TROD : une semaine à Paris

Publié par Emy-seronet le 04.07.2011
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dépistage communautaire
La semaine précédant la Marche des Fiertés à Paris, AIDES a proposé une semaine d’actions de prévention à destination des gays. Le focus a été mis sur le dépistage à résultat rapide d’orientation diagnostic… Une nouvelle offre de dépistage du VIH dans un cadre hors médical. Emy y était pour Seronet.
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28 juin 2011. La semaine de la santé sexuelle et du dépistage s'achève. Du 21 au 26 juin 2011, dans le 3e arrondissement de Paris, les passants ont pu croiser un minibus aux couleurs de AIDES. A l'extérieur : une quinzaine de militants formés au dépistage communautaire réalisé avec des tests de dépistage à résultat rapide d’orientation diagnostic (TROD). A l'intérieur : tout le matériel nécessaire à cette pratique...
C'est le premier grand événement dédié au dépistage communautaire, aussi appelé TROD à AIDES, depuis la reconnaissance officielle de cette technique par les autorités françaises de santé en novembre 2010. Il n'est plus obligatoire de se rendre dans une structure médicale pour connaître sa sérologie au VIH. Il n'est plus obligatoire de s'adresser à un soignant, de patienter plusieurs jours, d'avoir à revenir pour récupérer son résultat... Après des années de recherche et de pratique expérimentale, notamment grâce aux projets de recherche Com'test et Drag'test, les compétences des militants dans ce domaine sont enfin reconnues. Un à un, les différents territoires d'action (avant, on parlait de délégations) de AIDES se mettent à la pratique du dépistage communautaire. Dans les locaux, ou sur le terrain, l'affluence semble confirmer que cette nouvelle offre était attendue. En témoigne le minibus de la rue Rambuteau.

Après l'inauguration du lundi 20 juin, en présence de Pierre Aidenbaum, maire (PS) du 3e arrondissement, et de ses adjoints, le bus s'est fait une place de choix en plein cœur du Marais. "On a choisi de s'installer ici parce que l'action s'adresse aux gays," souligne Christophe, militant à AIDES Paris. "La prévalence du VIH est particulièrement élevée dans cette population, peut-être encore plus dans la capitale". Prevagay, grande enquête menée auprès des hommes qui fréquentent les lieux de sexe parisiens, par l'INVS (Institut national de veille sanitaire, 2009), a, en effet, révélé que 20% des personnes séropositives ayant répondu à cette enquête ne connaissaient pas leur statut sérologique.

"L'avantage, c'est qu'ici ils rencontrent des personnes qui leur ressemblent : des gays, des bi, des trans, séronegs ou séropos..." explique Khafil, un autre militant du bus. "On peut les accueillir sans préjugés, mais aussi leur apporter un peu de notre propre expérience". Pratiquer cette forme de dépistage, c'est aussi un acte militant. "On parle de transformation sociale ? Cet acte va permettre de démocratiser le dépistage du VIH. C'est aussi ça, être acteur de santé communautaire : rejoindre un mouvement collectif pour répondre aux besoins des personnes et faire changer les choses". Déjà, l'arrivée du bus semble avoir défait quelques blocages. Les organisateurs qualifient l'opération de "véritable succès" et confient qu'ils ne s'attendaient pas à recevoir autant de visites. "Nous avons reçu un super accueil, de la part de la mairie du 3e comme du public", raconte Nicolas. "Dès le premier soir, des personnes faisaient la queue devant le bus. Cela démontre tout l'intérêt de notre présence". "Nous avons rencontré des jeunes de 19, 20 ans, qui ont une vie sexuelle depuis plusieurs années, mais qui faisaient, là, leur tout premier test. Ils auraient peut-être attendu encore plus longtemps pour un dépistage classique", confirme Christophe. "Cependant, nous ne sommes pas des médecins. En cas de résultat positif, la personne est orientée vers une structure médicale pour un test de confirmation".
Sofiane, 25 ans, vient de se faire dépister. Il sort de ce moment "un peu stressant" le sourire aux lèvres. "Ça fait un moment que je voulais le faire. C'est rapide, efficace, et c'est plus humain que dans un centre médical. Quarante-cinq minutes qu'on est ensemble ? J'ai été accompagné du début à la fin !  J'en suis satisfait. C'était vraiment bien".