La France a son image

24 Août 2023
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Conformément à la loi relative à l’égalité et à la citoyenneté, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) doit rendre compte annuellement au Parlement des actions des éditeurs-rices de services de télévision et de radio en matière de promotion de la diversité sociale et de lutte contre les discriminations ainsi que des actions qu’elle a menées. L’Arcom livre donc chaque année un rapport sur la « représentation de la société française à la télévision et à la radio ». Pour ce faire, l’Arcom établit annuellement, depuis 2009, un « baromètre de la représentation de la société française », outil de mesure qui propose une photographie à un instant donné de la représentation de cette diversité sur les écrans. C’est édifiant ! Le dernier rapport en date, publié en juillet dernier, montre que la représentativité de toutes les composantes de la société est loin d’être idéale, même si, ici ou là, on note de très modestes progrès. Les personnes perçues comme « non-blanches » ont été représentées à hauteur de 15 % à la télévision en 2022 (contre 14 % en 2021). Leur présence sur les chaînes d’information en continu apparaît encore particulièrement faible (9 %) malgré les préconisations de l’Arcom formulées pour l’exercice 2021, note le rapport. La représentation qualitative des personnes vues comme « non-blanches » demeure inégale avec des rôles d’importance, mais à connotation négative, note l’Arcom. En effet, si elles sont plus souvent vues dans des premiers rôles (à hauteur de 8 % contre 5 % pour les personnes perçues comme blanches), elles sont surreprésentées dans les rôles à connotation négative (20 %) et sous-représentées dans les rôles à connotation positive (10 % soit une diminution de 26 points en 2 ans). La part des femmes qui s’expriment à l’écran peine à augmenter sur les antennes au fil des années (39 % des personnes perçues comme s’exprimant à l’antenne). Leur proportion est plus importante sur les chaînes historiques (42 %). La sous-représentation des femmes est encore plus marquée lorsqu’elles cumulent plusieurs critères de discrimination. Parmi les personnes perçues en situation de handicap sur les antennes, seulement 25 % sont des femmes, par exemple ; parmi les 50-64 ans, elles représentent seulement 29 % des personnes indexées. La représentation du handicap atteint pour la première année la barre symbolique de 1 %, une progression toutefois mineure en comparaison du nombre de personnes en situation de handicap en France (2 750 000 de personnes souffrent d'au moins une limitation fonctionnelle). Le handicap est majoritairement représenté dans les fictions (71 %). Par ailleurs, en 2022, il peut être constaté la poursuite d’une forte baisse de la présence des populations ultramarines à l’écran (1 % du total des personnes indexées). Leur présence est portée à 7 % sur les chaînes de France Télévisions qui s’étaient engagées à ce sujet dans le cadre du pacte de visibilité des Outre-mer. Toutefois, elles sont surreprésentées parmi les rôles secondaires, à connotation négative. La télévision donne à voir une image très urbaine de la société avec toutefois des déséquilibres au sein de cet ensemble : les habitants-es des centres-villes historiques y sont très largement représentés (51 %) contrairement à ceux-celles des banlieues (3%). Les habitants-es des villages représentent 15 % des personnes à l’écran (avec une diminution de trois points par rapport à l’année 2021). Cette année marque une progression de la représentation des quartiers périphériques de pavillons et de petits immeubles (30 %). Le profil des personnes indexées diffère selon leur lieu de résidence : les résidents-es des banlieues sont par exemple davantage perçus-es comme « non-blancs-hes » (39 %), et les plus éloignés-es de l’emploi (36 % d’inactifs-ves). La sous-représentation des plus âgés-es et des plus jeunes persiste en 2022 : les plus de 65 ans représentent 6 % des personnes indexées alors même qu’ils-elles constituent la tranche d’âge la plus importante en France (21 %). Une telle sous-représentation s’accentue particulièrement dans les fictions où ils-elles sont représentés-es à hauteur de 3 %. Les plus jeunes sont seulement représentés-es à hauteur de 10 % (24 % de la population française). Les catégories socioprofessionnelles représentées à l’écran ne sont toujours pas le reflet de la réalité : les catégories socioprofessionnelles supérieures (CSP+) sont surreprésentées (74 % contre 28 % de la population française), avec une forte présence dans les émissions d’information en plateau, au détriment des catégories inférieures (CSP-), représentées à hauteur de 11 % (contre 27 % de la population), et des inactifs (16 % contre 45 % de la population). La représentation des personnes en situation de précarité s’améliore à la télévision avec 1,4 % des personnes indexées (0,8 % en 2021). Parmi eux-elles, les femmes sont surreprésentées, ainsi que les plus jeunes. Les personnes en situation de précarité occupent proportionnellement plus de rôles à connotation négative que l’ensemble des personnes indexées.