Taxe Robin : ministres et experts disent OUI !

Publié par Emy-seronet le 29.09.2011
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taxe robin des bois
Une journée spéciale et de prestigieux invités qui démontrent l’intérêt et la faisabilité d’une taxe sur les transactions financières : il y a quelques années encore, c’était utopique, mais les temps changent. Ministres, experts financiers et responsables de la lutte contre les inégalités Nord/Sud étaient réunis (14 septembre) au siège parisien de l’UNESCO pour affirmer leur soutien à la mise en place d’un tel projet.
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On en parlait depuis longtemps, elle faisait débat, personne n’osait amorcer la chose, et voici les politiques et experts emballés, militants, presque pressants. Après avoir porté conjointement une proposition en faveur de la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, à Bruxelles,  le 9 septembre dernier, la France et l’Allemagne affirment leur position. "La Commission européenne va présenter une proposition concrète [au G20, à Cannes, en novembre prochain, ndlr]", déclare Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie. "Nous voulons qu’une décision de principe soit prise",  continue Henri de Raincourt, ministre de la Coopération. "Il y a des évidences qui s’imposent", renchérit Jean-Louis Borloo, président du Parti radical.

Les plus sceptiques ont de toute façon eu la bénédiction de l’Autorité des marchés financiers. Son président, l’ancien ministre Jean-Pierre Jouyet, le clame haut et fort : "Il n’y a aucun risque que cette taxe mette à mal l’économie".  Il dénonce "le renoncement des pays anglo-saxons", particulièrement réfractaires à ce projet, explique que "nous avons les moyens" de mettre en œuvre cette taxe et déclare qu’il faut sauter le pas. UNITAID (1) avait commandé une étude au cabinet parisien d’ingénierie financière "99 partners" et, les résultats vont aussi dans ce sens. Le rapport recommande à la France de s’inspirer de la Stamp Duty Tax (2) britannique et de l’étendre à l’ensemble des marchés financiers. Selon les calculs des experts, une micro-taxe française suffirait à soulever 12,5 milliards d’euros par an et la mise en place d’un tel projet au niveau national ne représente "aucun danger" pour l’économie.
Les responsables politiques empruntent donc le pas du député PS Pierre-Alain Muet, le premier qui a plaidé en faveur d’une taxe sur les transactions financières. "C’est très bien d’être lié aux ministres des finances, mais il faut faire attention à ce que la question des finances ne mange pas celle du développement". Le député, et avec lui les militants de la lutte contre le sida, ont des raisons de s’inquiéter : à deux reprises, nos ministres refusent de s’exprimer sur l’affectation du produit de cette taxe. "Parler de l’affectation de cette taxe, ce serait diviser ceux qui la soutiennent", écourte Nathalie Kosciusko-Morizet. "Le premier étage [de notre stratégie, ndlr], c’est la création d’une taxe sur les transactions financières par le plus grand nombre de pays possible. Nous ne voudrions pas polluer ce débat par un deuxième débat sur l’affectation du produit de cette taxe",  justifie Henri de Raincourt.
Au micro, le député allemand Carsten Sieling et la secrétaire d’Etat norvégienne Ingrid Fiskaa marquent le contraste en admettant que leurs pays sont de plus en plus enclins à reverser le produit d’une taxe sur les transactions financières à la lutte contre les inégalités et que "rien ne justifie la non-attribution de cette taxe au développement". Ils semblent avoir compris que la taxe sur les transactions financières dite taxe Robin des Bois, n’a pas été mise au point pour renflouer les caisses de l’Etat en temps de crise (3). A leurs côtés, Philippe Douste-Blazy, secrétaire général adjoint de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et président d’UNITAID, rappelle qu’il s’agit de "financements vitaux" revendiqués par les organisations non gouvernementales et destinés aux pays pauvres.


(1) UNITAID est un organisme international chargé d'acheter des médicaments anti-VIH pour les pays en développement. Il est financé par la taxe de solidarité sur les billets d'avion.
(2) Depuis son instauration, il y a trente ans, la Stamp Duty Tax rapporte chaque année 5 milliards d'euros à la Grande-Bretagne. En suivant le même modèle, l'instauration d'une taxe sur les transactions financières au niveau international permettrait de dégager des centaines de milliards d'euros chaque année.
(3) Oxfam, AIDES et de nombreuses organisations non gouvernementales luttent depuis plus de dix ans pour la mise en place d’une taxe sur les transactions financières qui permettrait de lutter contre les inégalités Nord/Sud en approvisionnant, entre autres, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.