VIH : pour une action de la France plus ambitieuse

Publié par jfl-seronet le 04.01.2012
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conseil national du sida
Piqûre de rappel ! A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, le Conseil national du sida (CNS) a choisi de rappeler ses priorités et ses préconisations. Dans un communiqué, le CNS demande à ce que l’action de la France en matière de lutte contre le VIH/sida soit exemplaire au plan international et national. Cela ne semble manifestement pas le cas.
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Pour le 1er décembre 2001, le mot d’ordre retenu était : "Objectif zéro" en référence aux objectifs choisis par la communauté internationale pour la période 2011-2015 : zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination, zéro décès dû au sida. "Ces objectifs peuvent être atteints si la communauté internationale amplifie considérablement son action en faveur de la prévention, du dépistage et de l’accès aux traitements, condition indispensable pour faire régresser l’épidémie", rappelle le CNS. Le Conseil, présidé par le professeur Willy Rozenbaum, estime que "la France doit pleinement contribuer à la réalisation des objectifs 2011-2015 et reconquérir la position de leader mondial de la lutte contre le VIH/sida qu’elle a longtemps occupée". "Près de huit millions de personnes dans le monde ne bénéficient pas des traitements dont elles ont impérativement besoin et de nombreux pays ne disposent pas des médicaments indispensables aux malades en situation d’échec thérapeutique. La France doit impérativement augmenter son aide publique au développement comme elle s’y est engagée et mettre en œuvre une taxe sur les transactions financières", avance le CNS.

Le problème, c’est que la France doit manifestement faire aussi des efforts sur le plan national. A cet égard, le communiqué de presse de l’institution a tout pour temporiser le satisfecit du ministère de la Santé et du gouvernement qui trouvent exemplaire leur façon de répondre aux enjeux de la lutte contre le VIH en France. Le CNS estime que les "pouvoirs publics doivent davantage promouvoir la prévention et le dépistage, dispositif-clé pour faire diminuer le nombre de nouvelles contaminations et s’assurer d’une meilleure mise en œuvre de son plan national de lutte contre le VIH et les IST 2010-2014, notamment en faveur des populations particulièrement exposées" et réaffirme qu’une "attention particulière doit être portée aux droits des personnes." Il rappelle ainsi que la "mobilisation active contre les discriminations touchant les personnes vivant avec le VIH/sida et les personnes vulnérables demeure une priorité absolue de la lutte contre l’épidémie" et ne peut que constater que "des dispositifs ou des situations d’exclusion ou de discrimination perdurent, et dans certains cas s’aggravent, au détriment de plusieurs catégories de populations, et ce en dépit des avis convergents des experts et de la mobilisation continue de la communauté de lutte contre le VIH/sida".

Bon là, inutile de tourner autour du pot, c’est très clairement le sort fait, sous ce gouvernement, aux étrangers en situation irrégulière, qui pose problème. Ils "demeurent exclus du bénéfice de la couverture maladie universelle, rencontrent de nouveaux obstacles à l’accès à l’aide médicale d’Etat susceptibles de les éloigner davantage des soins et de retarder leur prise en charge", affirme le Conseil. L’organisme qui a régulièrement dénoncé les entorses au droit au séjour pour soins pointe aussi le fait que les "étrangers malades atteints de pathologies graves peuvent se voir opposer de nouvelles conditions restrictives à la délivrance d’un titre de séjour pour raison médicale et se voir réserver le bénéfice d’une clause humanitaire qui renforce l’arbitraire d’une procédure de délivrance du titre de séjour déjà complexe". Le CNS n’est pas plus satisfait du sort réservé aux personnes prostituées qui "sont contraintes à des conditions de vie et d’exercice dégradées, dues à la pénalisation du racolage instaurée en 2003 et à la faiblesse constante des moyens mis en œuvre pour leur accès aux droits, à la prévention et aux soins". Il ne l’est pas davantage de celui des "personnes détenues usagères de drogues [qui] ne bénéficient pas des mêmes dispositifs de réduction des risques infectieux qu’en milieu libre alors que la loi le prévoit et que la population carcérale est très exposée au VIH et aux hépatites". Il ne l’est pas non plus du sort des "usagers de drogues en situation de vulnérabilité [qui] ne disposent pas d’une offre de réduction des risques suffisamment adaptée, étendue et diversifiée et ce dans un contexte de répression, coûteuse, d’un nombre croissant d’usagers simples de drogues illicites".
Bref, on est très loin du tableau d’honneur que les autorités de santé s’auto-délivrent chaque 1er décembre. Le Conseil national du sida rappelle que "les populations les plus discriminées sont celles qui sont les plus exposées aux maladies infectieuses. Notant l’insuffisante prise en compte de ces situations, il demande aux pouvoirs publics de mettre en œuvre des solutions adaptées, condition nécessaire pour changer radicalement le cours de l’épidémie". Il ne reste au CNS qu’à allumer un cierge.