Essai avec du plasma de personnes guéries

16 Avril 2020
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Une nouvelle piste de recherche dans le traitement contre le Covid-19 a été lancée. Elle fait l'objet d'un essai français, baptisé Coviplasm, promu par l'AP-HP et mené en collaboration avec l'Établissement français du sang (EFS), la Sorbonne Université et avec le soutien de l'Inserm, indique Le Quotidien du Médecin. « La collecte du plasma, réalisée par l'EFS, va démarrer le 7 avril, et nous allons inclure les patients sur une semaine à partir du 14 avril pour obtenir des premiers résultats d'ici à fin avril », a indiqué au Quotidien, la professeure Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) et investigatrice principale de l'étude. Les prélèvements vont être réalisés en Île-de-France, dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté, et l'essai clinique se déroulera dans des hôpitaux de l'AP-HP. Cet essai cherche à savoir si la transfusion de plasma de personnes guéries de l'infection Covid-19 à des malades peut améliorer leur pronostic et réduire le risque d'admission en réanimation. Une étude similaire (non contrôlée) a été réalisée en Chine. Elle a porté sur cinq cas et ses résultats ont été publiés, fin mars, dans la revue scientifique Jama. Cette étude a montré que l'administration de plasma issu de personnes guéries de la maladie à des patients intubés et ventilés a été suivie d'une amélioration de leur état clinique grâce au transfert d'anticorps neutralisants dirigés contre le Sars-CoV-2, qui cause l'infection à Covid-19. L'étude française va plus loin en comparant la transfusion de plasma convalescent à une prise en charge standard chez 60 personnes. « Pour l'instant, il n'y a pas d'autres études à grande échelle comme la nôtre », souligne Karine Lacombe. L'EFS va prélever des échantillons de plasma de près de 200 donneurs-euses, le seul critère étant d'être guéri-e depuis au moins 14 jours de l'infection Covid-19, indique le journal médical. Les personnes incluses dans l'essai présentent des symptômes jusqu'à huit jours d'évolution et requièrent une hospitalisation pour cause d'hypoxie (saturation en oxygène inférieure à 94 %). Contrairement à l'essai chinois, les personnes en réanimation, intubées et ventilées, ont été exclues de cet essai. « Notre objectif est d'éviter les passages en réanimation, explique la Pr Lacombe. En revanche, la transfusion de plasma étant une procédure lourde, le but n'est pas de l'utiliser en ambulatoire chez des patients peu graves alors que 80-85 % des cas guérissent en 5-6 jours généralement ». L'essai prévoit de comparer deux groupes : l'un recevra le plasma et les soins standards, le second les soins standards uniquement. On pourra ainsi voir si le plasma fait ou non la différence. Une première administration de plasma se fera à quelques jours du début des symptômes cliniques, la seconde 24 heures plus tard. Des évaluations vont être faites à quatre jours puis à sept jours, 14 jours et 28 jours pour évaluer la tolérance et l'efficacité. « Si les résultats sont positifs, nous aurions alors une solution thérapeutique rapide et sans effets secondaires graves à proposer aux patients », a indiqué la professeur Karine Lacombe, auprès du Quotidien du Médecin. L'essai clinique pourrait alors inclure davantage de personnes. L’essai Coviplasm s'intègre dans la vaste cohorte Corimuno-19, qui regroupe plusieurs essais randomisés contrôlés simultanés afin d'évaluer l'efficacité de différentes stratégies thérapeutiques, et en particulier des immunomodulateurs, chez des personnes hospitalisées pour une infection Covid-19.