Avancées majeures mais insuffisantes contre la tuberculose

13 Novembre 2015
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Des avancées majeures ont été réalisées contre la tuberculose depuis 25 ans, selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais la maladie cause toujours le décès de 4 400 personnes par jour. Et cela, en raison d'un manque d'accès aux soins. La lutte contre cette infection, l'une des principales causes de mortalité sur la planète, a porté ses fruits avec un taux de mortalité annuel réduit de moitié depuis 1990, peut-on lire dans le document de l’OMS publié le 28 octobre dernier. Les interventions médicales avec des outils de diagnostic et des traitements efficaces ont permis de sauver 43 millions de vies depuis quinze ans et l'incidence de la tuberculose a diminué de 18 % sur cette période. "Le rapport montre que la lutte antituberculeuse a eu un impact énorme en termes de vies sauvées et de guérisons", s’est félicitée la Dr Margaret Chan, directrice générale de l'agence onusienne. "Ces progrès sont réconfortants, mais si le monde veut mettre fin à cette épidémie, il faut renforcer les services et, point crucial, investir dans la recherche", a-t-elle insisté. L'objectif de l'Onu de maîtriser la tuberculose a été atteint dans seize des vingt-deux pays qui totalisent 80 % des cas. Pour contrer la tuberculose. "Il faut combler les lacunes dans la détection et le traitement ainsi que le financement insuffisant, et développer de nouveaux médicaments, vaccins et outils diagnostiques pour poursuivre les progrès", expliquent les auteurs du rapport. Le rapport précise également que le nombre de nouveaux cas, 9,6 millions en 2014, a été plus élevé que les années précédentes. "Les progrès accomplis sont loin d'être suffisants", a déploré le Dr Mario Raviglione, directeur du programme mondial de lutte contre la tuberculose à l'OMS. Il note que "l'infection fait encore 4 400 morts par jour, un chiffre inacceptable alors qu'on peut diagnostiquer et guérir quasiment tous les malades". Plus de la moitié des cas de tuberculose se sont déclarés en Chine, en Inde, en Indonésie, au Nigeria et au Pakistan. Et plus d'un tiers des cas (37,5 %) dans le monde n'ont pas été diagnostiqués ou signalés aux autorités sanitaires nationales en 2014, déplore l'OMS. Parmi les nouvelles infections, 3,3 % sont des tuberculoses multi-résistantes aux traitements. Le rapport précise que sur 1,5 million de morts de la tuberculose en 2014, 400 000 étaient également infectés par le VIH, le virus responsable du sida. Le nombre de personnes séropositives à qui on a administré un traitement préventif anti-tuberculeux approchait le million l'an dernier, soit 60 % de plus qu'en 2013. Les lacunes en matière de détection et de traitement sont particulièrement préoccupantes pour les malades atteints de tuberculose multi-résistante, qualifiée "de crise de santé publique" par l'OMS. Sur les 480 000 cas estimés en 2014, seulement un quart ont été diagnostiqués et signalés aux autorités sanitaires et l'OMS estime à seulement 50 % le taux de guérison. La Chine, l'Inde et la Russie sont les trois pays comptant le plus grand nombre de ces tuberculoses multi-résistantes. L'OMS a noté une amélioration en 2014 du nombre de personnes infectées par la tuberculose et le VIH qui prenaient des antirétroviraux, estimé à 77 % du total. Mais ces progrès se heurtent à "une insuffisance majeure de financement, l'une des principales raisons des lacunes dans le dépistage et le traitement", insiste la Dr Winnie Mpanju-Shumbusho, responsable à l'OMS de la lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Ce déficit de fonds s'est chiffré à 1,4 milliard de dollars, sur les huit milliards jugés nécessaires pour espérer venir à bout de cette épidémie d'ici 2030.