Ruptures d’antirétroviraux en France : l’enquête est ouverte

Publié par myriam le 20.04.2010
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anti-rétroviraux
Des pharmaciens qui ne stockeraient pas les médicaments en officine, des laboratoires qui ne produiraient pas assez, des grossistes-répartiteurs qui privilégieraient la vente à l’étranger… Depuis deux ans, les ruptures d’antirétroviraux en pharmacies se multiplient sans que personne n’en assume la responsabilité.

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Les ruptures surviennent souvent avant l’été. Elles sont de plus en plus fréquentes et touchent de plus en plus de départements. En octobre 2008, c’est une rupture de Truvada dans les Pyrénées Orientales qui avait éveillé l’attention des associations ; fin 2009, c’est tout le territoire qui était confronté à une pénurie de Prezista 300mg. Dans un courrier, daté du 22 décembre 2009 et adressé aux infectiologues, aux pharmaciens hospitaliers et aux pharmaciens officinaux, le laboratoire Janssen-Cilag annonçait une rupture de stock de son anti-VIH Prezista 300mg et conseillait les molécules à prescrire pour le remplacer. Des malades qui devaient contacter leur médecin, un numéro vert pour répondre aux inquiétudes… Médecins, pharmaciens, patients : tous étaient mis à contribution pour palier une erreur alors inexpliquée... en attendant la remise à disposition partielle du produit, qui était prévue fin janvier 2010.
 
Dans les pharmacies, c’est le système D


Alors que les pharmacies habituées à fournir des clients en traitements anti-VIH devraient avoir un stock en officine, il semblerait que la grande majorité préfère commander à la demande. Les prix étant élevés, se retrouver avec des traitements invendus représenterait une perte trop importante… Au patient de s’y prendre suffisamment tôt ! Et, jusqu’à présent, la mécanique semblait bien rôdée. Depuis 2008, il faut composer avec les ruptures. Dans les grandes villes, il y a des pharmacies qui se dépannent entre elles ou qui s’associent à plusieurs grossistes (le répartiteur qui achète aux laboratoires et revend aux pharmacies). D’autres renvoient le client vers l’hôpital en espérant que la pharmacie hospitalière dispose de traitements anti-VIH, d’autres encore invitent le patient… à patienter. On sait aussi que certains groupes pharmaceutiques ont mis en place un dispositif de livraison d’urgence des médicaments, sous la pression des associations. Ainsi, Glaxo Smith Kline (qui produit, entre autres, Epivir, Kivexa et Ziagen) et Abbott (qui produit Kaletra et Norvir) sont censés pouvoir répondre à toutes les demandes. Gilead Sciences (Truvada), vient d’annoncer la mise en place d’un dispositif d’urgence pour la fin juin. Mais qu’en est-il des autres laboratoires ? Les pharmacies sont-elles convenablement informées de l’existence de ces procédures ? Savoir prévenir les ruptures d’anti-rétroviraux est une nécessité : si les ruptures de médicaments mobilisent le temps et l’énergie des différents acteurs de la prestation médicale, elles contraignent également à un arrêt du traitement. Une conséquence qui peut se révéler néfaste quand on sait que l’observance est indispensable à un traitement anti-rétroviral efficace.
 
Les responsables s’accusent mutuellement ; le TRT-5 mène l’enquête


Laboratoires, grossistes et pharmacies n’en assumant pas la responsabilité, les causes des ruptures restent mal connues. Le 1er février 2010, pour comprendre ces dysfonctionnements et envisager les mesures qui permettront d’y remédier, le collectif TRT-5 - dont l’association AIDES fait partie - a lancé l’Observatoire sur les ruptures d'anti-rétroviraux en pharmacies. On émet déjà certaines hypothèses. Le prix des médicaments variant selon le pays (d'après une étude de l'Eurostat, publiée en avril 2007, l'Allemagne achèterait les médicaments 28% plus cher que la moyenne européenne; la Pologne, 32% moins cher; et la France, 9% moins cher), il semblerait que les grossistes préfèrent vendre aux pays de l’Union Européenne qui achètent à un prix plus élevé. Les ruptures pourraient aussi être dues à des erreurs logistiques, des failles dans le mécanisme de production et distribution, un mauvais calcul des commandes à venir... Parfois, il est possible qu’une modification des pratiques médicales soit à l’origine de fortes demandes inattendues. Ainsi, la recommandation aux médecins de traiter plus tôt les patients ou de prescrire un médicament précis pourrait surprendre un laboratoire. Enfin, si c’est une recherche de profit qui est à l’origine de ces ruptures, les analyses du TRT-5 permettront de saisir les autorités compétentes et de sanctionner les producteurs et les distributeurs en faute.
 
Appel à témoignages, ça continue... Dans le cadre de l’Observatoire des ruptures d’approvisionnement des pharmacies en anti-rétroviraux, le TRT-5 appelle toutes les personnes touchées à témoigner. Parce que ces situations inadmissibles n’ont pas lieu d’être. Les informations récoltées permettront de localiser les ruptures, de comprendre comment elles sont gérées et d’identifier les responsables afin d’interpeller les services et institutions concernés. Vous avez eu connaissance d’une rupture d’approvisionnement dans une pharmacie de ville / hospitalière ou vous y avez été directement confronté(e) ? Vous n’avez pas pu obtenir dans un délai habituel votre traitement ? Vous avez dû aller dans une autre pharmacie ? Pour apporter votre contribution, remplissez le formulaire en ligne sur le site du TRT-5.

Commentaires

Portrait de lilit88

cela m'est arrivé il y a un mois,plus d'invirase..ah bon,je fais comment ?" :téléphoner au labo ,on va de notre coté "essayer" d'en trouver"m'a dit la pharmacienne gênée(mais elle n'y était pour rien). il se trouve que je suis une angoissée de nature ,et je vais chercher mon traitement d'avance ,j'ai donc eu de quoi tenir les 5 jours de rupture de stock.je me suis sentie bien fragilisée à ce moment là.
Portrait de Trimrûdra

J'utilise Prezista et Truvada ! Le traitement fonctionne bien, puisque je suis passé de 30 000 copies à 200 en un mois et surtout que je n'ai pas d'effets secondaires pour le moment. Je n'ai donc pas envie de perdre ces deux médicaments. C'est angoissant en effet, comme le dit LILIT88 ! Trimrûdra ou l'esprit de vengeance
Portrait de sonia

Ceci n'est qu'une hypothèse, peut être que les labos préfèrent se fournir en Inde ou au Bresil dont les coûts de fabrication sont ridicules...une tentative d'explication de l'origine de ces ruptures, le transport est long, l'omc et les taxes douanières, que c'est long... et surtout trier le bon grain de l'ivraie, faire la différence entre la molécule brevetée et le générique, elle a la couleur de, le goût de mais ce n'est pas du..... Ne soyons pas naïfs, les grossistes sont des commerçants, ils doivent faire du profit !