Le baromètre du sexisme

20 Mars 2022
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Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) a remis au gouvernement, la quatrième édition de son rapport sur l’état des lieux du sexisme en France. Cette nouvelle édition se centre sur les résultats d’un sondage inéditeffectué par l’institut Viavoice sur un échantillon représentatif de 3 000 personnes. C’est sur cette base qu’est constitué le nouveau « Baromètre Sexisme » ; le premier du genre. Il révèle un « décalage constant entre, d’un côté, le vécu du sexisme, persistant, systémique et massif, et la conscience qu’il faut y répondre, quasiment unanime ; et de l’autre l’incapacité à le déceler réellement, notamment lorsqu’il se manifeste au quotidien », explique le HCE. « Près de cinq ans après la première vague #MeToo, l’année 2021 semble être marquée par le déferlement d’une deuxième vague de dénonciations d’actes sexistes », explique un communiqué de l’instance. Selon le Baromètre, 78 % des Françaises ont vécu personnellement un acte sexiste ou ont été destinataires de propos sexistes. Les indicateurs des violences sexistes et sexuelles sont également alarmants : 13 % des femmes ont subi un viol ou une agression sexuelle - taux qui monte à 20 % pour les 18-34 ans. Plus de la moitié (53 %) des Français-es considèrent que les actes et les propos sexistes sont en augmentation, un sentiment validé par la hausse, selon les dernières statistiques, d’un tiers des violences sexuelles. Ces augmentations sont également dues à une sensibilisation croissante de la population, puisque, depuis le mouvement #MeToo, 22 % des Français·es ont pris conscience des inégalités entre les femmes et les hommes. Reste que les Français-es ne se sentent majoritairement pas informés-es sur les lois et sanctions existantes pour lutter contre le sexisme (53 %), et 77 % considèrent que le sexisme reste impuni en France, ce qui explique que la réponse aux violences sexistes et sexuelles passe majoritairement par une stratégie individuelle d’évitement : ainsi, 86 % des Françaises ont déjà mis en place des stratégies d’évitement pour ne pas être victimes d’actes ou propos sexistes. Une des explications de ce dysfonctionnement réside dans le fait que le sexisme n’est pas toujours bien identifié comme tel, puisque, par exemple, 16 % des hommes considèrent encore qu’une femme agressée sexuellement peut, en partie, être responsable de sa situation ; et seul-e un-e Français-e sur deux reconnait les féminicides comme meurtres singuliers d’une femme de par sa condition de femme. Dans le travail, les écarts salariaux continuent de se creuser : les femmes se spécialisent dans des métiers plus précaires, alors même qu’ils sont les plus socialement utiles, exposant les femmes à la pauvreté au travail, note le HCE. Plus d’une femme sur cinq a déjà vécu un écart de salaire avec un collègue homme à poste égal ou compétences égales, une proportion qui s’élève à plus d’un tiers (37 %) pour les cadres. De plus, 74 % des Français-es considèrent que les femmes ne sont pas traitées comme les égales des hommes au travail. Par ailleurs, le sexisme prospère toujours en entreprise : selon le « Baromètre Sexisme », près de la moitié des Françaises (46 %) ont déjà été victimes d’actes ou de propos sexistes au travail. Les femmes renoncent aussi plus souvent à un métier ou une envie professionnelle : cela concerne par exemple une femme sur quatre (27%) dans la catégorie des 25-34 ans.