Prisons : Eric Piédoie libre… de se soigner

Publié par jfl-seronet le 19.05.2011
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libération conditionnelle pour soinsincarcération
C’est par un communiqué de presse (16 mai) qu’Act Up-Paris a annoncé la libération d’Éric Piédoie, une personne détenue infectée par le VIH et une hépatite C. Le 13 mai, le tribunal de Grasse a rendu une décision favorable pour sa libération en conditionnelle. Il sera désormais soigné pour son hépatite C à l’hôpital de Nice.
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Dans son communiqué, Act Up-Paris rappelle qu’elle a "toujours soutenu Eric Piédoie, devant le ministère de la Justice, devant le ministère de la Santé ou encore récemment aux "Journées parlementaires prison". L’association se félicite de cette décision. Dès juillet 2010, le médecin de la maison d’arrêt de Grasse avait rédigé un certificat attestant que le "pronostic vital de Mr Piédoie [était] engagé à court terme". Ce diagnostic était confirmé par plusieurs experts. Pourtant, à la surprise de tous et malgré des demandes réitérées de ses avocats, il n’arrive pas à obtenir une suspension de peine pour raisons médicales. Le 4 mars 2011, Act Up-Paris monte au créneau auprès du ministre et de la secrétaire d’Etat à la Santé. Dans un communiqué, l’association rappelle qu’un article de la loi du 4 mars 2002 dispose que : "La suspension [de peine] peut être ordonnée pour les condamnés dont il est établi qu’ils sont atteints d’une pathologie engageant le pronostic vital". L’association dénonce le fait, qu’en dépit de ce cadre légal, "Eric Piédoie, co-infecté VIH et hépatite C, agonise en prison, sans soins pour son hépatite, alors que tous les certificats médicaux attestent de la gravité de son état de santé". Rien ne se passe, malgré les pressions et demandes.
Le 6 mai, Act Up-Paris, une fois encore, monte au créneau pour défendre Eric Piédoie. Cette fois, c’est le Garde des sceaux, Michel Mercier, qui est interpellé à l’occasion des "Journées parlementaires prison". "Depuis des mois, nous alertons sur la situation dramatique d’Eric Piédoie, personne vivant avec le VIH et une hépatite virale, dont l’état de santé est très préoccupant, dénonce l’association. Alors que la loi de 1994 assure l’égalité des soins entre l’intérieur et l’extérieur de la prison, Eric Piédoie n’a pas accès aux soins et aux examens qui pourraient améliorer son état. Tous les certificats médicaux attestent que son pronostic vital est engagé, pourtant il ne bénéficie toujours pas de la suspension de peine pour raisons médicales". Pour Act Up-Paris, cette situation fait de l’Etat un "délinquant". En effet, la loi de 1994 instaure l’égalité sanitaire entre la prison et l’extérieur. Pour l’association, le cas d’Eric Piédoie montre "que l’Etat n’applique pas les lois et ignore les mesures permettant de faire sortir de prison les personnes gravement malades ou grabataires". En quelques mois, grâce à la pression associative, à de nombreux articles de presse, cette affaire apparaît comme un dysfonctionnement flagrant de l’accès aux soins pour les personnes détenues. La position devenait intenable. La justice a finalement décidé une libération conditionnelle pour raisons sanitaires. Il était temps. Dans quelques jours, le site d’Act Up-Paris proposera une interview exclusive d’Eric Piédoie, une occasion pour ce dernier de raconter ses huit mois de procédures, d’ajournements et de reports d’expertises.