les limites du dispositif de dépistage actuel : un tiers des personnes diagnostiquées séropositives pour le VIH chaque année sont dépistées à un stade avancé de l'infection. Pour l'ANRS, ce retard au dépistage est d'autant plus préjudiciable "qu'il a été montré qu'un diagnostic et une prise en charge tardifs de l'infection par le VIH sont associés à une surmortalité qui persiste pendant les quatre années qui suivent et donc à une moindre espérance de vie."

Du côté des associations, c'est le cas de AIDES, on dresse un constat complémentaire. Une proportion non négligeable de personnes, notamment parmi les homos ont "recours au dépistage de façon moins répétée qu'elles ne le souhaiteraient, par refus ou crainte d'un discours négatif vis-à-vis de leurs pratiques". Et cela, alors même que certaines estimations font part d'un taux de contamination d'environ 10 % chez les gays dans les grandes villes européennes.

Ce constat, fait par les associations d'une part et les scientifiques d'autre part, a conduit les uns et les autres à réfléchir à de nouvelles offres concernant le dépistage. Comme l'explique l'ANRS, il s'agit donc "d'adapter le dispositif actuel de dépistage à ces différentes évolutions". En gros, l'accès au dépistage doit être plus aisé pour que le diagnostic des personnes nouvellement touchées soit plus précoce et leur prise en charge mise en œuvre plus rapidement. Il doit surtout être plus ciblé. C'est-à-dire s'adapter aux spécificités de tel ou tel groupe. Si on prend l'exemple des gays, on peut voir que le recours au dépistage est beaucoup plus fréquent que dans le reste de la population, que les découvertes récentes de séropositivité (mois de six mois après l'infection) sont aussi plus fréquentes. Pourtant, on sait où le bât blesse avec le dispositif actuel. C'est sur les conseils avant et après le test, le peu de prise en compte de la grande diversité des pratiques de recours au test (le recours répété par exemple) et un temps entre l'infection et la connaissance de sa séropositivité qui est encore très long chez pas mal de gays.


Pour ces raisons, AIDES a imaginé un projet innovant (du moins en France) de dépistage communautaire du VIH à résultat rapide. Il s'agit d'une offre de dépistage non médicalisée faite par l'association au moyen d'un test à résultat rapide et destinée aux gays.

Quelle est la différence par rapport à ce qui existe déjà ?
Aujourd'hui, le test de dépistage proposé en France est réalisé sur prescription médicale au moyen d'une prise de sang effectuée par un professionnel de santé. On ne peut donc le faire, c'est la loi qui le dit, que dans un cabinet médical, un laboratoire d'analyses médicales, à l'hôpital ou dans les consultations de dépistage anonyme et gratuit (les CDAG). Avec cette nouvelle offre, cette forme de dépistage sera proposée par AIDES, par des volontaires de l'association formés pour cela, dans les locaux de l'association au moyen d'un test rapide qui ne nécessite pas l'intervention d'un professionnel de santé. La confidentialité est assurée. Ce dispositif est expérimental et se fait dans le cadre d'un projet de "recherche bio-médicale".


Qu'est-ce que cela veut dire ?
C'est sûr, avec un terme comme ça, cela ne fait pas forcément rêver. Plus sérieusement, cela signifie qu'aujourd'hui la loi ne reconnaît pas le droit à des acteurs non médicaux (infirmier, laborantin, médecin…) de réaliser des tests de dépistage du VIH. AIDES a donc proposé un projet qui est piloté par l'ANRS et réalisé, selon des critères précis, par l'association. Le projet Com'test qui est à la fois une nouvelle offre de dépistage et une étude scientifique est soutenu par le ministère de la Santé.

En quoi consiste le test rapide ?
Le test de dépistage à résultat rapide retenu est un test du laboratoire Biomérieux. Il est réalisé à partir d'une goutte de sang prélevée au bout du doigt. C'est la personne qui passe le test qui fait elle-même le prélèvement. Il est agrée par les autorités sanitaires européennes et françaises.
La réalisation du test se fait de la façon suivante :



Le test à résultat rapide permet de connaître le statut sérologique d'une personne trois mois après la prise de risque. Le résultat est connu en 30 minutes. Si le résultat du test est positif, il est proposé de passer un test de confirmation au moyen d'un test de dépistage conventionnel qui, lui, sera pratiqué par un professionnel de santé.

Ça se passe comment ?

Cela signifie que chaque gay qui souhaite, dans sa ville, avoir recours à ce test rapide sera accueilli à AIDES par un entretien individuel où il sera informé de vive voix et par écrit du dispositif de dépistage (comment ça marche) et de la recherche (qui le fait et pourquoi ?) Une fois informée, la personne donne son accord pour participer et signe son "consentement éclairé". Après, c'est un temps d'échange avant le test rapide, la réalisation du test rapide, un temps d'échange après le test rapide qui accompagne la remise du résultat. Ces trois étapes se déroulent sur environ deux heures.


Com'test : c'est où ? C'est quand ?
Com'test a démarré le 18 novembre à Montpellier. Il sera étendu à Lille en février 2009, Bordeaux en avril 2009 puis Paris en juin 2009.
A Montpellier, l'accueil se fait sans rendez-vous tous les jeudis de 17 h à 20 h et les samedis de 10 h à 14 h. C'est à la délégation départementale de AIDES de l'Hérault (Espace Saint-Charles) avenue Saint-Charles. 34090 Montpellier. Informations au 04 67 34 03 76.
Quelle différence en matière de conseils par rapport au dépistage actuel ?
A priori, cela devrait être le jour et la nuit ! En fait, si cette proposition est faite aujourd'hui par AIDES, c'est bien parce que cette nouvelle offre devrait permettre aux gays d'avoir un accueil adapté à leurs besoins, de pouvoir bénéficier d'une écoute, d'un soutien et de conseils notamment de prévention proposés par des personnes avec lesquelles on peut parler librement de sexualité, poser ses questions sans crainte d'être jugé et évoquer le fait qu'il n'est pas facile de toujours se protéger sans subir une leçon de morale ou un prêche culpabilisant. Rien que ça, ça change déjà beaucoup de ce qui se pratique dans pas mal d'endroits.
Crédit photo : gun4hire