Suisse et assurances-vie : plus de 50 % des séropositifs sont assurables

Publié par jfl-seronet le 13.04.2013
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Vers la fin de la discrimination des personnes séropositives en matière d’assurances privées ? C’est l’interrogation qui ouvre le communiqué de presse (28 mars) de l’Aide suisse contre le sida. Pourquoi cette interrogation aujourd’hui ?

Pourquoi cette interrogation aujourd’hui ? Parce qu’une étude récente "aboutit à la conclusion que plus de 50 % des personnes vivant avec le VIH pourraient conclure une assurance-vie". "En effet, la plupart des personnes séropositives sous traitement antirétroviral ont une espérance de vie quasi normale. L’exclusion générale de l’assurance-vie appliquée aux séropositifs ne se justifie plus", explique l’Aide suisse.

Discriminations massives

"A l’heure actuelle, les personnes vivant avec le VIH subissent des discriminations massives en matière d’assurances privées. La plupart du temps, une personne séropositive soumettant une demande pour souscrire une assurance-vie se voit opposer un refus catégorique, et ce bien que l’espérance de vie des personnes séropositives ait rejoint celle de la population générale grâce aux médicaments antirétroviraux, constate l’association. On refuse aussi aux séropositifs des assurances-maladie complémentaires ou des assurances individuelles d’indemnités journalières bien que plus de 70 % d’entre eux exercent une activité lucrative et qu’ils ne soient guère plus malades que leurs collègues de travail. Par conséquent, il n’est plus justifié d’exclure en bloc les personnes séropositives de l’assurance-vie et de les priver d’autres prestations d’assurances".

C’est aussi la conclusion d’une étude récente qui a été publiée dans la revue spécialisée "AIDS". "Ses auteurs ont comparé les données de différents pays d’Europe pour ce qui est de l’espérance de vie des séropositifs et celle d’autres personnes ayant conclu une assurance-vie, précise l’Aide suisse contre le sida. Les résultats montrent que la mortalité des personnes séropositives est comparable à celle des personnes souffrant d’autres maladies chroniques, comme par exemple le diabète. Voilà qui rend assurable la vie de plus de 50 pour cent des personnes vivant avec le VIH". Selon cette étude, il n’est évidemment plus justifié "de priver de manière générale les personnes séropositives de certains produits d’assurance. La plupart d’entre elles pourraient se voir offrir des assurances-vie pour une durée de 20 ans. Les auteurs de l’étude vont informer l’industrie des assurances de leurs résultats et espèrent qu’il en découlera une amélioration de la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. Ainsi pour ces dernières, accéder à la propriété individuelle ou fonder une entreprise à soi devient un rêve à portée de main puisqu’il faut généralement pour cela la garantie d’une assurance-vie.

L’Aide Suisse contre le Sida et le Conseil Positif enjoignent "aux assurances de renoncer à leur pratique discriminatoire et de traiter les personnes séropositives comme d’autres groupes de la population qui, aujourd’hui déjà, peuvent conclure des assurances-vie. Ils engagent également les assureurs à réviser leur pratique relative à la conclusion d’assurances d’indemnités journalières et d’assurances-maladie complémentaires.


L’étude publiée dans la revue médicale "AIDS" a estimé la mortalité relative six mois après le début du traitement antirétroviral et l’a comparée avec celle de la population assurée dans chacun des pays des cohortes européennes participant à la "ART Cohort Collaboration". La mortalité relative des personnes ayant entre 20 et 39 ans qui, après six mois de traitement, ont atteint un nombre de CD4 supérieur à 350/mm3 et une charge virale inférieure à 10 000 copies/ml  et qui n’ont aucun diagnostic de sida s’élevait à 459 %. Elle est donc comparable à celle d’autres maladies chroniques nécessitant une médication à vie, tel le diabète. De ce fait, l’influence du VIH sur l’espérance de vie est similaire à celle qu’exerce la fumée. D’après les résultats de cette étude, plus de 50 % des personnes séropositives pourraient souscrire une assurance-vie.