Drogues : 200 000 personnes interpellées chaque année

9 Décembre 2021
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Le ministère de l’Intérieur entend toujours communiquer sur son action « contre les drogues », alors qu’il est souvent taxé de faiblesse par les partis d’opposition. Il a donc publié, fin novembre, des données sur le nombre de Français-es interpellés-es chaque année pour usage ou trafic de drogues et le profil des consommateurs-rices. Depuis 2016, chaque année, en France, environ 208 000 personnes sont mises en cause pour consommation et/ou trafic de stupéfiants par les services de gendarmerie et de police. Le dernier rapport du ministère de l’Intérieur (30 novembre) détaille approximativement les motifs d’interpellations : 44 000 personnes ont été interpellées pour trafic, 179 000 pour consommation et 2 000 pour d’autres infractions, précise l’AFP. Dans ce total, 17 000 contrevenants-es ont été arrêtés-es pour trafic et usage, souligne le service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI). Entre 2016 et 2020, la consommation et la vente de drogues concernent près d’une interpellation sur cinq (18 %) par les forces de l’ordre, soit le troisième motif derrière les atteintes aux personnes (35 %) et aux biens sans violence ni menace (27 %). Si le nombre de personnes mises en cause pour usage de stupéfiants a légèrement baissé entre 2016 et 2019 (- 3 %), les arrestations pour trafic ont bondi de 15 % sur la même période, explique le SSMSI. Les infractions constatées pour consommation et trafic ont « logiquement baissé » sur les neuf premiers mois de 2020, en raison du premier confinement dû à la pandémie de Covid-19, avant de rebondir au dernier trimestre (+ 22 % d’usagers-ères mis-es en cause par rapport au dernier trimestre 2019) dans le contexte de l’expérimentation, puis de la généralisation des amendes forfaitaires délictuelles (AFD). Les données permettent également de dessiner le profil de la personne consommatrice et de celle qui trafique : à une écrasante majorité, il s’agit d’hommes (91 %), français neuf fois sur dix et majoritairement âgés de moins de 30 ans (74 %). La majorité des personnes mises en cause pour trafic échappent au jugement, explique l’AFP. Plus de la moitié des personnes mises en cause pour usage (55 %) font l’objet d’une alternative aux poursuites ou d’une composition pénale – mesure qui permet d’éviter un procès lorsque des faits d’une faible gravité sont reconnus par l’auteur-rice – avec une amende à payer sept fois sur dix. En revanche, près d’une personne mise en cause sur six pour trafic (59 %) passe par la case jugement et 80 % environ sont condamnées à de la prison. La France est le pays de l’Union européenne qui compte en proportion le plus de personnes consommatrices, avec 45 % des 15-64 ans qui ont déjà consommé du cannabis au cours de leur vie, contre 27 % dans l’ensemble de l’UE, selon les derniers chiffres de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).