VIH : Des "tradipraticiens" s'engagent

Publié par olivier-seronet le 24.06.2010
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En Afrique, la question des rapports entre médecine moderne et médecine traditionnelle a toujours été délicate. Elle devient nettement plus épineuse dès lors qu'il s'agit du traitement du VIH/sida. Les dérapages, les abus de certains tradithérapeutes ou tradipraticiens sont devenus tels que la corporation, elle-même, a décidé de réagir en créant une charte de bonnes pratiques sur le VIH/sida. Explications.

Il ne faut pas s'y tromper la création de la première Charte officielle sur le VIH/sida pour les tradipraticiens de l’Afrique de l’Ouest est un signe fort. D'abord celui d'un engagement responsable dans un domaine majeur de la santé publique en Afrique. C'est également un signal que les tradipraticiens s'adressent à eux-mêmes : le temps des abus, des mensonges et du charlatanisme est révolu. C'est ce qu'ont défendu, début mai, une soixantaine de tradipraticiens venus de dix-sept pays d'Afrique de l'Ouest (Gambie, Sénégal, Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire, Libéria, Burkina Faso, Guinée Conakry et Guinée Bissau, etc.) lors d'une rencontre au Sénégal organisée par une ONG française : Gestu. Cette Charte est structurée en trois parties : des principes, des méthodes de travail et des dispositions concrètes d'application. Dans son article pour le site Africain global news, Ndeye Ngaty Ndoye explique ce que cela signifie concrètement.  Un des articles de la Charte stipule que "Les tradipraticiens doivent dire aux populations qu’il n’existe pas encore de remède contre le VIH/Sida". Contrairement aux pratiques de certains marabouts sans scrupules, les tradipraticiens signataires s'engagent donc à expliquer qu'on ne guérit pas du sida dans l'état des connaissances actuelles (médecin moderne comme savoir-faire ancestraux). Histoire d'enfoncer le clou, l’article 13 de la Charte va plus loin : "Le tradipraticien ne doit pas déclarer pouvoir guérir le sida dans les médias (journaux, radios, télévisions). En revanche, il doit encourager ses clients ou les populations à se rendre dans les centres de dépistage qui sont les seuls à pouvoir détecter le virus du sida."


En fait, la Charte entend stopper les dégâts en matière prise en charge (des personnes adressées trop tardivement aux hôpitaux par exemple) et défendre la complémentarité entre les deux médecines. "Maintenant que nous maîtrisons les manifestations de la maladie, quand les patients, sans cacher leur séropositivité, viennent vers nous se plaindre de fièvre, de douleurs, de diarrhées, d’amaigrissement et surtout de faiblesse, nous leur donnons des calmants, mais aussi, nous les poussons à se rendre à l’hôpital pour un traitement adéquat de la maladie", explique ainsi un des responsables de Gestu qui regroupe plusieurs centaines de tradipraticiens.
Comme on peut l'imaginer un des enjeux du succès de cette initiative est son application concrète sur le terrain. Su ce point, Gestu pense qu'un soutien des autorités sanitaires des Etats est indispensable.

Commentaires

Portrait de sonia

C'est bien d'encadrer les pratiques "alternatives" par une charte, mais pensez vous sérieusement que cet effet empêchera les malades du sida en échec thérapeutique d 'aller chez ces" marabouts"  , tradipraticiens ? Ou que ces "guérisseurs" renverront les candidats aux centres de dépistage ? (surtout que beaucoup refusent l'aiguille et le sang ! cf témoins de jeovah )

 Plus proche chez nous en France, n'avons nous pas rencontré le même problème avec le président d'une association SIDAVENTURE qui affirme détenir le remède du sida à Madagascar ? D'ailleurs l'île malgache est absente de la signature de la charte en question, bizarre non? Je tiens juste à signaler que le site internet sidaventure est toujours actif ainsi que le recrutement pour se soigner du sida en buvant des plantes !