VIH : des mesures pour l'Outre-mer

Publié par jfl-seronet le 16.11.2009
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L'association Tjenbé Rèd craignait que Nicolas Sarkozy n'oublie la question du VIH et celle de l'homophobie lors de sa présentation des recommandations issues des Etats généraux de l’Outre-mer. Cette présentation qui s'est faite (6 novembre) lors d'un premier conseil ministériel de l’Outre-mer n'a pas fait l'impasse sur ces deux sujets qui sont d'ailleurs liés, mais les propositions ne sont pas non plus une révolution, loin s'en faut.
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Durant ces Etats généraux de l’Outre-mer lancés en février dernier, Tjenbé Rèd (association de lutte contre les racismes, les homophobies et le sida) a rappelé à Nicolas Sarkozy son engagement d’inscrire le sida à l’ordre du jour du conseil ministériel de l’Outre-mer (CIOM). Et il y a de bonnes raisons à cela. En effet, entre 2005 et 2008, le taux annuel de découvertes de séropositivité au VIH a augmenté de 40 % en Outre-mer (contre 16 % dans l’Hexagone), atteignant vingt-huit découvertes pour 100 000 habitants (contre sept pour 100 000 habitants dans l’Hexagone).


La situation est très préoccupante dans certaines régions comme en Guyane. Avec environ 1 400 personnes séropositives sur 209 000 habitants recensés, la Guyane détient un triste record national. "Il y aurait entre 1 300 et 1 400 personnes qui vivent avec le VIH en Guyane", explique Claire Girou, médecin et présidente de AIDES Guyane dans une interview à RFO (2 novembre 2009). "Plusieurs études ont estimé que la proportion de personnes ignorant leur statut VIH était de 20 à 25 % des personnes infectées, soit entre 200 et 300 personnes. Le nombre de cas annuels de sida déclarés a chuté en métropole. En Guyane, malgré une baisse en 2005, il persiste à un niveau élevé. En 2005, on comptait 21 cas pour 100 000 habitants. En France métropolitaine, ce chiffre en 2004 était au maximum de 2 à 8 personnes pour 100 000 dans les régions les plus touchées."

Pourtant, malgré ces données, le VIH n'a été que très peu abordé durant les Etats généraux. "Il y avait quatorze commissions qui ont donné lieu à de nombreux rapports et la question du VIH ne figure que dans un seul rapport celui de la commission sur l'Egalité et les discriminations parce que nous avons fait le lien entre l'homophobie et ses conséquences sur la santé, notamment en matière de VIH", explique David Auerbach Chiffrin, président de Tjenbé Rèd et rapporteur de ce groupe. Au total, environ 840 propositions ont été faites, tous domaines confondus, mais très peu sur la santé. "Il y a beaucoup de tabous sur la santé et particulièrement le VIH, note David Auerbach Chiffrin. J'ai senti comme une volonté de ne pas lever ce tabou, une volonté d'occulter le VIH. Le discours était qu'il ne fallait pas stigmatiser la population en l'associant au VIH."

Alors quels sont aujourd'hui les engagements de l'Etat présentés lors du conseil interministériel ? "Trois mesures transversales annoncées au terme du conseil ministériel de l’Outre-mer évoquent le sida ou la santé", indique Tjenbé Rèd. Il est ainsi prévu que "la prévention et l’éducation à la santé" soient "renforcées avec des campagnes ambitieuses de dépistage et une communication plus opérationnelle en direction des publics cibles, en particulier pour le VIH". Un grand classique, déjà lu dans maints rapports. Il est aussi prévu "d’étendre le pouvoir de substitution des représentants de l’État" pour prendre, "en cas de carence de la collectivité", toute décision liée "à une politique de santé". Cela pourrait permettre de pallier les lacunes locales.


Des lacunes que pointe Claire Girou dans son interview à RFO. "La politique de lutte contre les migrations illégales [en Guyane notamment] ne favorise pas un accès aisé aux soins et façonne trop souvent l’approche de l’épidémie au détriment des considérations de santé publique. En règle générale, l’absence de discours public nourrit le silence et la stigmatisation."


"L’absence d’une prise de parole forte et responsable de la part des élites prive les acteurs de la lutte contre le VIH d’un soutien indispensable. En sortant de ce silence, elles lèveraient de nombreux obstacles qui limitent la portée des actions", note Claire Girou.
La dernière mesure présentée lors du conseil interministériel porte sur la mise en place d'une "étude d’envergure" qui portera "tout particulièrement sur l’état d