HSH et Shigella

L’Institut Pasteur avait alerté, en mars dernier, sur la bactérie Shigella. Cette bactérie cause la shigellose qui est une maladie diarrhéique très contagieuse, dont la transmission est oro-fécale (contact bouche-anus ou rimming/anulingus). Elle touche notamment les HSH. Cette bactérie peut causer dans certains cas des diarrhées persistantes sur plusieurs jours nécessitant un traitement bien adapté (et parfois une hospitalisation pour surveillance et réhydratation), et des mesures de prévention et d’hygiène pour réduire les risques de la transmettre à son tour — au moins une semaine après la disparition des symptômes. Les centres ECDC (centre de contrôle européen des maladies) viennent de mettre en évidence une recrudescence de la maladie en Europe : 300 diagnostics depuis avril. Les principaux pays concernés sont : l’Espagne (plus de 60 cas), l’Irlande (50 cas) l’Allemagne (33 cas), les Pays-Bas (21 cas), la Belgique (16 cas), le Danemark (13 cas). Plus d’une centaine de cas ont été signalés aux États-Unis. Il n’y a pas actuellement de développement de cas en France, mais cela pourrait arriver du fait des déplacements estivaux. Le point de vigilance vient aujourd’hui du fait que des souches hautement résistantes de cette bactérie aux antibiotiques ont été identifiées. Les autorités sanitaires américaines et l'institut Pasteur en France ont annoncé l'identification de souches hautement résistantes de Shigella. Les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HSH) font partie des populations fréquemment touchées par la shigellose et les souches qui circulent actuellement présentent un niveau élevé de résistances aux antibiotiques. En cause notamment, l'utilisation très large d’antibiotiques dans certaines régions du monde ou situations. Ce contexte concernant la Shigella rappelle les enjeux mondiaux autour de la bactériorésistance, pour davantage de recherches et d’innovation sur cette classe de médicaments. Sur le plan individuel, il y a nécessité d'un usage adapté et modéré des antibiotiques, uniquement sur prescription médicale et dans le strict respect des prescriptions (prise du traitement sur la durée indiquée, pas plus, pas moins). L'automédication d'antibiotiques chez certains HSH, population déjà fréquemment exposée aux antibiotiques en raison des IST, pose un vrai problème de bactériorésistance. Il est important pour les personnes qui s'engagent dans un dispositif de DoxyPEP, traitement post exposition à base d'antibiotiques contre certaines IST bactériennes, de le faire sous la supervision d'un-e médecin. Les bactériorésistances sont une priorité de santé publique pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et un enjeu fort de recherche scientifique, pour développer de nouveaux antibiotiques ou de nouvelles stratégies thérapeutiques contre les bactéries résistantes. Les souches de Shigella hautement résistantes aux antibiotiques ont été identifiées pour la première fois en France en 2015, avec un pic en 2021.