Act Up-Paris se déchire en interne

Deux communiqués de presse, à moins d’un jour d’intervalle. Lorsque trois anciens membres du conseil d’administration publient, via la liste de diffusion d’Act Up-Paris, un pamphlet contre les nouveaux élus de l’association, par ailleurs pas encore présentés officiellement, le torchon brûle. Rémi Hamaï, Mickael Zénouda et Xavier Cœur-Jolly, respectivement co-président et vice-président avant leur démission, ont publié le jour de l’assemblée générale extraordinaire un texte fort critique à l’égard de la vie interne de l’organisation. Cette assemblée du 31 mars dernier, qui devait renouveler les instances dirigeantes, a vu l’élection de membres très récents dans l’association. Les membres démissionnaires y voient un révélateur des dysfonctionnements actuels de la structure", alors qu’ils indiquent que celle-ci a été mise à mal avec la "transition brutale", après le succès de "120 battements par minute" et l’arrivée de nombreux (jeunes) militants et militantes. Plus grave, selon eux, ils dénoncent l’arrivée d’une nouvelle ligne politique, qui relèguerait le sida au deuxième plan et rapportent des "insultes stratèges et dépréciations gratuites", par certains activistes qui les ont "écœurés au point de démissionner". Bonne ambiance. Ces attaques ont été très mal reçues par le nouveau CA, obligé de répondre à ces allégations en même temps qu’il doit se présenter publiquement. Le lendemain, un autre CP émanant de la nouvelle équipe (1) qui tient à remettre les choses en perspective : "Act Up-Paris réaffirme l’engagement de l’association dans la lutte contre le VIH/sida, sa solidarité avec les personnes vivant avec le VIH/sida et les personnes discriminées. L’ensemble du Conseil d’administration est solidaire des séropos, séronégs, pédés, gouines, biEs, trans, intersexes, queer, hétéros, travailleuSEs du sexe, migrantEs, étrangèrEs, raciséEs, détenuEs, usagèrEs de drogues, handicapéEs, précairEs, jeunEs, vieuxEILLEs". Et de regretter l’atmosphère et les méthodes de l’ancien Conseil d’administration : "Il s’agit là d’une manœuvre destructrice afin de discréditer le processus démocratique qui fonde depuis son commencement Act Up-Paris […]. Nous assistons à une utilisation illégitime et à un détournement des réseaux sociaux de l’association pour propager des fausses nouvelles et de, sciemment, tromper les malades et leurs proches", avance la nouvelle équipe. Et, en nommant directement les coupables, la nouvelle équipe se donne le droit d’engager des poursuites judiciaires, ce qui serait un précédent inédit dans la lutte contre le sida. Peu importe le camp choisi depuis l’affichage public de ces discordes, il n’y aura aucun gagnant pour la structure, plus que jamais dans la tempête.

(1) : ont été élus Fabrice Clouzeau, co-président,  Marc-Antoine Bartoli, co-président, Pierre Dauphin, secrétaire général, David Mohit, co-trésorier (issu du Conseil d’administration démissionnaire) et Drisse Atek, co-trésorier.