VIH : Sarkozy déçoit…une fois encore

Peut-être Nicolas Sarkozy a-t-il voulu s'éviter les remontrances (même polies) des ONG concernant l'attitude pusillanime de la France en matière d'aide internationale ? Peut-être a-t-il craint de prendre ombrage qu'on lui demande d'être à de la "hauteur" des "enjeux et des attentes d’un tel sommet ? Peut-être… Une chose est sûre, il n'a pas pu entendre l'avis des ONG sur trois points essentiels qui auraient pu et dû être abordés et résolus au sommet du G8, puis du G20 (les deux sommets se déroulent à la suite au même endroit).

Le premier portait sur son engagement à faire aboutir l’objectif d’accès universel à la prévention, aux soins et aux traitements contre le sida d'ici 2010. Une promesse non tenue et un point que même son épouse lui rappelle dans une tribune publiée (26 juin) dans Libération. "Année après année, depuis l’engagement des Nations Unies pour les Objectifs du millénaire pour le développement, d’assurer cet accès universel, les leaders des pays riches se sont hélas montrés incapables de tenir leur promesse", rappellent des associations (AIDES, Coalition Plus, Sidaction, Act Up-Paris…) dans un communiqué commun (25 juin). "Au moment de l’échéance, le bilan est bien trop maigre : seul un tiers des malades ont accès aux antirétroviraux. Nicolas Sarkozy doit traduire en actes ses engagements, et faire tout ce qui est en son pouvoir pour que les difficultés de financements du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, mis à mal par les défections répétées des Etats donateurs, soient résolues au plus vite", argumentent les associations.

Le deuxième point porte sur l'importance des médicaments génériques et la nécessité de faire en sorte qu'ils soient plus faciles à produire. Cet enjeu est d'importance dans un contexte "où des accords de libres échanges entre l'Inde et l'Union Européenne viennent d'être bouclés, et que d'autres accords sur la contrefaçon sont négociés dans la plus grande opacité par les pays industrialisés et le Maroc, Singapour et le Mexique (ACTA) en vue de renforcer les droits des détenteurs de brevets." Pour les ONG,  les accords ACTA et les accords de libre échange entre l'Inde et l'UE vont avoir pour conséquence de rendre plus difficile (ce n'est déjà pas une partie de plaisir) la production de médicaments à bas prix. Les ONG souhaitaient donc rappeler et démontrer à Nicolas Sarkozy "l'importance des médicaments génériques". "Aujourd'hui, les génériques restent le seul instrument en mesure de faire baisser drastiquement les coûts des traitements, en France comme dans le monde. Nous demandons donc à Nicolas Sarkozy de s'opposer à ces accords", indiquent les associations.

Dernier point, les ONG attendent que Nicolas Sarkozy "honore sa récente promesse de faire aboutir le projet de taxe sur les transactions financières destinée à contribuer à financer le développement dans le monde, dont l’accès à la santé." "Ces transactions ont dépassé en 2010 les trois millions de milliards de dollars. Prélever 1/10000ème de ces transactions permettrait de lever 300 milliards de dollars par an (…) Nicolas Sarkozy doit porter un plan de mise en place d’un tel mécanisme. Approuvée par de nombreux chefs d’Etats, et indolore pour l’économie, la taxe peut être mise en place très rapidement. Si le G20 la refuse, elle pourra être mise en place en France et en Europe dès la rentrée. Nous n’accepterons aucune excuse de Nicolas Sarkozy si ce n’est pas le cas", affirment les associations.
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